Luchino Visconti

Descendant des Princes de Visconti de Modrone qui régnèrent sur Milan jusqu’à la fin du XVème siècle, Luchino Visconti di Modrone, comte de Lonate Pozzolo, naît le 2 novembre 1906, dans la capitale lombarde. Très tôt, il s’intéresse au théâtre et à l’opéra et envisage une carrière de musicien. Après son service militaire comme sous-officier dans la cavalerie, il s’occupe d’un haras et de courses hippiques jusqu’au début des années trente. À cette époque, il fait la connaissance de Giacomo Puccini et deGabriele d’Annunzio. En 1934, Visconti en visite à Paris, se lie d’amitié avec Jean Renoir. Il assiste le maître sur «Toni» (1934) puis sur «Une partie de campagne» (1936) et se familiarise rapidement avec toutes les techniques du cinéma. En 1939, il participe au scénario de «La Tosca» pour Renoir, mais le film est interrompu par la guerre. Carl Koch achèvera cette production l’année suivante.

En 1940, Luchino Visconti participe à la revue anti-fasciste «Cinema», et deux ans plus tard réalise son premier film, adapté d’un roman de James M. Cain, «Les amants diaboliques» avec Clara Calamai. Durant la Seconde Guerre mondiale, sympathisant communiste, il s’engage dans la résistance. Arrêté par la gestapo, il sera interrogé brutalement et échappera de peu au peloton d’exécution. Après la guerre, il soutient le parti communiste italien et réalise un documentaire de propagande «Jour de gloire» (1946), puis il se tourne vers le théâtre et met en scène des œuvres de Jean Cocteau et de Jean-Paul Sartre. Dans les années cinquante, Luchino Visconti revient derrière la caméra et travaille avec Anna Magnani pour deux films, puis il réalise pour la prestigieuse Compagnie Lux «Senso» (1953) avec Alida Valli. La critique est sévère mais le public porte le film en triomphe. En 1957, il confirme sa maîtrise de la mise en scène avec «Nuits Blanches» et remporte le Lion d’Argent au Festival de Venise. Entre les deux tournages, il travaille pour la Scala de Milan, notamment avec Maria Callas.

Pour Luchino Visconti, la décennie suivante est riche de chef-d’œuvres et de succès. Le premier d’entre eux, «Rocco et ses frères» (1960), drame social qui retrace l’intégration d’une famille pauvre de cinq frères de l’Italie du Sud, dont deux d’entre eux se partage l’amour d’une jeune prostituée, avec Alain Delon, Renato Salvatori et Annie Girardot dans les rôles principaux. Suivent, «Le guépard» (1962) avec Burt Lancaster, «Sandra» (1965) avec Claudia Cardinale et «Les damnés» (1969) avec Ingrid Thulin et Dirk Bogarde. Tous couronnés par de nombreux prix à travers le monde. Par la suite, Luchino Visconti réalise encore trois fresques magnifiques: «Mort à Venise» (1971) avec Dirk Bogarde, adaptation de l’œuvre de Thomas Mann; «Le crépuscule des dieux» (1972) avec Helmut Berger en roi Louis II de Bavière et Romy Schneider qui reprend là son rôle d’Elisabeth d’Autriche, et «Violence et passion» (1974) avec Silvana Mangano et Burt Lancaster. À la fin du tournage du «Crépuscule des dieux», le cinéaste est victime d’une attaque cérébrale qui le laisse partiellement handicapé.

En 1975, Luchino Visconti chute dans son appartement et reste pratiquement paralysé. Il trouve néanmoins la force de d’achever la réalisation de «L’étranger» avec Giancarlo Giannini. Peu avant la sortie du film, il meurt victime d’une insuffisance cardiaque. C’était le 17 mars 1976, à Rome. L’année de son décès, l’Académie du Cinéma Italien donne son nom à un prix récompensant un grand réalisateur.

© Philippe PELLETIER