
Cristina Deleanu, née le 22 décembre 1940 à Ploiești, est une figure emblématique du théâtre et du cinéma roumains. Issue d’une famille marquée par la tragédie : son père, Dimitrie Deleanu, tué lors du bombardement de Ploiești en 1944, elle est élevée à Bucarest par sa mère, Angela, qui l’encourage dans ses aspirations artistiques. Dès son enfance, Cristina se passionne pour la peinture et le dessin, mais c’est au lycée, au sein du prestigieux collège national «Gheorghe Lazăr», qu’elle décide de se consacrer à la comédie, influencée par ses camarades et l’effervescence culturelle environnante.
Après le baccalauréat, Cristina Deleanu intègre l’Institut de Théâtre et de Cinéma de Bucarest, où elle suit les cours du professeur George Carabin, épaulé par les assistants Mihai Berechet et Cornel Todea. Diplômée en 1962, elle débute sa carrière au Théâtre National «Vasile Alecsandri» de Iași, où elle se distingue dans des pièces telles que «Înșir’te mărgărite» de Victor Eftimiu et «Grădina cu trandafiri» de Andi Andrieș. En 1967, elle rejoint le Théâtre Regional «Barbu Delavrancea», (qui deviendra plus tard le Théâtre de Revue), où elle évolue jusqu’en 1981. Cette période la voit incarner des personnages variés, témoignant de sa polyvalence et de sa capacité à s’adapter à différents registres. À partir de 1981, elle intègre le Théâtre National «Ion Luca Caragiale» de Bucarest, où elle poursuit sa carrière jusqu’à sa retraite en 2001. Elle revient cependant sur scène en 2003 dans «Revelion la Terzo Mondo», une pièce d’Ovidiu Iuliu Moldovan mise en scène par Mihai Manolescu.
Parallèlement à sa carrière théâtrale, Cristina Deleanu s’illustre dans des émissions radiophoniques, prêtant sa voix à des œuvres telles que «Ceaiul nostru cel de toate zilele», «Drumul lui Orfeu», «Orfeu în Infern» et «Zadarnicele necazuri de iubire». Sa diction impeccable et sa capacité à transmettre des émotions par la voix lui valent une reconnaissance particulière dans ce domaine . Au cinéma, elle fait ses débuts dans « Destins romantiques» (1980) de Haralambie Boros et «L’orgueilleux» (1981) de Manole Marcus, deux films qui marquent le début d’une carrière cinématographique remarquable. Elle devient rapidement l’archétype de la femme respectable et autoritaire, incarnant des rôles de directrice d’école dans «Déclaration d’amour» (1984), «Les diplômés» (1985) et «Extemporal la dirigenție» (1986) trois films réalisés par Manole Marcus, ou de mère dévouée dans «Action Zuzuc» (1983) de Gheorghe Naghi et «Un coin au paradis» (1983) de Francisc Munteanu. En dehors de sa carrière artistique, Cristina Deleanu s’engage dans l’éducation en enseignant l’art dramatique à l’Académie «Luceafărul» entre 1992 et 2000. Elle est également l’auteure du livre «Despre maeștrii și extraordinarele lor vieți», publié chez CD Press, dans lequel elle rend hommage aux grands maîtres du théâtre.
Sa vie personnelle est marquée par son troisième mariage avec l’acteur Eugen Cristea, avec qui elle partage une complicité artistique et personnelle profonde. Le couple est reconnu pour sa discrétion et son engagement dans le milieu culturel roumain. Elle fut mariée avec Matei Gheorghiu et Sergiu Tudose. Cristina Deleanu s’éteint le 15 mai 2025 à l’âge de 84 ans. Sa disparition laisse un vide immense dans le paysage culturel roumain. Elle est décrite par ses pairs comme une femme d’une rare délicatesse, dotée d’une culture raffinée et d’un engagement sincère envers son art et sa société.
© Philippe PELLETIER

1980 | Destins romantiques ( destine romantice ) de Haralambie Boros avec Dem Radulescu |
1981 | L’orgueilleux ( orgolii ) de Manole Marcus avec Victor Rebengiuc |
1982 | Comme dans les films ( ca-n filme ) de Manole Marcus
avec Ion Caramitru
Scopul si mijloacele – de Dan Marcoci avec Rodica Negrea |
1983 | Action Zuzuc ( actiunea Zuzuc ) de Gheorghe Naghi
avec Andrei Duban
Horea – de Mircea Muresan avec Mircea Albulescu Un coin au paradis ( un petic de cer ) de Francisc Munteanu avec Jean Constantin |
1984 | Vol dangereux ( zbor periculos ) de Francisc Munteanu
avec Gheorghe Dinica
Déclaration d’amour ( declaratie de dragoste ) de Nicolae Corjos avec Adrian Paduraru |
1985 | Les diplômés / Les étudiants ( liceenii ) de Nicolae Corjos avec Stefan Banica Jr. |
1986 | La saison de l’amour ( anotimpul iubirii ) de Iulian Mihu
avec Gheorghe Visu
Extemporal la dirigentie – de Nicolae Corjos avec Tamara Buciuceanu-Botez |
1988 | Mort d’un artiste ( moartea unui artist ) de Horea Popescu avec Victor Rebengiuc |
1989 | Le mystère du jeu du cube ( taina jocului de cuburi ) de Gheorghe Naghi avec Paul Chiributa |
1996 | Affaires dans les Balkans ( biznes sta Valkania / mπίζνες στα Βαλκάνια) de Vasilis Boudouris avec Alexandros Logothetis |
1998 | Possessed / La contagion du mal ( besat ) de Anders Rønnow Klarlund avec Udo Kier |
2001 | Tu ne marcheras jamais seul – de Gilles Chevallier avec Marc Chapiteau |
2003 | Aleodor Împărat – de Radu Dumitru Penescu
avec Emanuela Fazekas
Seulement voix |
2021 | Le voyeur / Les voyeurs ( watcher ) de Chloe Okuno
avec Maika Monroe
TMBA ( take my breath away ) de Mihai Pavel avec Doru Catanescu |
2022 | Le chef d’orchestre des silences ( dirijorul tacerilor ) de Ovidiu Georgescu avec Vlad Zamfirescu |