![]() 1932 La vierge du rocher – de Georges Pallu avec Colette Darfeuil, Georges Melchior, Gaby Basset & Jean Garat | ![]() 1933 Sapho – de Léonce Perret avec Mary Marquet, Jean Max, Camille Bert, François Rozet & Fernand Charpin | ![]() 1938 Ceux de demain / L’enfant de troupe – de Adelqui Migliar & Georges Pallu avec Jeanne Boitel & Constant Rémy | ![]() 1939 Les trois tambours – de Maurice de Canonge avec Jean Yonnel, Madeleine Soria & Raymond Aimos | ||
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Né le 23 mars 1923, à Troyes, Jean Bara appartient à cette troupe nourrie d’infants acteurs qui montrent leurs frais minois sur les écrans des années 30 et 40. Selon nos critères actuels, ses interprétations, comme celles des autres enfants acteurs de l’époque, peuvent paraître un peu surfaites, comme si les réalisateurs demandaient au jeune comédien de forcer un peu le trait, afin de paraître le plus naturel possible. Cependant, le professionnalisme de l’acteur en herbe semble faire l’unanimité. Un journaliste du «Courrier des cinémas», venu lui rendre visite sur un tournage, en 1931, lui reconnaît «le calme et le culot d’un vieux routier».
Ce «métier», Jean Bara l’acquiert sur la scène. En effet, il monte sur les planche dès 1930, alors qu’il n’a que sept ans. Il paraît dans des spectacles pour enfants, notamment dans le cadre du théâtre du Petit-Monde, fondé par Pierre Humble en 1919, et spécialisé dans un répertoire réservé au jeune public. En 1930, le jeune comédien incarne ainsi le petit Poucet dans une comédie musicale du même nom, inspirée par le célèbre conte de Perrault. Il a encore le rôle principal, l’année suivante, dans un autre spectacle musical, «Bicot, Suzy et Cie», d’après les personnages imaginés par le scénariste et dessinateur Martin Branner. On le voit aussi dans des pièces plus conventionnelles, comme «L’homme, la bête et la vertu» (1931), de Pirandello, ou «Il était une fois» (1932/33), de Francis de Croisset, où il joue le fils de Gaby Morlay, rôle qu’il reprend à l’écran, en 1933, dans un film du même nom, signé par Léonce Perret. Cette expérience théâtrale confère un véritable prestige à l’enfant acteur, au point que, dans certains films, il est présenté, au générique, comme «le petit Jean Bara, du théâtre du Petit-Monde».
C’est donc sa carrière sur la scène qui le fait engager au cinéma, dès 1930. Il y est parfois en vedette, comme dans «Boule de gomme» (1931), de Georges Lacombe où, coiffé comme Louise Brooks, il mène la vie dure à la pauvre Maximilienne, qui incarne sa mère dans un film dirigé par un metteur en scène excédé, Léon Larive. Jean Bara pleurniche beaucoup, mais ne convainc pas vraiment dans le rôle de ce chenapan, qui fait des tours pendables à toute l’équipe du film. Dans «La vierge du rocher» (1932), un film larmoyant de Georges Pallu, il est aussi au centre du récit: il campe en effet un enfant miraculé, qui, après un pèlerinage à Lourdes, délaisse ses béquilles et se remet à marcher. Il est aussi en tête d’affiche dans des courts-métrages comme «Sur le tas de sable» (1931) ou «Les rois mages» (1931), réalisé par Louis Mercanton, qui y dirige également son fils, Jean Mercanton, un autre enfant acteur de l’époque.
Pour le reste, ses rôles sont plus conventionnels : c’est le fils d’une femme adultère, Tania Fédor, dans «Après l’amour» (1931), de Léonce Perret ou l’enfant adopté par le couple formé par Mary Marquet et François Rozet dans «Sapho» (1933), de Léonce Perret, d’après le roman d’Alphonse Daudet. A noter aussi son interprétation du jeune Louis XIV dans «Jérôme Perreau, héros des barricades» (1935), de Abel Gance. Comme la plupart des enfants acteurs, Jean Bara ne réussit pas, en tant que comédien, à franchir le cap de l’âge adulte. En effet, sa carrière se termine, en 1940, alors qu’il a 17 ans, par un dernier fil de Maurice de Canonge, «Les trois tambours». Il n’a plus guère fait parler de lui jusqu’à son décès, survenu le 2 mars 2020, à Courbevoie.
© Jean-Pascal LHARDY

1930 | La tendresse – de André Hugon avec Marcelle Chantal |
1931 | Après l’amour – de Léonce Perret
avec Gaby Morlay
CM Sur le tas de sable – de Louis Mercanton avec Jean Mercanton CM Les rois mages – de Louis Mercanton avec Arlette Peters CM Le meeting – de Louis Mercanton avec Renée Fleury CM Boule de gomme – de Georges Lacombe avec Maximilienne |
1932 | Mélo – de Paul Czinner
avec Pierre Blanchar
L’âne de Buridan – de Alexandre Ryder avec Colette Darfeuil La pouponnière – de Jean Boyer avec Françoise Rosay La vierge du rocher – de Georges Pallu avec Gaby Basset Il a été perdu une mariée – de Léo Joannon avec Madeleine Suffel CM Jour de vacances / Un jour de vacances – de Gaston Biasini |
1933 | Il était une fois – de Léonce Perret
avec André Luguet
Sapho – de Léonce Perret avec Mary Marquet CM L’homme mystérieux / Obsession – de Maurice Tourneur avec Louise Lagrange |
1934 | Nuit de mai – de Gustav Ucicky & Henri Chomette avec Käthe von Nagy |
1935 | Jérôme Perreau / Jérôme Perreau héros des barricades – de Abel Gance
avec George Milton
CM Le tampon du colonel – de Georges Pallu & Max Lerel avec Madeleine Guitty CM Son frère de lait – de Georges Pallu & Max Lerel avec Jacqueline Daix |
1938 | Ceux de demain / L’enfant de troupe – de Adelqui Migliar & George Pallu avec Jeanne Boitel |
1939 | Les trois tambours / Vive la nation – de Maurice de Canonge
avec Madeleine Soria
Remerciements à Jean-Pascal Constantin pour ses recherches d’état-civil |