Thierry Ardisson

Né le 6 janvier 1949 à Bourganeuf dans la Creuse, Thierry Ardisson grandit à Montpellier, dans une famille bourgeoise. Après un passage au lycée Joffre, il s’installe à Paris au début des années 1970, bien décidé à se faire une place dans le monde de la publicité et des médias. C’est dans la communication qu’il fait ses premières armes. Jeune créatif chez BBDO, il invente des slogans qui marquent: «Lapeyre, y’en a pas deux», ou encore «Danette, on se lève tous pour Danette». Dans ces années-là, Ardisson affine un style percutant, provocateur, déjà empreint de ce goût pour le bon mot et l’ironie mordante. Il entame une carrière parallèle dans la presse. Il collabore notamment à «Façade et Interview», et fonde même son propre magazine, «Entrevue», en 1992. Mais c’est dans la télévision que Thierry Ardisson s’apprête à laisser son empreinte la plus durable.

Son arrivée sur Antenne 2 avec Scoop à la une marque le début d’une carrière audiovisuelle singulière. Rapidement, Thierry Ardisson impose son ton, son look noir et son sens du spectacle. Mais c’est avec «Bains de minuit», en 1987 sur FR3, qu’il explose réellement: des interviews décalées dans une boîte de nuit parisienne, entouré de célébrités, de musique et d’humour noir. Canal+ lui ouvre ses portes avec «Télévisionnaire» puis «Lunettes noires pour nuits blanches», émission culte des années 90. Ardisson y peaufine ses interviews tranchantes, souvent osées, et crée un genre télévisuel hybride mêlant talk-show, happening et culture pop. En 1992, il est pourtant écarté de la chaîne pour «excès de liberté». C’est sur Paris Première qu’il rebondit avec «Rive droite/Rive gauche», émission où se croisent politiques, artistes et chroniqueurs. Il impose un ton faussement léger, cultivant la transgression dans un cadre bourgeois. Thierry Ardisson devient un emblème du débat chic et choc.

Sur France 2, «Tout le monde en parle» devient le rendez-vous incontournable. Thierry Ardisson y reçoit le tout-Paris médiatique et politique, dans un style incisif, parfois dérangeant, toujours audacieux. Ses «interviews en noir», précurseurs de nombreux formats modernes, font date. L’émission est arrêtée en 2006, mais elle marque une époque. En parallèle de son rôle d’animateur, il devient un producteur influent. À travers sa société Ardimages, il développe des formats innovants: «Salut les Terriens!» sur Canal+ puis C8, ou encore «Les Terriens du dimanche». Il invente un ton télévisuel, mélange de culture, d’humour noir et de punchlines. En 2022, il signe «Hôtel du Temps», une émission où il «ressuscite» des personnalités grâce aux technologies numériques, poursuivant son obsession pour la mémoire, la célébrité et le temps qui passe. Il s’intéresse également à la fiction avec des projets de séries et de documentaires.

Thierry Ardisson a également touché un peu au cinéma en faisant quelques apparitions, notamment dans «Les clefs de bagnole» (2002) de son ami Laurent Baffie, dans des documentaires et plusieurs émissions de télévision. Il participe à la production de huit films au sujet très différent, entre 2012 et 2017, parmi lesquels: «Max» (2012) de Stéphanie Murat, «Les souvenirs» (2014) de Jean-Paul Rouve, «Il a déjà tes yeux» (2015) de Lucien Jean-Baptiste, ou «Ma fille» (2017) de Naidra Ayadi. L’homme en noir, figure inclassable du paysage audiovisuel français, s’éteint à l’âge de 76 ans, le 14 juillet 2025, après une longue bataille contre un cancer du foie.

© Philippe PELLETIER