![]() 1951 Cœurs enchaînés (night into morning) de Fletcher Markle avec Ray Milland, Lewis Stone & John Hodiak | ![]() 1952 L’homme à la carabine (Carbine Williams) de Richard Thorpe avec James Stewart & Wendell Corey | ![]() 1953 Le héros du jour (half a hero) de Don Weis avec Red Skelton, Mary Wickes & Kathleen Freeman | ![]() 1958 Quelle vie de chien (the shaggy dog) de Charles Barton avec Fred MacMurray, Ned Wever & Annette Funicello | ||
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Les producteurs hollywoodiens ne recrutaient pas les actrices pour leurs talents de fantaisistes, mais pour leur glamour. Il était donc rare qu’elles puissent exprimer ce don, pour peu qu’elles le possèdent. Avec Lucille Ball, Jean Hagen, née le 3 août 1923, fait exception à la règle. Cette «vis comica», elle la possède bel et bien et la manifeste surtout dans un rôle resté fameux, celui de Lina Lamont, dans le mythique «Chantons sous la pluie» (1951), de Stanley Donen et Gene Kelly. Son personnage est une star du muet, qui incarne à l’écran des héroïnes romantiques et qui, avec son partenaire attitré, Gene Kelly, fait se pâmer les foules. Mais, avec le parlant, les fans, atterrés, découvrent la voix nasillarde et vulgaire de l’actrice, qu’il faudra se résoudre à doubler. Jean Hagen campe avec beaucoup de drôlerie, et une grande finesse de jeu, cette femme sotte et stupide, dont la personnalité est aux antipodes de ses rôles.
Malgré cette performance, qui lui vaut une nomination aux oscars, Jean Hagen a peu l’occasion, par la suite de mettre vraiment en valeur ses talents comiques. Elle n’apparaît en effet, en fin de carrière, que dans des comédies poussives, comme «Le héros du jour» (1953), de Don Weiss, avec un Red Skelton dont les pitreries ne font plus rire grand monde, ou dans «Quelle vie de chien!» (1958), de Charles Barton, une production Disney qui voit Jean Hagen donner la réplique à un Fred MacMurray aussi amusant qu’un jour d’hiver. On la voit aussi dans des films noirs comme « le grand couteau» (1955), de Robert Aldrich, où elle joue les vamps aguicheuses et essaie de séduire Jack Palance. Un classique du genre, «Quand la ville dort» (1949), de John Houston, où elle interprète la petite amie de Sterling Hayden. Elle ne dédaigne pas non plus le western. Elle y trouve des rôles notables, mais assez conventionnels, comme celui de la femme de James Stewart qui, dans «L’homme à la carabine» (1952), fabrique, en prison, un nouveau modèle de fusil. Dans «Arène» (1953), de Richard Fleischer, elle incarne la femme d’un ex champion de rodéo, incarné par Gig Young, qui est devenu clown et aspire à retrouver le frisson de la piste. Ce rôle de compagne, qui reste dans l’ombre du héros, Jean Hagen le tient souvent au cinéma. Des personnages effacés qui ne rendent pas justice à son talent.
L’actrice s’essaie encore à d’autres genres: la comédie musicale, avec «Lune de miel au Brésil» (1953), de Mervyn LeRoy, qui permet d’apprécier les talents vocaux de Ricardo Montalban ou le film survivaliste, avec «Panique année zéro» (1962), de Ray Milland, dans lequel un couple - Ray Milland et Jean Hagen - et ses enfants essaient de survivre à une catastrophe nucléaire. Enfin, pour sa dernière apparition au cinéma, «La mort frappe trois fois» (1963), de Paul Henreid, Jean Hagen côtoie Bette Davis, magistrale dans un double rôle de sœurs jumelles.
Cette interruption précoce de sa carrière serait due, en grande partie, à ce qu’on appelle pudiquement un «problème» avec l’alcool. Quand Jean Hagen parvient, à la fin des années 60, à triompher d’une addiction qui la conduit aux portes de la mort, il est déjà trop tard. Elle fait bien quelques apparitions dans des séries comme «Starsky et Hutch» ou «Les rues de San Francisco», mais elle ne retrouve pas les plateaux de cinéma. Et c’est une autre maladie, un cancer de la gorge, qui a finalement raison d’elle, le 29 août 1977, alors qu’elle venait de fêter ses 54 ans.
© Jean-Pascal LHARDY

1948 | La rue de la mort ( Side Street ) de Anthony Mann avec Farley Granger |
1949 | Madame Porte-la-Culotte ( Adam’s rib ) de George Cukor
avec Spencer Tracy
Embuscade ( ambush ) de Sam Wood avec Robert Taylor Quand la ville dort ( the asphalt jungle ) de John Huston avec Sterling Hayden |
1950 | Ma vie à moi ( a life of her own ) de George Cukor avec Ray Milland |
1951 | Cœurs enchaînés ( night into morning ) de Fletcher Markle
avec John Hodiak
Discrétion assurée ( no questions asked ) de Harold F. Kress avec George Murphy + chansons Chantons sous la pluie ( sigin’ in the rain ) de Gene Kelly & Stanley Donen avec Gene Kelly Shadow in the sky – de Fred M. Wilcox avec Ralph Meeker |
1952 | L’homme à la carabine ( Carbine Williams ) de Richard Thorpe avec James Stewart |
1953 | Arène ( arena ) de Richard Fleischer
avec Gig Young
Lune de miel au Brésil ( latin lovers ) de Mervyn LeRoy avec Ricardo Montalban Le héros du jour ( half a hero ) de Don Weis avec Red Skelton |
1955 | Le grand couteau ( the big knife ) de Robert Aldrich avec Jack Palance |
1956 | Par la faute de son père ( spring reunion ) de Robert Pirosh avec Dana Andrews |
1958 | Quelle vie de chien ( the shaggy dog ) de Charles Barton avec Fred MacMurray |
1960 | Sunrise at Campobello – de Vincent J. Donahue avec Ralph Bellamy |
1962 | Panique année zéro ( panic in year zero ! / end of the world ) de Ray Milland avec Frankie Avalon |
1963 | La mort frappe trois fois ( dead ringer / dead image / who is buried in my grave ? ) de Paul Henreid avec Bette Davis |