![]() 1955 La loi de la prairie (tribute to a bad man) de Robert Wise avec James Cagney, Vic Morrow & Stephen McNally | ![]() 1961 Electre (Elektra / Ηλέκτρα) de Michael Cacoyannis avec Yannis Fertis & Aleka Katselli | ![]() 1970 Les Troyennes (the Trojan women) de Michael Cacoyannis avec Katharine Hepburn & Vanessa Redgrave | ![]() 1995 Party – de Manoel de Oliveira avec Michel Piccoli, Leonor Silveira, Rogério Samora & Sofia Alves | ||
![]() |

Pour les amateurs de cinéma, surtout ceux sensibles à la beauté du cinéma méditerranéen et aux grandes figures tragiques, le nom de Irene Papas évoque aussitôt une silhouette imposante, un regard perçant, une voix grave et inoubliable. Actrice grecque au charisme presque mythologique, elle a marqué le cinéma mondial par la force de ses interprétations, entre drame antique et cinéma moderne engagé. Née Irini Lelékou le 3 septembre 1926 à Chiliomodi, un petit village du sud de la Grèce, elle grandit dans une famille cultivée. Son père est professeur de théâtre, sa mère institutrice. Très tôt attirée par la scène, elle suit des études à l’École nationale de théâtre d’Athènes, où elle se forme à l’Art dramatique. Elle débute sur scène avant de faire ses premiers pas au cinéma grec dans les années 1940.
C’est dans les années 1950 que sa carrière prend son envol. En 1953, Irene Papas est remarquée dans «Theodora, impératrice de Byzance» de Riccardo Freda, mais c’est son rôle dans «Les canons de Navarone» (1961), réalisé par Jack Lee Thompson, qui la révèle à un public international. Ce film d’aventure et de guerre, avec Gregory Peck et Anthony Quinn, lui offre l’occasion de faire valoir sa présence unique, à la fois sobre et puissante. Dès lors, Irene Papas devient une ambassadrice incontestée de la culture grecque à l’étranger, tant par ses choix de rôles que par sa stature imposante et son visage sculptural, qui évoque les héroïnes de l’Antiquité. C’est dans les tragédies grecques portées à l’écran que Irene Papas brille véritablement. Elle devient l’actrice fétiche du réalisateur Michael Cacoyannis, avec qui elle tourne plusieurs films majeurs. Dans «Electre» (1961), elle incarne une femme prise dans les tourments de la vengeance familiale. Ce film est le premier d’une trilogie tragique qui comprend aussi «Les Troyennes» (1970), où elle joue Hécube aux côtés de Katharine Hepburn, et «Iphigénie» (1976), où elle est Clytemnestre. Ces rôles, tirés des tragédies d’Euripide, la consacrent comme une grande tragédienne du cinéma, capable de transmettre la douleur humaine la plus profonde à l’écran. Un autre rôle inoubliable est celui de la veuve dans «Zorba le Grec» (1964), où elle donne la réplique à Anthony Quinn. Son personnage exprime par son silence une tragédie indicible. C’est un moment fort du cinéma où l’émotion passe entièrement par le visage et la posture.
Femme de convictions, Irene Papas s’oppose ouvertement à la dictature militaire en Grèce à la fin des années 1960, ce qui l’oblige à s’exiler temporairement et à travailler avec de grands réalisateurs du cinéma international: Robert Wise pour «La loi de la prairie» (1955) un western avec James Cagney pour partenaire; Riccardo Freda dans «Roger la honte» (1965) auprès de Georges Géret; Costa-Gavras dans «Z» (1968), thriller politique avec Yves Montant; Martin Ritt dans «Les frères siciliens» (1968) avec Kirk Douglas; Francesco Rosi «Le Christ s’est arrêté à Eboli» (1978) et «Chronique d’une mort annoncée» (1986); Manoel de Oliveira dans «Un film parlé» (2002) avec John Malkovich. À côté de sa carrière d’actrice, Papas a une passion pour la musique. Elle collabore avec le célèbre compositeur Vangelis, prêtant sa voix unique à deux albums mêlant traditions grecques et sons modernes. Atteinte de la maladie d’Alzheimer dans ses dernières années, Irene Papas s’éteint le 14 septembre 2022 à l’âge de 96 ans. Elle laisse derrière elle une filmographie riche, intense, et une empreinte durable dans le cœur des cinéphiles.
© Philippe PELLETIER

1948 | Les anges perdus ( hamenoi ageloi / Χαμένοι άγγελοι ) de Nikos Tsiforos avec Mimis Fotopoulos |
1951 | Cité morte ( nekri politeia / Νεκρή Πολιτεία) de Frixos Iliadis avec Nikos Tzogias |
1952 | Une de celles-là ( una di quelle / Totò, Peppino e… una di quelle ) de Aldo Fabrizi
avec Totò
Les infidèles ( le infideli ) de Steno & Mario Monicelli avec Pierre Cressoy |
1953 | Le secret de la casbah ( dramma nella Kasbah / man from Cairo ) de Edoardo Anton & Ray
Enright avec George Raft
Angoisse d’une mère / Le cyclone / La main du destin ( vortice ) de Raffaello Matarazzo avec Massimo Girotti Théodora, l’impératrice de Byzance ( Teodora, imperatrice di Bisanzio ) de Riccardo Freda avec Georges Marchal |
1954 | Attila, fléau de dieu / Invasion barbare ( Attila / Attila, il flagello di dio ) de Pietro Francisci
avec Henri Vidal
The missing scientists – de Steve Sekely avec Paul Campbell |
1955 | La loi de la prairie ( tribute to a bad man ) de Robert Wise
avec James Cagney
L’épée gasconne / L’épée légendaire ( la spada imbattibile ) de Hugo Fregonese avec Jeffrey Stone |
1956 | Les aventures des trois mousquetaires ( le avventure dei tre moschettieri ) de Joseph Lerner avec Sebastian Cabot |
1957 | Psit... koritsia ! / Koritsia tis pantreias / Ψιτ... κορίτσια! – de Alkis Papas avec Andreas Barkoulis |
1958 | Le lac des soupirs ( i limni ton stenagmon / Η λίμνη των στεναγμών ) de Grigoris Grigoriou
avec Tzavalas Karoussos
Bouboulina ( Μπουμπουλίνα ) de Kostas Andritsos avec Nikos Kourkoulos |
1960 | Les canons de Navarone ( the guns of Navarone ) de Jack Lee Thompson avec Gregory Peck |
1961 | Antigone ( Antigoni / Αντιγόνη ) de Yorgos Javellas
avec Manos Katrakis
Prix de la meilleure actrice au festival du cinéma de Thessalonique, Grèce Electre ( Elektra / Electra / Ηλέκτρα ) de Michael Cacoyannis avec Yannis Fertis Prix de la meilleure actrice au festival du cinéma de Thessalonique, Grèce Meilleure actrice par l’association des critiques de cinéma au festival du cinéma de Thessalonique, Grèce |
1963 | La baie aux émeraudes ( the moon-spinners ) de James Neilson
avec Eli Wallach
Zorba le Grec ( Zorba the greek / Alexis Zorbas / Αλέξης Ζορμπάς ) de Michael Cacoyannis avec Alan Bates |
1964 | Témoin de l’enfer ( zeugin aus der hölle ) de Zivorad Zika Mitrovic
avec Daniel Gélin
Les marches ( ta skalopatia / Τα σκαλοπάτια ) de Leonard Hirschfield avec Umberto Orsini |
1965 | Roger la honte / La vengeance de Roger la honte ( trappola per l’assassino ) de Riccardo
Freda avec Georges Géret
Ecce homo – de Bruno Gaburro avec Gabriele Tinti |
1966 | À chacun son dû ( a ciascuno il suo ) de Elio Petri avec Gian Maria Volonté |
1967 | The desperate ones / Más allá de las montañas / Beyond the mountains – de Alexander Ramati avec Maximilian Schell |
1968 | Les frères siciliens ( the brotherhood ) de Martin Ritt
avec Kirk Douglas
Z – de Costa-Gavras avec Yves Montand L’odyssée ( l’odissea / le avventure di Ulisse ) de Franco Rossi, Piero Schivazappa & Mario Bava avec Bekim Fehmiu |
1969 | A dream of kings – de Daniel Mann
avec Anthony Quinn
Anne des mille jours ( Anne of the thousand days / Anne of a thousand days ) de Charles Jarrott avec Richard Burton |
1970 | Les Troyennes ( the Trojan women / Troades / Τρωάδες ) de Michael Cacoyannis
avec Katharine Hepburn
Prix NBR de la meilleure actrice par la National Board of Review, USA Meurtre par intérim ( un posto ideale per uccidere ) de Umberto Lenzi avec Ray Lovelock |
1971 | Scandale à Rome ( Roma bene ) de Carlo Lizzani
avec Nino Manfredi
L’effroyable machine de l’industriel N.P. ( N.P. il segretto / N. P. ) de Silvano Agosti avec Francisco Rabal CM El asesinato de Julio César – de Raúl Araiza avec Anthony Quinn |
1972 | Piazza Pulita ( 1931: Once upon a time in New York / Pete, Pearl and the pole ) de Luigi
Vanzi avec Richard Conte
La longue nuit de l’exorcisme ( non si sevizia un paperino / don’t tortue a duckling / don’t torture the duckling ) de Lucio Fulci avec Marc Porel La cinquième offensive ( sutjeska / the fifth offensive ) de Stipe Delic avec Richard Burton |
1973 | La bambina ( le farò da padre / bambina ) de Alberto Lattuada avec Gigi Proietti |
1974 | Moïse ( Moses / Mosè, la legge del deserto / Mosè ) de Gianfranco De Boscio avec Burt Lancaster |
1975 | Le message ( the message / Al-Risalah / Mohammed, messenger of god / الرسالة ) de Mustapha Akkad avec Michael Ansara |
1976 | Iphigénie ( Ifigeneia / Iphigenia / Ιφιγένεια ) de Michael Cacoyannis
avec Kostas Kazakos
Noces de sang ( urs al-dam ) de Souheil Ben-Barka avec Laurent Terzieff |
1977 | L’homme de Corleone ( l’uomo di Corleone ) de Duilio Coletti
avec Gabriele Ferzetti
Les vierges damnées ( un ombra nell’ombra / ring of darkness ) de Pier Carpi avec Ian Bannen |
1978 | Le Christ s’est arrêté à Eboli ( Cristo si è fermato a Eboli ) de Francesco Rosi avec Alain Cuny |
1979 | Liés par le sang ( bloodline / Sidney Sheldon’s bloodline / blutspur ) de Terence Young
avec James Mason
Le lion du désert ( lion of the desert / Omar Mukhtar : Lion of the desert ) de Mustapha Akkad avec Rod Steiger |
1980 | L’assistente sociale tutta pepe e tutta sale – de Nando Cicero avec Renzo Montagnani |
1981 | La ballade de Mamelouk ( sarâb ) de Abdelhafidh Bouassida avec Yorgo Voyagis |
1982 | Eréndira – de Ruy Guerra
avec Michael Lonsdale
Le déserteur ( il disertore ) de Giuliana Berlinguer avec Omero Antonutti |
1983 | Afghanistan pourquoi ? ( أفغانستان لماذا ؟ ) de Abdellah Masbahi
avec Chuck Connors
Le sex-symbol ( Melvin, son of Alvin / the troubles with Melvin / girl-toy / Girltoy ) de Jon Eastway avec Gerry Sont |
1984 | Série noire pour une nuit blanche ( into the night ) de John Landis
avec Jeff Goldblum
The Assisi undergroung – de Alexander Ramati avec Ben Cross |
1986 | Sweet country ( glykeia patrida / Γλυκειά πατρίδα ) de Michael Cacoyannis
avec Franco Nero
Chronique d’une mort annoncée ( cronaca di una morte annunciata / crónica de una muerte anunciada ) de Francesco Rosi avec Rupert Everett |
1987 | Soleil grec ( high season ) de Clare Peploe avec James Fox |
1988 | Oceano – de Ruggero Deodato avec Ernest Borgnine |
1989 | Island – de Paul Cox avec Chris Haywood |
1990 | Nirvana Street murder – de Aleksi Vellis avec Mark Little |
1991 | Lettre de Paris ( lettera da Parigi ) de Ugo Fabrizio Giordani avec Stefano Dionisi |
1992 | Sens dessus dessous ( pano kato ke plagios / Πάνω, κάτω και πλαγίως) de Michael Cacoyannis avec Stratos Tzortzoglou |
1995 | Party – de Manoel de Oliveira avec Michel Piccoli |
1997 | Inquiétude ( inquietude ) de Manoel de Oliveira avec Luís Miguel Cintra |
1998 | Yerma – de Pilar Távora avec Juan Diego |
2000 | Capitaine Corelli ( captain Corelli’s mandolin ) de John Madden
avec Nicolas Cage
Retour à l’automne ( podzimní návrat / fthinoporini epistrofi ) de Georgis Agathonikiadis avec Jirí Bartoska |
2001 | Et le train va au ciel ( …kai to treno pai ston ourano ) de Yannis Ioannou avec Piro Milkani |
2002 | Un film parlé ( um filme falado / un film parlato / a talking picture ) de Manoel de Oliveira avec John Malkovich |
2004 | Ecuba ( Ecuba - Il film ) de Irene Papas & Giuliana Berlinguer avec Tiziana Bagatella |
AUTRES PRIX : | |
Prix pour l’ensemble de sa carrière au festival international du cinéma de Hamptons, New York, USA ( 1993 ) Prix Taormina Arte au festival international du cinéma de Taormina, Italie ( 2005 ) |