![]() 1933 Les deux «monsieur» de Madame – de Abel Jacquin & Georges Pallu avec Jeanne Cheirel & Gaby Basset | ![]() 1940 Les surprises de la radio – de Marcel Aboulker avec Marguerite Moreno, Grégoire Aslan & Mady Berry | ![]() 1957 La polka des menottes – de Raoul André avec Pascale Audret, Mischa Auer, Jean Lefebvre & Suzet Maïs | ![]() 1961 La belle américaine – de Robert Dhéry avec Annie Ducaux, Colette Brosset & Louis de Funès | ||
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«Si tous ceux qui croient avoir raison n’avaient pas tort, la vérité ne serait pas loin» ou «On dit d’un accusé qu’il est cuit quand son avocat n’est pas cru»: combien d’aphorismes et de calembours ne doit-on pas à ce petit homme rond, dont la voix monocorde et le ton hiératique renforçaient la puissance comique? Exploitant le double sens des mots et l’absurde du quotidien, Pierre Dac a développé un humour à froid, qui doit autant à Becket qu’à Jerome K. Jerome ou Alphonse Allais. Dès les années 20, il devient chansonnier et paraît sur les scènes de cabarets parisiens comme «La lune rousse» ou «les noctambules». Dans la décennie suivante, il anime des émissions de radio comme «La société des loufoques», dont les statuts commencent ainsi: «Article 1er: Y en a pas; article 3: les membres du bureau sont inamovibles même par temps de brouillard». Puis c’est la création, en 1938, de «L’os à moelle», journal satirique auquel collaborent le chansonnier Robert Rocca et Francis Blanche, qui rédige de curieuses annonces, recherchant par exemple «des porte-monnaie étanches pour argent liquide».
D’origine juive, Pierre Dac, né André Isaac à Châlons-sur-Marne, le 15 août 1893, est recherché par les Allemands et rejoint Londres en 1941, où il devient une des figures de la fameuse émission «Les Français parlent aux Français». Il n’y perd pas son humour et brocarde les ténors de la collaboration. C’est également lui qui lit les messages lapidaires destinés aux résistants de l’intérieur. Après la guerre, il forme avec Francis Blanche un célèbre duo comique; qui ne se souvient de Pierre en faux mage indien, qui se présene comme «le Sâr Rabindranath Duval»? «De quoi dînez-vous?, lui demande son assistant Francis Blanche? Je dîne d’huile. Ah bon? Tous les Sârs dînent d’huile». Pierre Dac est également à l’origine du fameux feuilleton radiophonique «Signé Furax», qui est diffusé sur les ondes d’Europe 1 de 1956 à 1960.
Au cinéma, Pierre Dac tourne une trentaine de films, étalés sur quatre décennies. Il a la vedette dans «Les deux Monsieur de Madame» (1933) de Georges Pallu et Abel Jacquin, où il incarne un commerçant qui, pour cacher que sa femme est remariée, autorise son premier mari à reprendre sa place auprès d’elle. Malgré sa réputation d’humoriste pince-sans-rire, Pierre Dac incarne parfois des personnages «ordinaires», comme ce directeur de journal dans «Dernière heure édition spéciale» (1949) de Maurice de Canonge, avec Paul Meurisse. Mais, très vite, le virus comique s’empare à nouveau de lui, et le voilà qui joue les hommes en caleçon dans une pochade de Raoul André, «La polka des menottes» (1957), ou les colonels farfelus dans «La belle américaine» (1961) de Robert Dhéry. Il aime décidément portraiturer des ganaches, comme ce général Costa de «Snobs!» (1961) de Jean-Pierre Mocky ou encore ce colonel Berthomieu, dans «Le gorille a mordu l’archevêque» (1962) de Maurice Labro.
Pierre Dac se parodie lui-même dans une séquence d’«Allez France!» (1964) de Robert Dhéry, où il apparaît comme «l’homme d’ici Londres», et dans le film de Richard Balducci, «Par ici la monnaie» (1973) où il se déguise en voyante. Sur le petit écran, il paraît dans des séries comme «L’abonné de la ligne U» (1964), où il campe un clochard ou des téléfilms comme «Deux Romains en Gaule» (1967) de Pierre Tchernia. Pour «Au théâtre ce soir» (1969), il figure dans une pièce de Roger-Ferdinand, «Le mari ne compte pas». Atteint d’un cancer du poumon, Pierre Dac s’éteint le 9 février 1975 à Paris.
© Jean-Pascal LHARDY

1930 | CM Dégrevé – de André Chotin
avec René Paul
+ scénario |
1932 | Les gaietés de l’escadron – de Maurice Tourneur
avec Raimu
Le bidon d’or – de Christian-Jaque avec Simone Bourday CM Le fada – de Léonce-Henri Burel avec Paquita Sol CM Y’a erreur / Gilberte exagère – de Joseph Tzipine avec Christiane Delyne |
1933 | Les deux « monsieur » de Madame – de Abel Jacquin & Georges Pallu avec Jeanne Cheirel |
1934 | Voilà Montmartre – de Roger Capellani
avec Marguerite Moreno
Poliche – de Abel Gance avec Marie Bell |
1935 | Juanita – de Pierre Caron avec Mireille Perrey |
1939 | Le club des fadas – de Emile Couzinet
avec Alida Rouffe
+ scénario |
1940 | Les surprises de la radio – de Marcel Aboulker
avec Mady Berry
+ scénario |
1941 | Hellzapoppin – de H.C. Potter
avec Martha Raye
Seulement adaptation de la version française |
1949 | Dernière heure, édition spéciale – de Maurice de Canonge avec Odette Joyeux |
1950 | Une fille à croquer / Le petit chaperon rouge – de Raoul André avec Louise Carletti |
1957 | La polka des menottes – de Raoul André avec Pascale Audret |
1960 | Les pique-assiette – de Jean Girault avec Darry Cowl |
1961 | La belle américaine – de Robert Dhéry
avec Annie Ducaux
Snobs ! – de Jean-Pierre Mocky avec Elina Labourdette Césarin joue les étroits mousquetaires – de Emile Couzinet avec Jeanne Fusier-Gir |
1962 | Le gorille a mordu l’archevêque – de Maurice Labro avec Roger Hanin |
1964 | Allez France ! – de Robert Dhéry avec Colette Brosset |
1967 | Ne jouez pas avec les martiens – de Henri Lanoë
avec Jean Rochefort
Le petit baigneur – de Robert Dhéry avec Louis de Funès |
1973 | Par ici la monnaie / Les démerdards – de Richard Balducci
avec Mary Marquet
Le trio infernal – de Francis Girod avec Romy Schneider |