![]() 1924 Madame Sans-Gène – de Léonce Perret avec Gloria Swanson, Albert Dieudonné & Charles de Rochefort | ![]() 1939 La grande farandole (the story of Vernon and Irene Castle) de H.C. Potter avec Ginger Rogers & Fred Astaire | ![]() 1948 Miranda la sirène (Miranda) de Ken Annakin avec Glynis Johns, Googie Withers & Griffith Jones | ![]() 1951 Paris chante toujours ! – de Pierre Montazel avec Madeleine Lebeau, Lucien Baroux & Edith Piaf | ||
![]() |

«Chanteur de charme», l’expression aurait pu être inventée pour lui. Une moustache hollywoodienne, une voix de velours, avec des accents un peu chantants, qui coule comme du miel sur des mélodies suaves, où les sanglots du violon se mêlent au rythme esquissé d’une samba. «Vous qui passez sans me voir», «Je tire ma révérence», «Insensiblement» et tous les succès mitonnés avec Mireille, dont «Couchés dans le foin», autant de romances qui sont incrustées à jamais dans notre mémoire, chuchotées à notre oreille par la voix envoûtante d’un crooner élégant qui sut s’adapter aux avantages du micro.
Né le 25 mars 1906 à Nogent-sur-Marne, Jean Georges Sablon doit sans doute son goût de la musique à un environnement familial propice. En effet son frère André est chef d’orchestre et sa sœur, Germaine Sablon, fera elle-même une carrière de chanteuse. En 1923, alors qu’il n’a que dix-sept ans, Jean Sablon débute dans des opérettes comme «La dame en décolleté» de Maurice Yvain, où il fait de la figuration. L’année suivante, il paraît dans une opérette-bouffe de Albert Willemetz et Raoul Moretti, «En chemise», avec Armand Dranem. Dès 1927, il enregistre des disques, mais sa carrière ne prend son essor qu’à partir de sa rencontre avec Mistinguett, en 1930, alors qu’il est boy au casino de Paris. Deux ans plus tard, il commence avec Mireille une association miraculeuse qui, avec ses mélodies fraîches et rythmées, fait passer un grand souffle d’air frais sur le répertoire poussiéreux de la chanson des années trente.
Dans le même temps, Jean Sablon se produit en vedette dans des opérettes: «Dix-neuf ans» (1933), de Jean et Pascal Bastia, avec Réda Caire et Viviane Romance, où il chante «Je suis sex-appeal» et «Le même coup», ou encore «Le chant des tropiques» (1936), sur une musique de Moyses Simons, où il fredonne le «Duo des aveux», qu’il enregistrera avec sa sœur Germaine. Puis il part au Brésil ou aux Etats-Unis et continue une brillante carrière, sensible à la diversité des genres musicaux: très réceptif aux rythmes du jazz, il enregistre des albums avec Django Reinhardt ou Stéphane Grapelli. Très connu en Amérique latine, celui que les Américains surnomment le «French troubadour» découvre avec intérêt les musiques d’Amérique du Sud et contribue à introduire en France la bossa nova, la biguine ou le calypso.
Quant à sa carrière au cinéma, elle est brève et symbolique. Des producteurs sans imagination confient simplement à Jean Sablon la mission de chanter, comme dans «Miranda» (1948) de Ken Annakin où dans «Le chat» (1971) de Pierre Granier-Deferre. Il joue aussi les figurants, comme dans «Madame Sans-Gêne» (1925) de Léonce Perret. Dans «Tante Aurélie» (1931), un court-métrage de Henri Diamant-Berger, il a sa sœur Germaine Sablon comme partenaire et «Dans le petit chemin» (1936) de Maurice Diamant-Berger, il chante bien sûr la musique goguenarde de sa complice Mireille. En fait, son seul véritable rôle est celui de Jean d’Arthaud dans «Chacun sa chance» (1930) de René Pujol et Hans Steinhoff, où Jean Sablon donne la réplique à Jean Gabin, dont c’est le premier film (si l’on excepte quelques courts-métrages) et qui est lancé par sa première femme, Gaby Basset, ici en vedette et plus connue alors que son mari. On a cependant pensé à lui pour incarner, à la place de Georges Guétary, l’ami de Gene Kelly dans «Un Américain à Paris» de Vincente Minnelli. En 1982, ce gentleman de la chanson fait ses adieux au monde du spectacle et c’est à Cannes qu’il tire sa révérence, le 24 février 1994.
© Jean-Pascal LHARDY

1924 | Madame Sans-Gène – de Léonce Perret
avec Gloria Swanson
Seulement figuration |
1930 | Chacun sa chance – de René Pujol & Hans Steinhoff avec Gaby Basset |
1931 | CM Tante Aurélie – de Henri Diamant-Berger avec Germaine Sablon |
1934 | L’enfant du carnaval – de Alexandre Volkoff
avec Ivan Mosjoukine
Seulement dialogues & scénario |
1936 | CM Le petit chemin – de Maurice Diamant-Berger
avec Robert Arnoux
+ chansons |
1939 | La grande farandole ( the story of Vernon and Irene Castle ) de H.C. Potter
avec Ginger Rogers
Seulement apparition & chansons |
1948 | Miranda la sirène ( Miranda ) de Ken Annakin
avec Glynis Johns
Seulement chansons |
1951 | Paris chante toujours ! – de Pierre Montazel
avec Madeleine LeBeau
+ chansons |
1971 | Le chat – de Pierre Granier-Deferre
avec Simone Signoret
Seulement chansons |