Jean-Pierre Bagot

Né le 30 octobre 1943 à Plénée-Jugon dans les Côtes d’Armor, Jean-Pierre Bagot intègre le Centre de formation de la Pérollière, dans le Rhône, qui lui permet d’entrer à EDF comme électricien. Mais attiré par le théâtre, il rejoint Patrice Chéreau qui vient de prendre la direction du Théâtre de Sartrouville, en 1966, où il joue des pièces engagées. Ensuite, il intègre la troupe du Théâtre National Populaire au Théâtre de Chaillot dirigée par Georges Wilson et joue au sein de la Comédie de Caen sous la direction de Michel Dubois.

Devenu acteur du théâtre public reconnu, Jean-Pierre Bagot apparaît pour la première fois à la télévision en composant un geôlier dans «L’illusion comique» (1970) d’après Corneille avec Roger Blin. Mais il doit attendre quelques années encore avant que la télévision le sollicite régulièrement devenant un second rôle familier pour les téléspectateurs. Il apparaît dans des épisodes de séries à succès comme «Les Brigades du Tigre», «Les cinq dernières minutes», «Julien Fontanes, magistrat», «L’instit», «Julie Lescaut», «Nestor Burma» ou «Maigret». Il participe à des collections de prestige comme «L’heure Simenon» (1986) avec Claude Goretta, «Série Noire» avec Serge Moati, «L’ami Giono» (1989) avec Claude Santelli ou «Au siècle de Maupassant» (2008) avec Olivier Schatzky. Il retrouve à plusieurs reprises Yves Boisset dans des biopics «L’affaire Seznec» (1992) avec Christophe Malavoy, «Jean Moulin» (2002) avec Charles Berling ou «L’affaire Salengro» (2008) avec Bernard-Pierre Donnadieu.

Jean-Pierre Bagot débute tardivement au cinéma. Pour son premier film, il est dirigé par Roman Polanski dans «Le locataire» (1975) avec Isabelle Adjani où il compose un policier. Dès lors, il alterne cinéma populaire, Henri Verneuil ou Claude Berri, et cinéma d’auteur, Bertrand Van Effenterre ou Michel Deville. Robert Enrico lui donne des rôles dans «L’empreinte des géants» (1979), «Zone rouge» (1985) et «De guerre lasse» (1987). Yves Boisset le dirige dans «Le prix du danger» (1982) avec Gérard Lanvin, «Bleu comme l’enfer» (1985) avec Lambert Wilson et «Radio Corbeau» (1988) avec Claude Brasseur. Il interprète un locataire agressif dans «Elisa» (1994) de Jean Becker ou le père de Philippe Torreton dans «Présumé coupable» (2010) de Vincent Garenq. Dans la dernière partie de sa carrière, il est mis en scène par de jeunes réalisateurs comme Agnès Merlet, Jérôme Enrico ou Nicolas Boukhrief. Pour son dernier rôle au cinéma, il joue un prêtre dans «Ici-bas» (2011) de Jean-Pierre Denis. Parallèlement, il poursuit son activité sur les scènes des théâtres subventionnés. À Paris, il remplace Jérôme Savary dans «Le bourgeois gentilhomme» (1981) de Molière ou travaille avec Patrice Chéreau pour «Hamlet» (1988) de Shakespeare. En province, il intègre la troupe de Stéphane Braunschweig au Théâtre National de Strasbourg et la troupe de Claudia Stavisky du Théâtre des Célestins à Lyon.

Au début des années 2000, Jean-Pierre Bagot s’installe à Bitry dans la Nièvre où il s’occupe d’une troupe de théâtre amateur «Scène en Vrille» et anime un atelier théâtre du collège de Saint-Amand. Il s’échappe de cette retraite paisible pour quelques tournages. À la fin de sa carrière, les téléspectateurs se souviennent de son timbre de voix qui double Rex Linn, alias le sergent Franck Tripp, dans la série «Les experts: Miami » (2003/13). Agé de 72 ans, Jean-Pierre Bagot décède le 15 mars 2016.

© Olivier SINQSOUS