Oliver Reed

Le 13 février 1938 naît Robert Oliver Reed, dans le quartier londonien de Wimbledon. Son père Peter Reed est journaliste sportif; sa mère femme au foyer. Son grand-père, le comédien Herbert Beerbohm Tree a fondé l’Académie Royale des Arts Dramatiques (RADA), en 1904. Il est aussi le neveu du cinéaste Carol Reed. Après une scolarité chaotique, à 17 ans, déjà bâti comme une armoire à glace, il devient videur dans une boite de nuit de Soho, puis pratique plusieurs petits boulots.

Sans jamais avoir reçu de formation d’acteur et sans expérience théâtrale, Oliver Reed débute au cinéma au milieu des années 50. Une vingtaine de petits rôles dans des productions en tous genres, jusqu’à son interprétation de Léon qui se transforme en loup-garou quand vient la pleine lune dans «La nuit du loup-garou» (1961) de Terence Fisher, un personnage qui lui assure déjà une belle notoriété. En 1964, il tourne dans «Dans les mailles du filets», le premier des six films qu’il va interpréter pour Michael Winner, les aventures d’une bande de jeunes sans affecte qui séduisent les filles jusqu’au jour où l’un d’entre eux tombe amoureux. En 1968, son oncle Carol Reed fait de lui l’ignoble Bill Sikes dans «Oliver», une comédie musicale adaptée librement de Charles Dickens, couronnée par de nombreux prix. Il est ensuite le partenaire de Glenda Jackson et Alan Bates dans «Love» (1969), la première des cinq collaborations pour le cinéma avec Ken Russell. Notons que la nudité masculine non censurée dans la scène de lutte avec Bates est une première dans un film grand public. Toujours sous la direction de Ken Russell, il offre une de ses meilleures performances en père Urbain Grandier qui cherche à protéger la ville de Loudun de la corruption de Richelieu et qui finira accusé de sorcellerie par une nonne frustrée, incarnée par Vanessa Redgrave. Pour le même cinéaste, il joue dans «Mahler» (1974), «Tommy» (1974) et «Lisztomania» (1975) trois films musicaux anglais incontournable des années 70.

Mais Oliver Reed souvent ingérable, du à ses excès en tous genres, est relégué aux films de série B ou à des rôles plus secondaires. Il reste malgré tout toujours juste dans son jeu et même si les films sont parfois de qualité douteuse, ses interprétations restent toujours remarquables, comme dans «La poursuite implacable» (1973) thriller italien de Sergio Sollima, où il incarne un dignitaire qui prend l’initiative de libérer son épouse après qu’elle ait été prise en otage par des criminels impitoyables. Par admiration pour Robert Mitchum, il accepte un petit rôle dans «Le grand sommeil» (1977). Il est aussi Athos dans les trois films réalisés par Richard Lester sur «Les trois mousquetaire» ou le despotique Capitaine Shanks dans «Dragonard Hill» et «Le maître de Dragonard», deux films d’aventure de Gérard Kikoïne en 1987.

En 1999 à Malte, Oliver Reed incarne Antonius Proximo, ancien gladiateur devenu négociant, dans «Gladiator» de Ridley Scott. En plein tournage, le 2 mai, lors d’une mémorable beuverie, il est foudroyé par une crise cardiaque dans un bar de La Valette. Son personnage est repris par une doublure et son visage incrusté par ordinateur. Son corps est transféré pour ses funérailles à Churchtown, petite ville du comté irlandais de Cork où il résidait depuis plusieurs années. Il était le père de Mark Thurloe Reed né de son premier mariage avec Kate Byrne, et de Sarah Reed, issue de sa relation de 12 ans avec la danseuse Jacqueline Daryl. En 1975, il avait épousé Josephine Burge qui sera sa veuve.

© Pascal DONALD