Bun-Hay Mean

Bun Hay Mean, né le 29 novembre 1981 à Lormont, en Gironde, a façonné sa trajectoire artistique autour de son identité sino‑cambodgienne. Fils d’un père cambodgien et d’une mère chinoise ayant fui le régime des Khmers rouges en 1977, il passe son enfance dans la banlieue bordelaise. Timide et introverti, il trouve l’éclairage salvateur du rire lors d’une soirée slam, et s’inscrit à des ateliers d’improvisation. Après avoir obtenu une licence en informatique, il exerce quelques mois dans ce domaine. À 24 ans, il plaque tout pour tenter sa chance à Paris. Ce choix radical le confronte à la précarité: alternant scènes ouvertes et nuits à la rue. Repéré en 2010 par Alain Degois, directeur du Déclic Théâtre, il rejoint la 7ème saison du Jamel Comedy Club en 2014, étape clé dans son éclosion au sein du stand-up français.

Son premier spectacle solo, «Chinois Marrant» dans la légende de Bun Hay Mean, tourne entre 2014 et 2015 dans des salles parisiennes comme l’Apollo Théâtre, La Nouvelle Seine, l’Européen, la Cigale, et à l’international. Reconnaissable à son débit mitraillette et son humour provocateur, il s’attaque aux clichés liés à l’identité, la race, la politique, avec une santé d’acier pour jongler entre autodérision et critique sociale. Son second solo, «Le Monde appartient à ceux qui le fabriquent» (2019/20), creuse davantage la question des inégalités et du racisme systémique. En 2023, il investit la scène avec «Tous Ego», avant de peaufiner son projet le plus personnel, «Kill Bun», prévu en 2025. Parallèlement à la scène, Bun Hay Mean débute au cinéma dès 2011 avec «De l’huile sur le feu», de Nicolas Benamou, suivi de «Comme un chef» (2011), de Daniel Cohen, avec Jean Reno. Repéré par Eric Judor, il incarne Claude, le faux shaman de «Problemos» (2016) une satire acerbe de l’écologie et du zadisme écrite par Blanche Gardin, une des protagoniste du film. Puis il apparaît dans un épisode de la série «Platane» (2019), cinq de la série «Craignos» (2019/20) de Jean-Pascal Zadi, où il joue le rôle d’Hassan. En 2021, il retrove Zadi pour huit épisodes de la première saison de la série «Carrément craignos». On le voit également dans d’autres comédies, parmi lesquelles: «En passant pécho» (2020) de Julien Hollande, avec Nassim Lyes, et «Les chèvres!» (2023) de Fred Cavayé, avec Dany Boon et Jérôme Commandeur, son dernier film.

Le rôle de sa vie arrive en 2022, celui de Deng Tsin Qin, l’antagoniste asiatique principal dans «Astérix & Obélix: L’Empire du Milieu» de Guillaume Canet. Cette prestation dans une superproduction populaire accroît sa visibilité. Malgré son ascension, Bun Hay Mean n’a jamais caché ses fragilités. Psoriasis chronique, hospitalisation à La Réunion en plein lancement de «Kill Bun», et épisodes de mal-être l’ont profondément marqué. Lors d’une interview en novembre 2024, il confiait: «Il y a dix ans, j’étais à la rue… Pendant 23 heures, je suis ghosté. En sortant de scène… des lambeaux de peau se détachent de mes vêtements». Fidèle à lui-même, il transformait ses souffrances en humour, parlant de santé mentale dans Kill Bun comme d’une thérapie. Le 10 juillet 2025, la France apprend sa mort brutale. En effet, il tombe accidentellement du huitième étage de son immeuble dans le 17ᵉ arrondissement de Paris, alors qu’il tente de récupérer son téléphone coincé dans une gouttière. Il devait s’envoler pour Montréal le lendemain pour lancer son nouveau spectacle «Kill Bun ».

© Philippe PELLETIER