![]() 1942 Six destins (tales of Manhattan) de Julien Duvivier avec Paul Robeson, Charles Laughton & Rita Hayworth | ![]() 1942 Un petit coin aux cieux (cabin in the sky) de Vincente Minnelli avec Louis Armstrong & Lena Horne | ![]() 1949 L’héritage de la chair (Pinky) de Elia Kazan avec Jeanne Crain, William Lundigan & Ethel Barrymore | ![]() 1958 Le bruit et la fureur (the sound and the fury) de Martin Ritt avec Yul Brynner, Jack Warden & Joanne Woodward | ||
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Qui n’a pas entendu Ethel Waters chanter «Stormy weather», l’immortelle chanson d’Harold Arlen et Ted Koehler, est passé à côté d’une émotion intense. Cette femme a tous les dons: sens infaillible du tempo, registre large, voix chaude et bien timbrée. Née le 31 octobre 1896 à Chester, en Pennsylvanie, Ethel Waters a une enfance misérable, allant des taudis d’une ville aux bidonvilles d’une autre. Douée naturellement pour le chant et la danse, même si elle n’apprit jamais à lire la musique, et dotée d’un joli «coup de rein» («hip shimmy shake»), elle débute à Baltimore et participe aux tournées d’un spectacle particulier qui, en ces temps de ségrégation, était réservé aux seuls noirs. Puis elle devient membre d’un cirque itinérant, avant de se faire engager dans un club d’Atlanta, où chante déjà Bessie Smith. Pour ne pas lui faire trop d’ombre, elle évite le blues et chante des ballades populaires. Mais sa version raffinée de «St Louis blues», un standard du blues, popularisé par Louis Armstrong, la met au premier plan. Au début des années 20, celle qu’on surnomme «Sweet Mama Stringbean», en raison de sa haute stature et de sa taille fine, se produit dans les boîtes d’Harlem puis, plus tard, au fameux «Cotton Club».
Ethel waters est aussi une des premières artistes noires à enregistrer des disques, d’abord avec Cardinal Records, puis Black Swan, rachetée plus tard par Paramount. À Broadway, aussi on peut l’applaudir dans des musicals «noirs» comme «Africana» (1927), sur une musique de Donald Heyward, «Rhapsody in black» (1931) de Lew Leslie ou encore le célèbre «Cabin in the sky» (1940), mis en scène par George Balanchine, qu’elle reprendra au cinéma. Dans «As thousand cheer» (1933), de Irving Berlin, elle est la première artiste noire à participer à un spectacle joué par des blancs.
Au cinéma, où Ethel Waters débute en 1929, elle interprète la mère du jeune Sammy Davis Jr. qui, dans «Rufus Jones for President» (1933), devient Président des Etats-Unis; elle y chante le fameux standard «Am I blue?», fredonnée de sa voix rauque par Lauren Bacall dans «Le port de l’angoisse» (1944). Dans «Cairo» (1942) de W.S. Van Dyke, elle incarne la domestique de Jeanette MacDonald, que Robert Taylor soupçonne d’être une espionne. En duo avec sa maîtresse, elle chante «Il bacio» et l’air «Chi mi frena», extrait de «Lucia di Lammermoor», de Donizetti. Et puis, c’est l’apogée de sa carrière, avec le film de Vincente Minnelli, «Un petit coin aux cieux» (1942), joué par des acteurs noirs aussi prestigieux que Eddie Rochester Anderson, Lena Horne, Louis Armstrong ou Duke Ellington Elle y incarne Petunia Jackson, femme d’un joueur invétéré et tué dans une rixe, mais ramené à la vie pour faire le bonheur des siens. Ethel Waters y entonne des airs célèbres: outre la chanson qui a donné son titre au film, il y a «Li’l black sheep», «Happiness is a thing called Joe» ou encore «Taking a chance on love».
«L’héritage de la chai » (1949) de Elia Kazan, où elle incarne la grand-mère de Jeanne Crain, lui vaut une nomination aux oscars. Puis, au début des années 50, Ethel Waters se tourne vers la télévision, tournant en vedette la série «Beulah» (1950/51) ou un épisode de «Route 66» (1961). À la même époque, devenue une croyante fervente, elle chante des «negro spirituals» pour le célèbre évangéliste Billy Graham, qu’elle accompagne dans ses tournées. Ethel Waters meurt d’une maladie cardiaque le 1er septembre 1977 à Chatsworth, en Californie.
© Jean-Pascal LHARDY

1929 | Le spectacle continue / La revue en folie ( on with the show ) de Alan Crosland
avec Joe E. Brown
+ chansons |
1933 | CM Rufus Jones for president – de Roy Mack
avec Sammy Davis Jr.
+ chansons |
1934 | Gift of gab – de Karl Freund
avec Edmund Lowe
+ chansons CM Bubbling over – de Leigh Jason avec Hamtree Harrington + chansons |
1939 | CM Let my people live – de Edgar G. Ulmer avec Rex Ingram |
1942 | Six destins / Histoires de Manhattan ( tales of Manhattan ) de Julien Duvivier
avec Rita Hayworth
Cairo – de W.S. Van Dyke avec Robert Young + chansons Un petit coin aux cieux ( cabin in the sky ) de Vincente Minnelli avec Louis Armstrong + chansons |
1943 | Le cabaret des étoiles ( stage door canteen ) de Frank Borzage
avec Jean Hersholt
+ chansons |
1947 | Nouvelle Orléans ( New Orleans ) de Arthur Lubin
avec Louis Armstrong
Seulement chansons |
1949 | L’héritage de la chair / Pinky, la négresse blanche ( Pinky ) de Elia Kazan avec Jeanne Crain |
1952 | L’invitée à la noce ( the member of the wedding ) de Fred Zinnemann
avec Brandon De Wilde
+ chansons |
1956 | Carib gold – de Harold Young
avec Cicely Tyson
+ chansons |
1958 | Cœur rebel ( the heart is a rebel ) de Dick Ross
avec John Milford
Le bruit et la fureur ( the sound and the fury ) de Martin Ritt avec Yul Brynner |
1975 | Hollywood, Hollywood ( that’s entertainment, part II ) de Gene Kelly
avec Fred Astaire
Seulement chansons |