![]() 1939 Autant en emporte le vent (gone with the wind) de Victor Fleming avec Clark Gable & Vivien Leigh | ![]() 1943 Un petit coin aux cieux (cabin in the sky) de Vincente Minnelli avec Louis Armstrong & Ethel Waters | ![]() 1946 Duel au soleil (duel in the sun) de King Vidor avec Gregory Peck, Joseph Cotten & Jennifer Jones | ![]() 1986 Mosquito Coast (the Mosquito Coast) de Peter Weir avec Harrison Ford, Helen Mirren & River Phoenix | ||
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Dans l’Hollywood d’avant-guerre, les scénaristes voyaient les Noirs à travers trois visages d’acteurs, ceux de Stepin Fetchit, dadais ahuri à la voix geignarde, Hattie McDaniel, nounou opulente en madras fleuri, et Butterfly McQueen, petite négrillonne à la cervelle d’oiseau, qui, dans «Autant en emporte le vent» (1939) de Victor Fleming, sert Vivien Leigh, et confesse, de sa petite voix stridente, qu’elle ne connaît rien à «l’art de faire naître les bébés». C’est le temps de la ségrégation raciale dans les Etats du Sud et l’époque d’avant Sidney Poitier, où le cinéma américain étale avec une candeur cynique le racisme tranquille que partage une bonne partie de la population. De ces préjugés raciaux, Butterfly McQueen, de son vrai nom Thema McQueen, va souffrir, dans sa carrière, mais aussi dans sa vie, comme tous les acteurs noirs de sa génération.
Elle est née le 7 janvier 1911, à Tampa, en Floride. Butterfly McQueen se dirige d’abord vers la danse et étudie avec la chorégraphe Janet Collins, avant de faire partie de la compagnie de Katherine Dunham, «la reine mère de la danse noire». C’est durant ces années que l’agilité virevoltante de ses mains toujours en mouvement lui vaut le joli surnom de «Butterfly», qu’elle gardera. Puis elle monte sur les planches et débute à Broadway, en 1937, dans «Brown sugar», un spectacle dirigé par George Abbott, dont l’action se déroule à Harlem. On la voit aussi, l’année suivante, dans «What a life», de Clifford Goldsmith, et, à la fin des années 1960, dans des pièces comme «Three men on a horse» de John Cecil Holm et George Abbott ou «The front page», de Ben Hecht et Charles MacArthur, avec Helen Hayes. En 1975, elle incarne la Bonne Fée du Nord dans la fameuse comédie musicale «The wiz».
Au cinéma, Butterfly McQueen reste cantonnée à ces rôles de servante qu’elle finit par haïr. Elle est par exemple la domestique de Ann Dvorak dans «La belle de San Francisco» (1945) de Joseph Kane, avec John Wayne, elle sert la flamboyante Joan Crawford dans «Le roman de Mildred Pierce» (1945) de Michael Curtiz. On l’aperçoit, dans des emplois similaires, dans «Mademoiselle ma femme» (1943), de Vincente Minnelli, ou «Duel au soleil» (1946) de King Vidor. Bien sûr, elle peut trouver un rôle dans «Un petit coin aux cieux» (1942), la très belle comédie musicale que Vincente Minnelli tourne avec des acteurs noirs aussi prestigieux que Ethel Waters, Lena Horne ou Eddie Rochester Anderson. Sans illusion sur ce que peut lui offrir le cinéma, elle quitte pratiquement le grand écran à la fin des années 1940, et se consacre à la radio, où elle participe au feuilleton «Beulah», avant d’apparaître, en 1950, dans sa version télévisée. On la voit aussi dans des séries comme «The green pastures» (1957) avec Eddie Rochester Anderson ou des téléfilms comme «Polly» (1989), tiré de «Pollyana», le roman d’Eleanor H. Porter.
Dans les années 1970, Butterfly McQueen se remet aux études et se voit décerner un diplôme de sciences politiques. Victime, en 1980, d’une agression commise par un agent de sécurité, elle obtient, après des années de procédure, un dédommagement qui lui permet de se retirer dans une modeste maison d’Augusta, en Géorgie. Soucieuse de conserver un strict anonymat, elle reprend son vrai nom et mène une vie très frugale. Le 22 décembre 1995, elle allume un radiateur défectueux, qui enflamme ses vêtements; victime de graves brûlures, elle décède le jour même.
© Jean-Pascal LHARDY

1939 | Femmes ( the women ) de George Cukor
avec Norma Shearer
Autant en emporte le vent ( gone with the wind ) de Victor Fleming avec Clark Gable + chansons |
1940 | Affectionately yours – de Lloyd Bacon avec Ralph Bellamy |
1942 | Un petit coin aux cieux ( cabin in the sky ) de Vincente Minnelli avec Louis Armstrong |
1943 | Mademoiselle ma femme ( I doot it / by hook or by crook ) de Vincente Minnelli avec Red Skelton |
1945 | La belle de San Francisco ( flame of the Barbary Coast ) de Joseph Kane
avec John Wayne
Le roman de Mildred Pierce ( Mildred Pierce ) de Michael Curtiz avec Joan Crawford |
1946 | Duel au soleil ( duel in the sun ) de King Vidor avec Gregory Peck |
1948 | Killer diller – de Josh Binney avec Dusty Fletcher |
1969 | The sphynx – de Lee H. Katzin avec Johnny Weissmuller |
1973 | Amazing Grace – de Stan Lathan avec Moses Gunn |
1986 | Mosquito Coast ( the Mosquito Coast ) de Peter Weir avec Harrison Ford |