![]() 1953 Les enfants de l’amour – de Léonide Moguy avec Jean-Claude Pascal, Etchika Choureau & Lise Bourdin | ![]() 1954 Interdit de séjour – de Maurice de Canonge avec Claude Laydu, Pierre Destailles & Renaud Mary | ![]() 1957 Trois jours à vivre – de Gilles Grangier avec Lino Ventura, Daniel Gélin, Jeanne Moreau & Aimé Clariond | ![]() 1960 Callaghan remet ça – de Willy Rozier avec Tony Wright, Geneviève Kervine, Jean Lara & André Luguet | ||
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Cheveux bouclés, grands yeux verts et lippe canaille, Joëlle Bernard, née le 14 août 1928, incarne l’une des figures emblématiques du cinéma français, la garce. Un peu comparable à la femme fatale du film noir hollywoodien, elle n’en a pas, cependant, l’aura de mystère ni toujours la fin tragique. L’actrice n’a pas vraiment réussi à percer, car la place était prise par d’autres consœurs plus prestigieuses, comme Viviane Romance ou Ginette Leclerc, à laquelle elle ressemble d’ailleurs beaucoup.
Dès le début de sa carrière, Joëlle Bernard a mauvais genre. Elle campe souvent des entraîneuses, comme dans «Méfiez-vous des blondes» (1950), de André Hunebelle ou des «filles» à l’allure un peu louche, comme dans «Casque d’or» (1951), de Jacques Becker ou «La neige était sale» (1952), de Luis Saslavsky. Durant toute sa carrière, elle doit se contenter de ces rôles modestes. On l’aperçoit, si l’on est attentif, en chanteuse réaliste dans «Quai des orfèvres» (1947), de Henri-Georges Clouzot, et en modeste comédienne de la troupe menée par Louis Jouvet, qui impressionne si fort Danièle Delorme dans «Miquette et sa mère» (1949), du même réalisateur. Elle tire davantage son épingle du jeu dans des films mineurs, comme «Les maîtres-nageurs» (1950), de Henri Lepage, où elle interprète l’une des maîtresses de Henri Vilbert, et incarnant, dans «Les dents longues» (1952), de Daniel Gélin, la femme de Louis Seigner.
Les années passent, mais le regard langoureux et la moue suggestive de Joëlle Bernard continuent à la confiner dans des rôles de «poule» de gangster ou de ce que les bien-pensants appellent des femmes de mauvaise vie. Ainsi, dans «Les enfants de l’amour» (1953), de Léonide Moguy, elle est une fille-mère accueillie dans un refuge destiné à celles que réprouve la morale de l’époque. Puis, dans «Interdit de séjour» (1954), de Maurice de Canonge, elle retrouve son emploi d’entraîneuse à Pigalle, qui plus est sœur d’un truand minable. De fait, son genre interlope s’acclimate bien au «milieu». Elle apparaît, en effet, dans nombre de ces bandes médiocres qui, au tournant des années 50 et 60, se déroulent souvent dans le monde de la drogue, comme «Ces dames préfèrent le mambo» (1957), de Bernard Borderie, ou «Interpol contre X» (1960), de Maurice Boutel. Joëlle Bernard participe encore à quelques «sous James Bond», comme «OSS 117 n’est pas mort» (1956), de Jean Sacha ou «Callaghan remet ça» (1960), de Willy Rozier. Quant aux rôles de prostituées, ils sont un peu sa marque de fabrique. Dans «Le long des trottoirs» (1956), de Léonide Moguy, au titre éloquent, elle «tapine» pour le compte de Roger Fromont. Et du trottoir à la boîte de nuit pour messieurs seuls, il n’y a qu’un pas, que franchit Joëlle Bernard, une fois de plus, dans «Du mouron pour les petits oiseaux» (1962), de Marcel Carné. Même l’aimable Pierre Tchernia ne lui confie pas d’autre rôle dans «Le viager» (1971). D’un bouge à un estaminet, elle ne s’éloigne de ce milieu ni dans «Le bateau d’Emile» (1961), de Denys de La Patellière, où elle tient un bistrot, ni dans «Le gentleman d’Epsom» (1962), de Gilles Grangier, où elle incarne la femme de Franck Villard.
La télévision ne lui apporte pas plus de satisfaction (même son mari, Roger Pigaut, ne sait que lui donner un sempiternel rôle de péripatéticienne dans un téléfilm consacré à Gauguin) sauf, peut-être, un emploi inattendu de religieuse dans «La nuit des lilas» (1973), de Jérôme Habans. Peut-être lassée de son image et d’une carrière sans grand relief, Joëlle Bernard se donne la mort le 23 mars 1977.
© Jean-Pascal LHARDY

1944 | Lunegarde – de Marc Allégret avec Gérard Landry |
1947 | Quai des Orfèvres – de Henri-Georges Clouzot avec Louis Jouvet |
1948 | Aux yeux du souvenir / Souvenir – de Jean Delannoy
avec Jean Marais
CM Les drames du Bois de Boulogne – de Jacques Loew avec Raymond Souplex |
1949 | La belle que voilà – de Jean-Paul Le Chanois
avec Henri Vidal
Miquette et sa mère / Miquette – de Henri-Georges Clouzot avec Bourvil |
1950 | Méfiez-vous des blondes – de André Hunebelle
avec Raymond Rouleau
Les maîtres-nageurs – de Henri Lepage avec Jules Berry Si ça vous chante – de Jacques Loew avec Howard Vernon CM La leçon d’humour dans un parc – de Jacques Loew avec Michel Piccoli |
1951 | Casque d’or – de Jacques Becker
avec Simone Signoret
CM Chassé-croisière – de Pierre Lafond avec Sylvie Pelayo |
1952 | La jeune folle – de Yves Allégret
avec Danièle Delorme
Les dents longues – de Daniel Gélin avec Jean Chevrier Rue de l’Estrapade – de Jacques Becker avec Louis Jourdan Horizons sans fin – de Jean Dréville avec Maurice Ronet La neige était sale – de Luis Saslavsky avec Daniel Ivernel |
1953 | L’esclave – de Yves Ciampi
avec Daniel Gélin
Les enfants de l’amour – de Léonide Moguy avec Jean-Claude Pascal |
1954 | Interdit de séjour – de Maurice de Canonge avec Claude Laydu |
1955 | Sophie et le crime – de Pierre Gaspard-Huit avec Peter van Eyck |
1956 | Le long des trottoirs – de Léonide Moguy
avec François Guérin
O.S.S. 117 n’est pas mort – de Jean Sacha avec Ivan Desny |
1957 | Trois jours à vivre – de Gilles Grangier
avec Lino Ventura
Ces dames préfèrent le mambo – de Bernard Borderie avec Eddie Constantine |
1958 | Prisons de femmes – de Maurice Cloche
avec Jacques Duby
Pêcheur d’Islande – de Pierre Schoendoerffer avec Charles Vanel Les amants de demain – de Marcel Blistène avec Edith Piaf |
1959 | Le sergent X – de Bernard Borderie avec Christian Marquand |
1960 | Interpol contre X – de Maurice Boutel
avec Howard Vernon
Callaghan remet ça – de Willy Rozier avec Tony Wright |
1961 | Le bateau d’Émile / Le homard flambé – de Denys de La Patellière avec Michel Simon |
1962 | Le gentleman d’Epsom / Les grands seigneurs – de Gilles Grangier
avec Jean Gabin
Du mouron pour les petits oiseaux – de Marcel Carné avec Paul Meurisse |
1963 | L’année du bac – de José-André Lacour & Maurice Delbez
avec Jean Desailly
Le journal d’une femme de chambre – de Luis Buñuel avec Jeanne Moreau |
1965 | Angélique et le roi / Angélique et le roy – de Bernard Borderie avec Michèle Mercier |
1966 | Sept hommes et une garce – de Bernard Borderie avec Sydney Chaplin |
1968 | Adélaïde – de Jean-Daniel Simon avec Jean Sorel |
1969 | The adding machine – de Jerome Epstein avec Milo O’Shea |
1970 | L’alliance – de Christian de Chalonge
avec Anna Karina
Ils – de Jean Daniel Simon avec Michel Duchaussoy Comptes à rebours – de Roger Pigaut avec Serge Reggiani |
1971 | Le viager – de Pierre Tchernia avec Michel Serrault |
1972 | CM Six alcooliques en quête d’un médecin – de Gérard Samson avec Henri Poirier |
1974 | Borsalino & Co. – de Jacques Deray avec Alain Delon |
1975 | Le guêpier – de Roger Pigaut
avec Claude Brasseur
Parlez-moi d’amour – de Michel Drach avec Michel Aumont Les conquistadores – de Marco Pauly avec Yves Afonso Remerciements à Jean-Pascal Constantin pour l’acte de décès |