
«On prend l’café au lait au lit, avec des gâteaux et des croissants chauds...». Symbole d’une époque où la grasse matinée était la récompense du travailleur, et le café au lait la boisson nationale, cette chanson, en forme de «valse tyrolienne», écrite et composée par Pierre Dudan en 1939, deviendra, à la Libération, une sorte d’hymne à la liberté retrouvée. Sa voix prenante de chaude de crooner, qui en remontrerait même à Dean Martin, a entonné bien d’autres refrains, qui flottent encore dans un coin de la mémoire: «Clopin-clopant», célèbre chanson qu’il écrit en 1946, sur une musique de Bruno Coquatrix, pas encore directeur de l’Olympia, «Ciel de Paris», une superbe chanson dont il est l’auteur-compositeur ou encore «Mélancolie», sur une musique d’Alain Romans, chantée aussi par Jacqueline François. On pourrait citer tant d’autres succès, car Pierre Dudan a écrit pas moins de 1700 chansons!
Né le 1er février 1916, à Moscou, c’est un musicien accompli, qui, à la fin des années 30, fait ses premières armes, comme pianiste de bar, dans les cabarets parisiens. Après la Seconde Guerre mondiale, sa carrière de chanteur est lancée. Dans les années 60, il fait des tournées dans le monde entier, puis sa santé défaillante l’incite, parmi d’autres raisons, à s’installer au Canada, puis en Suisse, deux pays dont il prend la nationalité.
Pendant la guerre, Pierre Dudan débute une carrière au cinéma, qui va durer une vingtaine d’années. Si on la compare à celles d’autres chanteurs comédiens, elle est plus fournie. Il chante assez peu dans ses films, sauf dans une poignée de courts-métrages. Il campe parfois des chanteurs, comme dans «Madame et ses peaux-rouges» (1947), de Serge de Laroche. Saltimbanque accusé de vol, il y est recueilli par une Arletty qui a également pris sous son aile des orphelins dispersés par la guerre. Il lui arrive aussi de signer la musique et les chansons de certains films, comme «La maison du printemps» (1949), de Jacques Daroy, une comédie musicale en couleurs, une rareté pour l’époque, où il a le rôle principal, «Certains l’aiment froide» (1958), de Jean Bastia, ou «Dans l’eau qui fait des bulles» (1960), de Maurice Delbez. Autre rôle léger, celui d’Alexandre dans «Les femmes sont marrantes» (1958), de André Hunebelle, un marivaudage avec Micheline Presle et Yves Robert.
À l’image de ces deux films, Pierre Dudan, on le voit, a surtout fréquenté le cinéma du samedi soir. Et encore n’a-t-il guère eu, dans ces bandes sans ambition, de rôles bien marquants. Son physique de baroudeur lui vaut de jouer les espions, dans «Nuits d’alerte» (1945), de Léon Mathot par exemple. S’ils ne sont pas agents secrets, ses personnages souvent des hommes rudes ou des travailleurs manuels, comme cet éclusier de «La figure de proue» (1947), de Christian Stengel, ami d’un marin, Georges Marchal, tombé amoureux de la sculpture ornant la proue d’un navire. Il joue aussi les durs, parfois pour rire, comme dans «Fernand cow-boy» (1956), de Guy Lefranc, avec Fernand Raynaud, où il dirige un gang d’outlaws. Pour avoir le rôle, il assure qu’il sait monter à cheval, ce qui était faux! Il est aussi l’assassin dans un bon polar de Henri Decoin, «Tous peuvent me tuer» (1957). Il peut être aussi du côté de la loi, comme son commissaire Laurent de «Monsieur Suzuki» (1959), de Robert Vernay. Pierre Dudan fait aussi un peu de télévision en fin de carrière. Il s’éteint le 4 février 1984 à Epalinges, près de Lausanne.

1942 | Manouche / Jeunesse d’aujourd’hui – de Fred Surville avec Claire Gérard |
1945 | Nuits d’alerte – de Léon Mathot
avec Hélène Perdrière
CM Dans le mouvement [ Miousic Sirius Symphonies 1 ] – de Jean Devaivre avec Raymond Souplex + chansons |
1946 | Le fugitif – de Robert Bibal
avec Madeleine Robinson
L’éventail / L’île aux nuages / Mademoiselle modiste – de Emil Edwin Reinert avec Dany Robin |
1947 | Les requins de Gibraltar – de Emil Edwin Reinert
avec Annie Ducaux
Madame et ses peaux-rouges – de Serge T. de Laroche avec Arletty + musique La figure de proue – de Christian Stengel avec Madeleine Sologne CM Les drames du Bois de Boulogne – de Jean Loew avec Gérard Philippe + chansons |
1948 | CM Par le soupirail – de Jean-Jacques Delafosse
avec Nila Cara
+ chansons |
1949 | La patronne – de Robert Dhéry
avec Annie Ducaux
La maison du printemps – de Jacques Daroy avec Claudine Dupuis + musique |
1950 | Si ça vous chante – de Jacques Loew
avec Blanchette Brunoy
Casabianca – de Georges Péclet avec Gérard Landry La salamandre d’or ( golden salamander ) de Ronald Neame avec Anouk Aimée Seulement chansons CM La leçon d’humour dans un parc – de Jacques Loew avec Michel Piccoli + chansons |
1955 | The Lyons in Paris / Mr. And Mrs. In Paree / The Lyons abroad – de Val Guest
avec Bebe Daniels
Si Paris nous était conté – de Sacha Guitry avec Lana Marconi |
1956 | Fernand cow-boy – de Guy Lefranc
avec Fernand Raynaud
A touch of the sun – de Gordon Parry avec Ruby Murray |
1957 | Un homme se penche sur son passé – de Willy Rozier
avec Barbara Rütting
Tous peuvent me tuer – de Henri Decoin avec Eleonora Rossi Drago Quand sonnera midi – de Edmond T. Greville avec Pascale Roberts |
1958 | Les femmes sont marrantes – de André Hunebelle
avec Micheline Presle
+ musique Les racines du ciel ( the roots of heaven ) de John Huston avec Errol Flynn Certains l’aiment froide / Les râleurs font leur beurre… – de Jean Bastia avec Louis de Funès + musique & chansons |
1959 | Visa pour l’enfer / Passeport pour l’enfer – de Alfred Rode
avec Nadine Tallier
Rue des Prairies – de Denys de La Patellière avec Jean Gabin Monsieur Suzuki – de Robert Vernay avec Danielle Godet Merci Natercia ! – de Pierre Kast avec Françoise Prévost Les petits chats – de Jacques R. Villa avec Sylvie Dorléac |
1960 | Amour, autocar et boites de nuit / Paris, c’est l’amour – de Walter Kapp
avec Geneviève Kervine
Die gejagten – de Max Michel avec Claude Farell Dans l’eau qui fait des bulles ! / Le garde-champêtre mène l’enquête – de Maurice Delbez avec Marthe Mercadier + musique |
1961 | L’éducation sentimentale – de Alexandre Astruc avec Dawn Addams |
1965 | The yellow hat – de Honoria Plesch avec Eleanor Summerfield |