1932 Le fantôme de Crestwood (the phantom of Crestwood) de J. Walter Ruben avec Ricardo Cortez & Anita Louise | 1934 Furie noire (black fury) de Michael Curtiz avec Paul Muni, William Gargan & Barton MacLane | 1935 L’amour est maître (the healer / Little Pal) de Reginald Barker avec Ralph Bellamy & Mickey Rooney | 1937 Miss Scotland Yard (the girl from Scotland Yard) de Robert G. Vignola avec Robert Baldwin & Jon Hall | ||
Si la politique ne s’en était pas mêlée, la carrière de l’actrice américaine Karen Morley aurait frisé celle des plus grandes stars d’Hollywood. De son vrai nom Mildred Linton, elle naît à Ottumwa aux États-Unis le 12 décembre 1909. Elle étudie la médecine, mais des cours de théâtre la détournent de cette voie pour tenter l’aventure du Septième Art. Bien que brève, sa première apparition sur grand écran, aux côtés de la divine Greta Garbo, ébranle un public qui assiste à une scène de suicide d’une tragique intensité. Ressuscitée, l’actrice retrouve Greta Garbo dans «Mata Hari» (1931) de George Fitzmaurice et multiplie les tournages tout au long de la décennie 1930. Dans «Arsène Lupin» (1931) de Jack Conway, elle obtient le rôle de Sonia, la nouvelle complice du héros, joué par John Barrymore, après le décès de son épouse. «Scarface» (1932) de Howard Hawks, qui s’inspire de la vie d’Al Capone, la convertit en petite amie d’un chef de gang, Poppy, aux côtés de Paul Muni. Peut-être le rôle de sa vie. Aventurière vénale qui extorque de l’argent à des hommes riches et influents dans «Le fantôme de Crestwood» (1932) de J. Walter Ruben, Karen Morley peut aussi endosser les habits de secrétaire du Président dans «Gabriel au-dessus de la Maison Blanche» (1932) de Gregory La Cava.
Mais en dépit de son charme et de sa blondeur, le registre «femme fatale» n’est pas pour elle qui d’ailleurs ne se juge pas jolie. Epouse ingénue et trompée face à la sensuelle Jean Harlow dans «Les invités de huit heures» (1933) de George Cukor, elle aborde, après avoir quitté la puissante MGM, des rôles plus denses, plus ancrés dans les problèmes sociaux que traverse l’Amérique de l’époque. Avec «Notre pain quotidien» (1934) de King Vidor, c’est au retour à la terre qu’elle et son époux, pauvres et chômeurs, vont être confrontés en héritant d’une ferme. «Furie noire» (1934) de Michael Curtiz la plonge dans l’enfer des mineurs. Dans «L’amour est maître» (1935) de Reginald Barker, elle se dévoue pour les enfants atteints de la polio, comme Mickey Rooney, devenus paraplégiques. Et «L’escadrille du diable» (1936) de Erle C. Kenton, la hisse à la tête d’une usine d’aviation, qu’un pilote d’essai sauve de la fermeture.
Les préférences idéologiques de Karen Morley se dessinent. Et font chavirer sa carrière. L’actrice est encore «Miss Scotland Yard» (1937) dans le film éponyme de Robert G. Vignola, avec Robert Baldwin pour partenaire, ou Charlotte Collins dans «Orgueil et préjugés» (1940) de Robert Z. Leonard, auprès de Laurence Olivier et Melville Cooper. Mais fervente militante communiste, mise sur «liste noire», Karen Morley est victime du maccarthysme qui sévit aux Etats-Unis dans le contexte de la guerre froide et fait une chasse sans merci à ceux qui prônent des valeurs de gauche. Ses dernières apparitions cinématographiques sont insignifiantes, comme dans «Samson et Dalila» (1949) de Cecil B. DeMille, et dès le début des années 1950, elle déserte les castings.
Après un mariage avec le réalisateur Charles Vidor, dont elle divorce, elle épouse l’acteur Lloyd Gough, lui aussi traqué par McCarthy, dont elle reste veuve. De ces unions naîtront deux fils. Evincée du cinéma, sans fonction politique, Karen Morley passe ses dernières années en Californie et décède à Los Angeles à l’âge de 93 ans le 8 mars 2003. Elle se voulait actrice capable de tout jouer. Mais sa notoriété n’a pas été assez incisive pour contrer la rouge hostilité d’Hollywood…
© Isabelle MICHEL
1929 | Thru different eyes / Guilty / Public opinion – de John G. Blystone avec Edmund Lowe |
1930 | L’inspiratrice ( inspiration ) de Clarence Brown avec Greta Garbo |
1931 | Je n’aime que toi ( strangers may kiss ) de George Fitzmaurice
avec Norma Shearer
L’aube ( daybreak ) de Jacques Feyder avec Ramon Novarro Never the twain shall meet – de W.S. Van Dyke avec Leslie Howard La pécheresse ( laughing sinners / complete surrender ) de Harry Beaumont avec Clark Gable Election orageuse ( politics / hell bent for election ) de Charles Reisner avec Marie Dressler Le grand enjeu ( high stakes ) de Lowell Sherman avec May Murray La faute de Madeleine Claudet / Sa faute ( the sin of Madelon Claudet / the lullaby ) de Edgar Selwyn avec Helen Hayes Rumba d’amour / Rumba, chanson des îles ( the cuban love song ) de W.S. Van Dyke avec Lupe Velez Mata Hari – de George Fitzmaurice avec Lionel Barrymore Arsène Lupin – de Jack Conway avec John Barrymore |
1932 | Are you listening ? – de Harry Beaumont
avec William Haines
Scarface ( Scarface, the shame of the nation / the shame of a nation ) de Howard Hawks & Richard Rosson avec Paul Muni Man about town – de John Francis Dillon avec Warner Baxter La griffe / Washington mascarade ( Washington masquerade / mad masquerade ) de Charles Brabin avec Nils Asther Le nouveau chauffeur ( downstairs ) de Monta Bell avec John Gilbert Le fantôme de Crestwood ( the phantom of Crestwood ) de J. Walter Ruben avec Ricardo Cortez La maison des supplices / Le masque d’or ( the mask of Fu Manchu ) de Charles Brabin avec Boris Karloff Une femme survint ( flesh ) de John Ford avec Wallace Beery Gabriel au-dessus de la Maison Blanche ( Gabriel over the White House ) de Gregory La Cava avec Walter Huston |
1933 | Les invités de huit heures ( dinner at eight ) de George Cukor
avec Jean Harlow
Le maître du crime ( the crime doctor ) de John S. Robertson avec Otto Kruger |
1934 | Notre pain quotidien ( our daily bread / hell’s crossroads / the miracle of life ) de King Vidor
avec Tom Keene
Straight is the way – de Paul Sloane avec Franchot Tone Le foyer qui s’éteint ( wednesday’s child ) de John S. Robertson avec Edward Arnold Furie noire ( black fury ) de Michael Curtiz avec Paul Muni |
1935 | Dix dollars d’augmentation ( ten dollars raise / the faintheart / Mr. Faintheart ) de George
Marshall avec Edward Everett Horton
L’amour est maître ( the healer / Little Pal ) de Reginald Barker avec Ralph Bellamy Thunder in the night – de George Archainbaud avec Edmund Lowe La fille du rebelle / La petite rebelle ( the littlest rebel ) de David Butler avec Shirley Temple |
1936 | Escadrille du diable ( devil’s squadron ) de Erle C. Kenton
avec Richard Dix
L’ennemie bien-aimée ( beloved enemy ) de H.C. Potter avec Brian Aherne Le paria ( outcast ) de Robert Florey avec Warren William CM Screen snapshots series 16, No. 4 – de Ralph Staub avec Victor MacLaglen Seulement apparition |
1937 | Miss Scotland Yard ( the girl from Scotland Yard ) de Robert G. Vignola
avec Robert Baldwin
Le dernier train de Madrid ( the last train from Madrid ) de James P. Hogan avec Lew Ayres Juste une nuit ( on such a night ) de Ewald André Dupont avec Grant Richards |
1938 | Kentucky – de David Butler avec Loretta Young |
1940 | Orgueil et préjugés ( pride and prejudice ) de Robert Z. Leonard avec Laurence Olivier |
1945 | Jealousy – de Gustav Machatý avec John Loder |
1946 | L’inconnue ( the unknown / the coffin ) de Henry Levin
avec Jim Bannon
Traquée ( framed / Paula / they walk alone ) de Richard Wallace avec Glenn Ford La treizième heure / La 13ème heure ( the thirteenth hour / the 13th hour ) de William Clemens avec Richard Dix |
1949 | Samson et Dalila ( Samson and Delilah ) de Cecil B. DeMille
avec Victor Mature
M. le maudit ( M ) de Joseph Losey avec Raymond Burr |
1952 | Bill le justicier ( born to the saddle / Quarter Horse ) de William Beaudine avec Leif Erickson |