Léonie Yangba-Zowe est sans doute la première femme centrafricaine qui a su inscrire en lettres d’or son nom dans les annales du cinéma au lendemain de l’indépendance du pays. Une femme battante dont le parcours atypique, bien que méconnue dans son pays d’origine, est un exemple de courage et de détermination pour la gente féminine centrafricaine. En effet, elle a plusieurs cordes à son arc: modéliste, styliste, enseignante, réalisatrice, productrice, scénariste, anthropologue, etc. Des aptitudes qu’elle cultivait avec passion et sans ménagement.
Léonie Yangba-Zowe est née le 5 juin 1948 à Ouasselegue Ouango, dans l’est de la République centrafricaine (encore territoire français de l’Oubangui-Chari). Elle est la fille de Jean Mokombo Zowe et de Louise Wabossou, tous deux issus de l’ethnie Yakoma de la préfecture du Mbomou; elle est la dernière d’une fratrie de 7 enfants. Après des études primaires à Bambari dans la Ouaka, elle arrive avec ses parents à Bangui où elle entre à l’école ménagère. Le 25 décembre 1963, elle se marie à Bambari avec un enseignant, François Boycambo. Celui-ci sera nommé directeur d’école de Bambari puis affecté à Bria, dans la Haute Kotto. De cette union est né le 29 avril 1964, leur premier enfant, un garçon, Francis, suivi successivement de quatre filles (Patricia, Yolande, Mireille et Irma). En 1971, le couple se sépare. À partir de là, animée par l’ardent désir d’apprendre et dotée d’un caractère de battante, Léonie décide de retourner sur les bancs de l’école. Ainsi, elle est admise au Collège technique féminin, section couture. Elle sort major de sa promotion (1971/75). En 1975, elle obtient une bourse nationale et s’envole pour la France où elle obtient un brevet dans le domaine de la mode et haute couture au Lycée technique Albert de Mun à Paris. Dans le même temps, elle suit des stages auprès des grands couturiers parisiens dont Paco Rabanne, ainsi qu’une formation professionnelle de modéliste et styliste à l’issue de laquelle elle décroche un diplôme au titre de professeur d’enseignement technique en 1981.
Puis, Léonie Yangba-Zowe change de vocation et s’oriente vers d’autres horizons. Elle enchaîne des étude de plus en plus prestigieuse et décroche en 1985 une licence et maîtrise en sciences de l’éducation à l’Université René Descartes Paris V. Elle est propulsée sur la scène internationale grâce à ses courts-métrages documentaires, réalisés avec l’apport du ministère français de la Coopération: «Yangba Bolo» (1985), «Lengue» (1985), «Nzale» (1985) et «Paroles de sages» (1987). Les trois premiers titres sont inspirés des danses traditionnelles des régions de l’est, du sud et du sud-ouest du Centrafrique, tandis que le quatrième est une approche avec l’un des grands chefs coutumiers de la Basse-Kotto, le patriarche Vondo, du village qui porte son nom à Mobaye. En 1990, elle obtient un D.E.A sur l’histoire moderne et contemporaine, valeurs sociales et politiques en France au XVIIè et XVIIIè siècle.
Léonie Yangba-Zowe est décédée le 21 août 2023, en France, des suites d’une longue maladie, emportant avec elle d’immenses potentialités alors qu’elle avait encore beaucoup à apporter à l’humanité dans le domaine du Septième Art. Son inhumation a eu le 31 août 2023 au cimetière communal de Bagneux, loin de la terre de ses aïeux. Elle laisse derrière elle une descendance nombreuse et… un vide incommensurable. Adieu brave dame du Centrafrique.
© Félix YEPASSIS-ZEMBROU
1985 | DO Lengue – de Léonie Yangba-Zowe
+ scénario, directrice de la photographie, montage & production DO Nzale – de Léonie Yangba-Zowe + scénario, directrice de la photographie, montage & production DO Yangba bolo – de Léonie Yangba-Zowe + scénario, directrice de la photographie, montage & production |
1987 | DO Paroles de sages – de Léonie Yangba-Zowe
avec Vondo
+ scénario, directrice de la photographie, montage & production |