![]() 1933 Bouboule 1er, roi nègre – de Léon Mathot avec Georges Milton, Simone Deguyse, Victor Vina & Joe Alex | ![]() 1954 Le port du désir – de Edmond T. Greville avec Jean Gabin, Andrée Debar, Henri Vidal & Gaby Basset | ![]() 1971 Eglantine – de Jean-Claude Brialy avec Valentine Tessier, Claude Dauphin & Odile Versois | ![]() 1983 Rue Cases Nègres – de Euzhan Palcy avec Garry Cadenat, Douta Seck, Marie-Jo Descas & Joby Bernabé | ||
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Darling Légitimus naît Marie Berthilde Paruta le 21 novembre 1907, au Carbet, petite commune côtière de la mer des Antilles, à quelques kilomètres de Saint-Pierre de la Martinique complètement anéantie par l’éruption de la Montagne Pelée (1902) mais Marie Berthilde grandit au Venezuela. À l’âge de seize ans elle part à la conquête de Paris et devient l’une des «girls» de Josephine Baker, grande vedette de «La revue nègre» qui fait fureur (1925). Désormais «Miss Darling», elle progresse dans le monde du spectacle et des Arts. Elle pose notamment pour Picasso et le sculpteur Paul Belmondo. Elle fera également une carrière au théâtre. Elle épouse le journaliste Victor Étienne Légitimus, fils d’Hégésippe Jean Légitimus (député guadeloupéen et maire de Pointe-à-Pitre au début du XXème siècle). Mère de cinq enfants elle deviendra la doyenne d’une dynastie d’artistes avec notamment Théo Légitimus, acteur et musicien de jazz, père de Pascal Légitimus, mais aussi Gésip Légitimus, producteur de télévision et co-créateur de Radio France Outre-Mer, Samuel Légitimus, metteur en scène et comédien, et David Légitimus interprète de la Chanson Française.
Côté cinéma, Darling Légitimus débute, avec son fils Théo dans «Bouboule 1er, roi nègre» (1933) de Léon Mathot, où Georges Milton, alias Bouboule, est compromis dans un trafic de diamants entre la France et l’Afrique. Mais les personnages de femmes noires restant rares à l’écran, Darling va mener une carrière cinématographique en pointillé d’une trentaine de films avec, à vrai dire, beaucoup de seconds rôles. Avant guerre, elle fait encore une figuration dans «Les Perles de la couronne» (1937) de Sacha Guitry. Darling retrouve les caméras fin 1945 mais elle ne sort vraiment de l’anonymat qu’en 1950 en devenant Caroline dans «Casimir», une comédie sans prétention de Richard Pottier, avec Fernandel, représentant en aspirateurs. Durant cette décennie, citons encore: «Le salaire de la peur» (1951) de Henri-Georges Clouzot, avec Charles Vanel et Yves Montand, «Le grand jeu» (1953) de Robert Siodmak avec Jean-Claude Pascal dans le rôle d’un légionnaire, et «Les sorcières de Salem» (1957) de Raymond Rouleau avec Simone Signoret. Dans les années soixante, Darling Légitimus tourne notamment un policier avec Eddie Constantine, le Lemmy Caution de «Comment qu’elle est!» (1960) de Bernard Borderie, et un film fantastique de Jacques Baratier «La poupée» (1962) avec Daniel Emilfork. Elle est aussi dirigée par Louis Malle et Michel Audiard tandis que les téléspectateurs la découvrent dans l’adaptation par Jean-Christophe Averty du roman emblématique de Harriet Beecher Stowe, «La case de l’oncle Tom» (1963). Puis la comédienne apparaît dans des films aussi différents que «Églantine» (1971) avec Valentine Tessier, et «Le dernier tango à Paris» (1972) où elle interprète une concierge. En 1978, elle joue une Antillaise exploitée par un odieux propriétaire parisien dans «Ô Madiana» de Constant Gros-Dubois.
En 1983, la comédienne reçoit enfin un prix à Venise grâce à son interprétation magnifique d’une grand-mère dans un village antillais des années 1930, pour le film «Rue Case Nègres» de la Martiniquaise Euzhan Palcy. Ce sera néanmoins la dernière apparition de Darling Légitimus à l’écran. Et lorsqu’elle décède au Kremlin-Bicêtre, en région parisienne, le 7 décembre 1999, elle est oubliée par la profession. Et pourtant il en aura fallu du courage et de la ténacité à cette grande Dame antillaise, née quatre-vingt douze ans plus tôt, pour faire son chemin dans le monde du spectacle.
© Caroline HANOTTE - Remerciements à Diana LÉGITIMUS

1933 | Bouboule 1er, roi nègre – de Léon Mathot avec Georges Milton |
1937 | Les perles de la couronne – de Sacha Guitry & Christian-Jaque avec Claude Dauphin |
1945 | Un ami viendra ce soir… – de Raymond Bernard avec Paul Bernard |
1946 | Les trois cousines – de Jacques Daniel-Norman
avec Roland Armontel
Le bateau à soupe – de Maurice Gleize avec Charles Vanel |
1950 | Casimir – de Richard Pottier avec Fernandel |
1951 | Le salaire de la peur – de Henri-Georges Clouzot avec Yves Montand |
1952 | Le chemin de Damas – de Max Glass
avec Michel Simon
Tourbillon – de Alfred Rode avec Jean Servais |
1953 | Le grand jeu ( il grande gioco / card of fate / flesh and the woman ) de Robert Siodmak avec Peter van Eyck |
1954 | Napoléon – de Sacha Guitry
avec Orson Welles
Le port du désir – de Edmond T. Greville avec Jean Gabin |
1955 | Un missionnaire – de Maurice Cloche avec Albert Préjean |
1957 | Les sorcières de Salem – de Raymond Rouleau avec Simone Signoret |
1960 | Comment qu’elle est ! – de Bernard Borderie avec Eddie Constantine |
1962 | La poupée – de Jacques Baratier avec Zbignew Cibulski |
1963 | Le feu follet – de Louis Malle avec Maurice Ronet |
1969 | Le cri du cormoran, le soir au-dessus des jonques – de Michel Audiard avec Paul Meurisse |
1970 | Boulevard du rhum – de Robert Enrico avec Lino Ventura |
1971 | Eglantine – de Jean-Claude Brialy avec Valentine Tessier |
1972 | Le dernier tango à Paris ( ultimo tango a Parigi / last tango in Paris ) de Bernardo Bertolucci avec Marlon Brando |
1973 | La dernière bourrée à Paris – de Raoul André avec Francis Blanche |
1975 | Les vécés étaient fermés de l’intérieur – de Patrice Leconte avec Jean Rochefort |
1978 | Ô Madiana – de Constant Gros-Dubois avec Benjamin Jules-Rosette |
1979 | 5% de risque / Cinq pour cent de risque – de Jean Pourtalé
avec Bruno Ganz
La bande du Rex – de Jean-Henri Meunier avec Jacques Higelin |
1983 | Rue Cases Nègres – de Euzhan Palcy
avec Garry Cadenat
Coupe Volpi de la meilleure actrice au festival du cinéma de Venise, Italie |