![]() 1924 La galerie des monstres – de Jaque-Catelain avec Lois Moran, Jean Murat, Jaque-Catelain & Lili Samuel | ![]() 1924 L’inhumaine – de Marcel L’Herbier avec Georgette Leblanc, Marcelle Pradot & Philippe Hériat | ![]() 1930 L’enfant de l’amour – de Marcel L’Herbier avec Marie Glory, Jean Angelo, Emmy Lynn & Jean Mercanton | ![]() 1933 Château de rêves – de Géza von Bolváry avec Edith Méra, Lucien Baroux & Danielle Darrieux | ||
![]() |

Cheveux gominés, yeux charbonneux et lèvres peintes, Jaque-Catelain avait le physique un peu précieux des jeunes premiers graciles à la Rudolph Valentino. Né Jacques Maxime Guérin, le 9 février 1897, il voit le jour dans un milieu aisé, qui lui permet de côtoyer des écrivains et des acteurs connus. D’un tempérament artiste, il étudie la musique et la danse, puis décide de se consacrer à la peinture. Puis, peu avant la Grande Guerre, il fait la connaissance de Marcel L’Herbier, une rencontre décisive, qui décide de sa vocation et de sa carrière. Ce dandy portant monocle ne s’intéresse pas encore au cinéma. Il y viendra après la guerre, devenant alors, avec Jean Epstein ou Germaine Dulac, l’un des principaux représentants de l’avant-garde française. L’esthète féru de littérature symboliste et le gandin un peu fin de siècle ne pouvaient que s’entendre. Amants dans la vie, ils ne se quittent pas non plus à l’écran. Devenu l’égérie de Marcel L’Herbier, Jaque-Catelain ne tourne pas moins de vingt-deux films sous sa direction.
Cette collaboration débute par un film de propagande, «Rose-France» (1918) et se poursuit par des films avant-gardistes, comme «El Dorado» (1921) ou «Don Juan et Faust» (1922), dans lesquels les recherches visuelles, flous et autres déformations de l’image, sont censées manifester les émotions des personnages. Toujours sous la conduite de L’Herbier, l’acteur participe aussi à des œuvres plus classiques, où il tient toujours la vedette. Dans «L’homme du large» (1920), il incarne le fils d’un rude marin, interprété, avec sa puissance de jeu habituelle, par Roger Karl. Il est victime d’un chantage dans «Le carnaval des vérités» (1920), avec Suzanne Desprès. En 1924, «L’inhumaine» le fait vraiment accéder au vedettariat. Ce film, dont les décors art déco ont été notamment conçus par le peintre Fernand Léger, les costumes par le célèbre couturier Paul Poiret et la musique par Darius Milhaud, marque un tournant dans l’histoire du cinéma. Dans cette histoire improbable, où l’héroïne (jouée par la cantatrice Georgette Leblanc) est aimée d’un maharadjah et mordue par un serpent, Jaque-Catelain campe un savant un peu fou, qui tente de ressusciter l’«inhumaine» du titre.
D’autres films de Marcel L’herbier confirment la réputation de l’acteur, comme «Le vertige» (1926), où il tient un double rôle ou «Le diable au cœur» (1926). Le parlant venu, Jaque-Catelain continue de tourner avec Marcel L’Herbier, dans «Le bonheur» (1934) ou «Adrienne Lecouvreur» (1938). Mais d’autres réalisateurs le dirigent: Jacques de Baroncelli, («Le rêve» (1931), où il incarne le fils d’un évêque!), Jean de Limur («La garçonne» (1936), d’après le roman sulfureux, pour l’époque, de Victor Margueritte) ou encore Jean Renoir («La Marseillaise» (1938).
Artiste accompli, Jaque-Catelain a plus d’une corde à son arc. Il signe ainsi les décors de «Rose-France» (1918) et assure le montage de «L’homme du large» (1920). Il ne résiste pas non plus à la tentation de passer derrière la caméra. Il tourne ainsi deux films muets, «Le marchand de plaisir» (1923), un sombre mélodrame où il incarne un marchand de gaufres tuant un père tyrannique, puis «La galerie des monstres» (1924), où il campe un artiste de cirque. Auteur d’un livre hommage consacré à son mentor, Marcel L’Herbier, Jaque-Catelain, dont la carrière marque le pas dans les années 40, malgré une brève et infructueuse escale à Hollywood, décède d’un cancer le 5 mars 1965.
© Jean-Pascal LHARDY

1917 | Le torrent – de René Hervil & Louis Mercanton avec Louise Lagrange |
1918 | Rose-France – de Marcel L’Herbier
avec Claude-France Aïssé
+ décors |
1919 | Le bercail – de Marcel L’Herbier avec Marcelle Pradot |
1920 | Le carnaval des vérités – de Marcel L’Herbier
avec Suzanne Desprès
L’homme du large – de Marcel L’Herbier avec Charles Boyer + montage |
1921 | Eldorado / El Dorado – de Marcel L’Herbier
avec Philippe Hériat
Prométhée banquier – de Marcel L’Herbier avec Eve Francis |
1922 | Don Juan et Faust – de Marcel L’Herbier avec Vanni Marcoux |
1923 | Le marchand de plaisirs – de Jaque-Catelain
avec Claire Prélia
Koenigsmark – de Léonce Perret avec Huguette Duflos |
1924 | La galerie des monstres – de Jaque-Catelain
avec Lois Moran
Prix Kinema Junpo du meilleur film artistique aux Prix Kinema Junpo, Japon L’inhumaine – de Marcel L’Herbier avec Georgette Leblanc Le prince charmant – de Victor Tourjansky avec Nathalie Kovanko |
1925 | Le chevalier à la rose ( der rosenkavalier ) de Robert Wiene
avec Paul Hartmann
Feu Mathias Pascal – de Marcel L’Herbier avec Ivan Mosjoukine |
1926 | Le vertige – de Marcel L’Herbier
avec Emmy Lynn
Le diable au cœur – de Marcel L’Herbier avec Betty Balfour |
1927 | L’Occident – de Henri Fescourt
avec Lucien Dalsace
Paname n’est pas Paris ( die Apachen von Paris ) de Nikolai Malikoff avec Olga Limburg |
1929 | La vocation – de Jean Bertin & André Tinchant
avec Rachel Devirys
Nuits de princes – de Marcel L’Herbier avec Gina Manès Le petit pâtissier ( in einer kleinen konditorei ) de Robert Wohlmuth avec Valerie Boothby |
1930 | Le rêve – de Jacques de Baroncelli
avec Simone Genevois
L’enfant de l’amour – de Marcel L’Herbier avec Marie Glory |
1932 | Monsieur de Pourceaugnac – de Gaston Ravel & Tony Lekain
avec Josseline Gaël
Direct au cœur – de Roger Lion & Alexandre Arnaudy avec Suzanne Rissler Seulement opérateur photographie |
1933 | Château de rêves / Un château dans le midi – de Géza von Bolváry avec Danielle Darrieux |
1934 | Le bonheur – de Marcel L’Herbier
avec Gaby Morlay
La route impériale – de Marcel L’Herbier avec Käthe von Nagy |
1936 | La garçonne – de Jean de Limur
avec Marie Bell
Le voleur de femmes – de Abel Gance avec Annie Ducaux La porte du large – de Marcel L’Herbier avec Marcelle Chantal Seulement assistant réalisateur |
1937 | La Marseillaise – de Jean Renoir
avec Lise Delamare
L’escadrille de la chance – de Max de Vaucorbeil avec Lili Damita |
1938 | Adrienne Lecouvreur – de Marcel L’Herbier
avec Yvonne Printemps
Entente cordiale – de Marcel L’Herbier avec Arlette Marchal Terre de feu ( terra di fuoco ) de Marcel L’Herbier & Giorgio Ferroni avec Mireille Balin Seulement assistant réalisateur |
1939 | CM La mode rêvée – de Marcel L’Herbier avec Lisette Lanvin |
1940 | La comédie du bonheur – de Marcel L’Herbier avec Jacqueline Delubac |
1945 | Notre cher amour ( this love of ours ) de William Dieterle avec Merle Oberon |
1946 | Le fil du rasoir ( the razor’s edge ) de Edmund Goulding avec Gene Tierney |
1947 | La révoltée – de Marcel L’Herbier avec Josette Day |
1948 | Les derniers jours de Pompei – de Marcel L’Herbier & Paolo Moffa avec Micheline Presle |
1949 | Amour et compagnie – de Gilles Grangier avec Tilda Thamar |
1955 | French Cancan – de Jean Renoir avec Maria Félix |
1956 | Elena et les hommes – de Jean Renoir avec Ingrid Bergman |
1959 | Le testament du docteur Cordelier – de Jean Renoir avec Jean-Louis Barrault |