![]() 1931 Pour vivre heureux – de Claudio de la Torre avec Noël-Noël, Pierre Etchepare & Georges Cahuzac | ![]() 1937 Chéri-Bibi – de Léon Mathot avec Pierre Fresnay, Jean-Pierre Aumont, Thomy Bourdelle & Lucien Dalsace | ![]() 1947 Si jeunesse savait – de André Cerf avec Jules Berry, Jean Tissier, Saturnin Fabre & Lucas Gridoux | ![]() 1950 Atoll K. (Utopia) de Léo Joannon avec Stan Laurel, Oliver Hardy, Suzy Delair & Félix Oudart | ||
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À l’écran, Suzet Maïs, née le 31 janvier 1908 à Paris, ne fait pas de cadeaux à ses partenaires. Elle les toise de son œil glacial et, convaincue de leur insignifiance, les pétrifie d’un rictus de mépris. Son visage de bonbon anglais ne l’empêche pas d’aciduler ses personnages et de vinaigrer ses compositions. Avant de se consacrer au cinéma, au début des années 30, elle fréquente les scènes de théâtre, où elle joue les auteurs à la mode, de Steve Passeur («Une vilaine femme», en 1932, mise en scène par Madame Simone), à Paul Nivoix («Le bouillant Achille», en 1949, avec Bourvil), en passant par Bernstein. On la voit aussi dans «La folle de Chaillot» (1965), de Jean Giraudoux, montée par Georges Wilson.
Un de ses rôles les plus emblématiques reste celui d’Anastasie de Restaud, la fille aînée du père Goriot qui, dans le film du même nom que Robert Vernay a tiré, en 1944, du célèbre roman de Balzac, se conduit comme une arriviste et une mondaine sans cœur, qui préfère se pavaner au bras du brillant Maxime de Trailles que de fréquenter la modeste pension Vauquer, où vit son père. Quelques années plus tôt, en 1937, elle a déjà brossé, dans «Claudine à l’école» de Serge de Poligny, d’après Colette, le portrait d’une ambitieuse sans scrupules. Nouvelle institutrice, elle intrigue en effet pour obtenir le renvoi d’une enseignante appréciée par Claudine, Blanchette Brunoy, qu’elle prend un plaisir sadique à blesser. Suzet Maïs aime utiliser les autres pour servir ses desseins. C’est le cas du pauvre Canabol, héros ventripotent du «Martyre de l’obèse» (1931) de Pierre Chenal, à qui elle fait tourner la tête sans perdre la sienne. Chéri Bibi n’est pas plus chanceux qui, dans «Chéri-Bibi» (1937) de Léon Mathot, est dénoncé par sa femme, une Suzet Maïs désireuse de protéger son frère, le véritable assassin. Puis elle retrouve ses silhouettes d’aristocrates collet-monté et de bourgeoises hautaines: c’est la comtesse de Boves qui, dans «Au bonheur des dames» (1943) de André Cayatte, se sert de sa morgue pour jouer les kleptomanes, ou cette Mme Loiseau qui, dans «Boule de suif» (1945) de Christian-Jaque, écrase de son dédain la prostituée patriote inventée par Maupassant. Elle a aussi le temps d’être la fiancée de Charles Trénet dans «Frédérica» (1942) de Jean Boyer. Puis elle donne la réplique au mythique duo formé par les géniaux Stan Laurel et Oliver Hardy, dans leur dernier film, le consternant «Atoll K» (1950) de Léo Joannon.
Dans les années 50, les apparitions de Suzet Maïs à l’écran se font plus épisodiques et les rôles moins étoffés. Dans «La terreur des dames» (1956) de Jean Boyer, tiré d’une nouvelle de Maupassant, elle incarne une fiancée un peu mûre, qui convoite l’argent de son promis, un libraire enrichi, candidat aux élections municipales. L’année suivante, elle doit se contenter de camper une concierge dans «La polka des menottes» de Raoul André, ou une vendeuse de postes de radio dans «C’est arrivé à 36 chandelles» de Henri Diamant-Berger. Alors, après avoir incarné, aux côtés de Sophie Desmarets, une baronne pour rire dans une pochade de Robert Vernay, «Fumée blonde» (1957), elle tourne un dernier film, «Le roi des montagnes» (1962), de Willy Rozier, avec Félix Marten. En 1954, elle enregistre un disque où, de, de sa voix précise et boulevardière, elle égrène quelques «Histoires de Paris» écrites par Francis Blanche, Henri Lande ou par Jules Renard. Et puis, au milieu des années 60, Suzet Maïs quitte la carrière et se réfugie dans une retraite que plus rien ne viendra troubler. Et c’est dans la douceur de l’hiver méridional qu’elle s’éteint à Aix-en-Provence, le 24 janvier 1989, sans doute lassée de déverser son venin sur les écrans.
© Jean-Pascal LHARDY

1929 | Paris la nuit – de Henri Diamant-Berger avec Armand Bernard |
1931 | Amour à l’américaine – de Claude Heymann & Paul Féjos
avec André Luguet
Jean de la lune – de Jean Choux avec René Lefèvre Le martyre de l’obèse – de Pierre Chenal avec André Berley Pour vivre heureux – de Claudio de la Torre avec Noël-Noël |
1932 | Rivaux de la piste – de Serge de Poligny avec Albert Préjean |
1933 | Touchons du bois – de Maurice Champreux avec Jeanne Cheirel |
1936 | Le coupable – de Raymond Bernard avec Pierre Blanchar |
1937 | Chéri-Bibi – de Léon Mathot
avec Pierre Fresnay
Les hommes sans nom – de Jean Vallée avec Constant Rémy Claudine à l’école – de Serge de Poligny avec Max Dearly |
1938 | Le joueur – de Gerhard Lamprecht & Louis Daquin
avec Pierre Blanchar
CM À nous la jeunesse – de Eugene Deslaw avec René Lefèvre |
1939 | Noix de coco – de Jean Boyer avec Michel Simon |
1942 | Frédérica – de Jean Boyer avec Elvire Popesco |
1943 | Au bonheur des dames – de André Cayatte
avec Michel Simon
Domino – de Roger Richebé avec Fernand Gravey |
1944 | Le père Goriot – de Robert Vernay avec Pierre Renoir |
1945 | Boule de suif – de Christian-Jaque avec Micheline Presle |
1947 | Si jeunesse savait – de André Cerf avec Jules Berry |
1950 | Atoll K. ( Utopia / escapade / Robinson Crusoeland ) de Léo Joannon
avec Stan Laurel
Demain nous divorçons – de Louis Cuny avec Jean Desailly |
1952 | Mourrez, nous ferons le reste – de Christian Stengel avec Robert Dalban |
1955 | Marguerite de la nuit – de Claude Autant-Lara
avec Yves Montand
Les indiscrètes – de Raoul André avec Raymond Cordy |
1956 | Quand vient l’amour – de Maurice Cloche
avec Vera Talchi
Sous le ciel de Provence / Quatre pas dans les nuages ( era di venerdi 17 ) de Mario Soldati avec Fernandel La polka des menottes – de Raoul André avec Mischa Auer La terreur de dames / Ce cochon de Morin – de Jean Boyer avec Noël-Noël |
1957 | C’est arrivé à trente-six chandelles – de Henri Diamant-Berger
avec Jane Sourza
Fumée blonde – de Robert Vernay avec Noël Roquevert |
1962 | Le roi des montagnes / Voleurs de femmes – de Willy Rozier avec Félix Marten |