![]() 1932 Don Quichotte – de Georg Wilhelm Pabst avec Feodor Chaliapine Sr., Arlette Marchal & Mady Berry | ![]() 1937 L’affaire du courrier de Lyon – de Maurice Lehmann & Claude Autant-Lara avec Dita Parlo & Pierre Blanchar | ![]() 1938 Le veau gras – de Serge de Poligny avec Elvire Popesco, André Lefaur, François Périer & Armand Bernard | ![]() 1939 Circonstances atténuantes – de Jean Boyer avec Michel Simon, Arletty, Suzanne Dantès & Robert Arnoux | ||
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Ce qui a sans doute fait la gloire de Dorville, c’est une de ces chansons «idiotes» dont raffolait le public de la Belle Epoque. Il faut l’entendre entonner, dans la revue «Cach’ ton piano» (1921), une rengaine de Maurice Yvain et Albert Willemetz, dans laquelle il dément les bruits qui courent: non, son père n’est pas un cachalot et il n’a jamais eu une otarie pour mère. Sa voix, il la doit à ses origines. En effet, il «est né à Saint-Ouen, ouin ouin». Et d’imiter le cri du phoque! Ce «ouin ouin» a plus fait pour la renommée de Dorville que ses imitations de Dranem ou même son interprétation de la célèbre chanson «Comme de bien entendu», reprise en chœur, avec Michel Simon et Arletty, dans le film de Jean Boyer, «Circonstances atténuantes» (1939).
La casquette vissée sur la tête et l’air goguenard, il y était le type même de ces bistrotiers gouailleurs popularisés par le cinéma français de cette époque. Mais Dorville, né le 1er mars 1883 à Paris, changeait souvent de costume, apparaissant aussi bien en frac et chapeau claque, comme le voulaient les usages, que sous le masque hilare du clown. Car c’est un fantaisiste, plus attiré par le répertoire de Dranem ou de Mayol que par le comique troupier à la Polin. Avec sa bouille rigolarde, qui se fend d’un grand sourire béat, il met toujours le public en joie, aussi bien dans les revues où il figure que dans deux comédies d’Abel Hermant, où, au tournant du siècle, il côtoie Gabrielle Réjane et Lucien Guitry. Sa verve fait aussi merveille dans l’opérette d’Arthur Honegger, «Les aventures du roi Pausole» (1930).
Le cinéma ne pouvait qu’intéresser cet acteur né. Il y débute, dans «Dorville chauffeur» (1930), de Charles de Rochefort, en créant un personnage comique portant son propre nom. Ce court-métrage aurait pu marquer le début d’une carrière à la Charles Chaplin ou à la Buster Keaton, mais les temps étaient passés. Ce qui n’empêche pas le comédien de tenir la vedette dans plusieurs films. On ne s’étonne pas de le voir aborder la comédie de tourlourous: dans «Circulez!» (1931), de Jean de Limur, où il incarne, en effet, un adjudant dont la fille est enlevée et qui se reconvertit dans la police. Et le voilà mécanicien adepte de la dive bouteille, et pilote de course à ses heures, dans «300 à l’heure» (1934), de Willy Rozier. Dorville compose aussi un Sancho Panza mémorable dans le «Don Quichotte» (1932), de Georg Wilhelm Pabst, avec le grand chanteur d’opéra Fedor Chaliapine dans le rôle du Chevalier à la Triste Figure. Mais la faconde de Dorville peut cacher, à l’occasion, de plus noirs desseins. Ainsi, dans «Deux gosses» (1936), de Fernand Rivers, il campe un personnage louche à la Thénardier, qui n’hésite pas à exploiter des enfants. Et c’est en tenancier de bouge, et ex bagnard, qu’il apparaît dans «Le drame de Shanghai» (1938), à nouveau sous la direction de Pabst.
À la fin des années 30, Dorville se contente de rôles plus modestes: le pilier de bar en casquette blanche de «La goualeuse» (1938), de Fernand Rivers, avec Lys Gauty dans son unique rôle notable au cinéma, le braconnier ivrogne du film de Raymond Bernard, «Les otages» (1938), qui traite l’aubergiste de «vendu» et se rit des menaces de Saturnin Fabre, ou encore le père cupide de Janine Darcey de «Cavalcade d’amour» (1939), de Raymond Bernard, avec un Dorville emperruqué. Peu de temps après avoir tourné ce film, le comédien disparaît, le 10 août 1940, à seulement 57 ans.
© Jean-Pascal LHARDY

1910 | CM Athalie – de Michel Carré & Albert Capellani avec Jeanne Delvair |
1916 | Paris pendant la guerre – de Henri Diamant-Berger
avec Camille Bardou
Film en 4 parties – + scénario 1 : Le paradis 2 : Les permissionnaires 3 : Appartement à louer 4 : Gavroche et Flambeau |
1917 | CM Ils y viennent tous au cinéma – de Henri Diamant-Berger avec Mistinguett |
1930 | CM Dorville chauffeur – de Charles de Rochefort
avec Fanny Clair
CM Le mollasson – de ? avec Suzanne Reyna |
1931 | Circulez ! – de Jean de Limur avec Germaine Aussey |
1932 | Don Quichotte – de Georg Wilhelm Pabst avec Feodor Chaliapine Sr. |
1934 | Sans famille – de Marc Allégret
avec Madeleine Guitty
Trois cents à l’heure – de Willy Rozier avec Mona Goya Le billet de mille – de Marc Didier avec Renée Saint-Cyr Gangster malgré lui – de André Hugon avec Georges Milton |
1935 | Pluie d’or – de Willy Rozier avec Josseline Gaël |
1936 | Les deux gosses – de Fernand Rivers
avec Annie Ducaux
Mademoiselle Docteur / Salonique, nid d’espions – de Georg Wilhelm Pabst avec Viviane Romance |
1937 | L’affaire du courrier de Lyon – de Maurice Lehmann & Claude Autant-Lara avec Dita Parlo |
1938 | Le drame de Shanghai – de Georg Wilhelm Pabst
avec Elina Labourdette
La goualeuse – de Fernand Rivers avec Lys Gauty Le dompteur – de Pierre Colombier avec Saturnin Fabre Les otages – de Raymond Bernard avec Annie Vernay Le veau gras – de Serge de Poligny avec Elvire Popesco |
1939 | Entente cordiale – de Marcel L’Herbier
avec Gaby Morlay
Circonstances atténuantes – de Jean Boyer avec Arletty Cavalcade d’amour – de Raymond Bernard avec Janine Darcey L’enfer des anges – de Christian-Jaque avec Louise Carletti |