Dolores Dorn

C’est à Chicago, le 3 mars 1934, celle qui se fera connaître sous le pseudonyme de Dolores Dorn, naît Dolores Heft à Chicago. Son père est concessionnaire automobile. Après sa scolarité, elle intègre l’école du «Théâtre Goodman» de Chicago d’où elle sort diplômée. En 1950, elle se présente au concours de Miss Chicago et finit troisième, un an plus tard pour le même évènement elle termine seconde. Puis, elle se produit ensuite avec la «Shaffner Players» une troupe de théâtre itinérante qui joue principalement dans le Midwest. En avril 1957, elle est distribuée à Broadway dans sept représentations de la pièce «Hide and seek» de Stanley Mann et Roger MacDougall, auprès de Basil Rathbone et Isobel Elsom.

Dès le milieu des années 1950, Dolores Dorn fait quelques apparitions au cinéma et à la télévision. Le 14 mai 1956, elle épouse le comédien Franchot Tone. L’année suivante, pour son unique réalisation, son mari lui offre le rôle féminin principal à ses côtés dans «Oncle Vania», une adaptation de Stark Young de la pièce de Anton Tchekhov. Le film présenté au Festival international de San Francisco permet à Dolores de remporter le prix de la meilleure actrice. Après une parenthèse de plusieurs mois consacrés à son couple, elle divorce d’avec Franchot Tone en janvier 1959. Elle revient en force au cinéma avec le premier rôle féminin dans le film policier «Les bas-fonds new-yorkais» signé par Samuel Fuller. Dolorès Dorn s’y montre remarquable dans le rôle de Cuddles, une prostituée qui tente de séduire Cliff Robertson en truand qui a vu son père se faire tuer par un gang et qui entreprend de se venger alors que les assassins sont devenus des chefs de la pègre new-yorkaise. En 1961, elle incarne la femme de Alan Ladd (dans un de ses derniers rôles) dans un autre film noir, «Lutte sans merci» réalisé par Phillip Leacock. Elle apparait une dernière fois au cinéma en 1980, dans un second rôle aux côtés de Lila Kedrova et Melvyn Douglas, dans «David et Eva» de Lee Grant, le premier long métrage américain à être écrit, produit et réalisé par des femmes, qui a récolté plus d’un million de dollars et a bénéficié d’une large distribution. Il est aussi le premier film réalisé par une femme à être projeté à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes.

Starlette mal exploitée au cinéma, la carrière de Dolores Dorn trouve un second souffle avec des apparitions dans plusieurs productions télévisées. On la voit notamment dans des téléfilms et dans des épisodes de séries très populaire comme «Les incorruptibles» (1962) avec Robert Stack, «Match contre la vie» (1965) avec Ben Gazzara, «L’homme de fer» (1974) avec Raymond Burr, «Drôles de dames», (1977) auprès du trio Kate Jackson, Farrah Fawcett et Jacklyn Smith, ou «Simon et Simon» (1985) avec Jameson Parker et Gerald McRaney, participation qui clos sa carrière d’actrice.

En août 1967, Dolores Dorn épouse en secondes noces l’acteur Ben Piazza. Deux ans plus tard, elle est l’interprète de la pièce de théâtre de son mari «Khaki Blues». Le couple divorce en juin 1979, alors que Ben vit une relation homosexuelle avec Wayne Tripp depuis 1973. Il meurt d’un cancer lié au sida en 1991. En 1977, Dolores Dorn devient professeure de théâtre pour l’«American Film Institute», puis en 1983 pour le «Lee Strasberg Institute». La même année, elle est également coach d’acteur pour l’émission télévisée «Star Search» pour Metromedia TV. Sans nouvelle d’elle depuis des années, elle décède dans l’anonymat le plus complet le 5 octobre 2019.

© Philippe PELLETIER