Henri Virlojeux

Né le 22 mars 1924 à Nevers, Henri Virlojeux, Virlogeux pour l’Etat Civil, fait ses études au Petit Séminaire de sa ville natale jusqu’à l’âge de dix-huit ans puis gagne Paris où il suit des études de droit. Parallèlement, outre un poste de surveillant dans un lycée parisien, il suit les cours à l’école de Charles Dullin qu’il lui dit: «Commence tard ta carrière, tu n’auras pas ta tête avant trente ans».

Après un numéro de cabaret qui lui permet de débuter au Crazy Horse, Henri Virlojeux intègre dans les années cinquante la Compagnie Grenier-Hussenot installée au Théâtre Marigny puis le Théâtre National Populaire dirigé par Jean Vilar. Il y rencontre la comédienne Véronique Silver qui devient son épouse en 1954. C’est le début d’une brillante carrière théâtrale où il joue autant le répertoire classique français (Corneille ou Feydeau) et étranger (Shakespeare, Tchekhov ou Ibsen) que des auteurs contemporains (Jean Anouilh, Patrice Chéreau ou Jean-Claude Brisville). Il interprète également des pièces de boulevard comme «Croque-monsieur» (1964) de Marcel Mithois qui consacre Jacqueline Maillan, comédienne qu’il retrouve dans «La cuisse du steward» (1990) de Jean-Michel Ribes. Il est dirigé par des metteurs en scène comme Robert Hossein dans «Six hommes en question» (1963), Jean-Louis Barrault dans «Rabelais» (1968), Jean-Pierre Miquel dans «Oncle Vanya» (1977), Patrice Chéreau dans «Peer Gynt» (1981) ou Giorgo Strehler dans «L’illusion» (1984). Carrière sur les planches ininterrompue récompensée par le Molière du meilleur acteur pour «L’antichambre» de Jean-Claude Brisville avec Suzanne Flon en 1992.

Au cinéma, malgré une cinquantaine de films, Henri Virlojeux est cantonné à des seconds rôles, parcours cinématographique bien terne au regard de ses choix théâtraux. En 1956, il tourne son premier film, «Le septième commandement» de Raymond Bernard avec Edwige Feuillère. Il est aux génériques de films populaires comme «Mélodie en sous-sol» (1962) de Henri Verneuil ou «Le corniaud» (1964) de Gérard Oury, il obtient un rôle plus conséquent dans «Le magot de Josefa» (1963) de Claude Autant-Lara. À la fin de sa carrière, il est dirigé par des cinéastes talentueux tels que Jacques Doillon pour «La tentation d’Isabelle» (1985) où il forme un couple avec Françoise Brion ou Roger Guillot pour «La joie de vivre» (1992) avec un autre monstre sacré de la scène Michel Bouquet.

C’est la télévision qui lui apporte la notoriété, dans un premier temps avec des dramatiques en direct. Puis, il incarne le pape Jean XXII dans «Les rois maudits» (1972) de Claude Barma d’après l’œuvre de Maurice Druon ou interprète Herlock Sholmès, pastiche de Sherlock Holmes dans «Arsène Lupin» (1973) avec Georges Descrières. Il est le principal protagoniste du «Pain noir» (1974) de Serge Moati et apparaît dans plusieurs épisodes des «Cinq dernières minutes». On le retrouve également dans l’adaptation du roman de Jeanne Bourin réalisée par Yannick Andréï, «La chambre des dames» (1983) avec Marina Vlady. Alors qu’il joue la pièce «Maître» (1995) de Thomas Bernhard avec Denise Gence, Henri Virlojeux doit cesser toute activité professionnelle à cause de problèmes de santé et regagne sa ville natale. Il décède des suites de problèmes cardiaques à son domicile parisien le 19 décembre 1995. Son épouse Véronique Silver poursuit sa carrière jusqu’à son décès le 24 juillet 2010. Il est incinéré au crématorium du cimetière parisien du Père-Lachaise.

© Olivier SINQSOUS - Sources Yvan TEUMA