Frances Dee

Frances Marion Dee nait le 26 novembre 1909 (1907 selon certaines sources), à Los Angeles en Californie. Son père, militaire, est bientôt affecté à Chicago où la famille s’installe. Près d’une dizaine d’années plus tard, c’est une nouvelle mutation et un retour sur la côte Pacifique et Los Angeles. Et la jeune Frances Marion, à tout juste dix-huit ans, commence sa carrière artistique comme figurante, aux côtés de Lois Moran mais également de John Wayne lui aussi débutant, dans le film de James Tinling «Words and music» (1929).

En 1930, Frances Dee est la partenaire de Maurice Chevalier, dans «Le petit café», de Ludwig Berger, une des premières comédies musicales du cinéma parlant. Dès lors, la voie du vedettariat est toute tracée pour cette belle brune, au charme délicat et à l’élégance naturelle. Au cours des années suivantes, elle apparaît dans une trentaine de films parmi lesquels: «Une tragédie américaine» (1931), adaptation de l’œuvre de Theodore Dreiser par Joseph von Sternberg, avec Sylvia Sidney et Phillips Holmes; «Les quatre filles du docteur March» (1933) de George Cukor avec Katharine Hepburn; «L’emprise» (1934) de John Cromwell avec Leslie Howard et Bette Davis; «Becky Sharp» (1935) de Rouben Mamoulian avec Miriam Hopkins dans le rôle-titre; «Âmes à la mer» (1937) de Henry Hathaway avec Gary Cooper et George Raft; et «Le roi des gueux» (1938) avec Ronald Colman. Sur le tournage de «The silver cord» (1933) de John Cromwell, elle rencontre Joel McCrea. Ils se marient le 20 octobre 1933 et, de cette union, naîtront trois fils, David, Peter et le futur comédien Jody McCrea. Le couple est réunit dans deux westerns: «Une nation en marche» (1937) de Frank Lloyd et «Four faces West» (1948) de Alfred E. Green. En 1939, France Dee est pressentie, comme tant d’autres, pour interpréter Scarlett O’Hara dans «Autant en emporte le vent», mais David O. Selznick choisit Vivien Leigh encore inconnue aux États-Unis. George Cukor propose alors qu’elle soit Mélanie, l’amie de Scarlet, mais Selznick une nouvelle fois refuse, jugeant que sa beauté est trop similaire à celle de son héroïne et il lui préfère Olivia de Havilland.

Dans les années quarante, Frances Dee tourne moins et privilégie sa vie familiale. Elle apparaît cependant dans «Vaudou» (1943) de Jacques Tourneur avec Tom Conway et dans «Bel Ami» (1947) de Albert Lewin aux cotés de George Sanders. En 1950, Frances retrouve Bette Davis pour «L’ambitieuse» de Curtis Bernhardt. Elle participe encore dans les années cinquante à quatre films dont «Sans ton amour» (1952) de Joseph Pevney avec Loretta Young et Jeff Chandler. Elle s’éloigne ensuite des plateaux pour s’occuper des siens et gérer la très confortable fortune qu’elle a accumulée avec son mari.

On la voit cependant, encore dans quelques productions télévisées ou documentaires où elle a souvent Joel McCrea comme partenaire. Lorsque ce dernier abandonne à son tour sa carrière en 1962, le couple s’occupe de son immense exploitation agricole du ranch «Thousand Oaks» en Californie. Après cinquante-sept ans de mariage, lorsque son mari décède le 20 octobre 1990, emporté par des problèmes pulmonaires, France Dee se rapproche de ses enfants vivant dans le Connecticut. En 1998, un vibrant hommage lui est rendu lors du festival de Tunica, Mississippi, où plusieurs de ses films sont présentés. L’actrice s’éteint le 6 mars 2004, à l’hôpital de Norwalk, des suites d’une thrombose cérébrale.

© Philippe PELLETIER