![]() 1944 Heureux mortels (this happy breed) de David Lean avec John Mills, Robert Newton & Kay Walsh | ![]() 1945 Brève rencontre (brief encounter) de David Lean avec Trevor Howard, Joyce Carey & Stanley Holloway | ![]() 1955 L’enfant et la licorne (a kid for two farthings) de Carol Reed avec Diana Dors, Brenda de Banzie & Lou Jacobi | ![]() 1969 Les belles années de Miss Brodie (the prime of Miss Jean Brodie) de Ronald Neame avec Maggie Smith & Jane Carr | ||
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Il est des acteurs dont le nom reste associé, à jamais, à un seul film. C’est le cas de Dame Celia Johnson, qui nous émeut toujours autant dans «Brève rencontre» (1945), dont la réussite, en plus des acteurs (il y a aussi Trevor Howard dans l’un de ses plus beaux rôles) tient à la collaboration entre le réalisateur, David Lean, et le scénariste, le si spirituel Noel Coward. Cette histoire, si banale, surtout aujourd’hui, d’un homme et d’une femme mariés, qui s’éprennent l’un de l’autre sans oser sacrifier leur vie de famille à leur amour, est transcendée par l’intelligence de la mise en scène et le jeu sensible et fin, tout en retenue, d’une Celia Johnson dont les émotions frémissent sous la feinte impassibilité du visage.
Née le 18 décembre 1908, cette actrice au physique fin et au jeu plein de subtilité commence sa carrière sur les planches, à la fin des années 20. En 1931, elle joue Ophélie dans «Hamlet» monté à New York, au Broadhurst Theatre, avec Raymond Massey dans le rôle-titre. Trois ans plus tôt, elle avait fait ses débuts dans la pièce de George Bernard Shaw, «Major Barbara», et, en 1940, elle tient, dans «Rebecca», le rôle dévolu, la même année, à Joan Fontaine dans le célèbre film que tire Alfred Hitchcock du roman de Daphné Du Maurier. Au cinéma, la carrière de Celia Johnson n’est pas très fournie, mais, en dehors de «Brève rencontre», comprend quelques autres rôles notables. Ainsi, elle est parfaite en femme d’intérieur qu’on voit affronter, dans le beau film de David Lean, «Heureux mortels» (1944), les bonheurs et les drames qui sont le lot des familles de la classe moyenne dans ces années troublées qui précèdent la guerre. Même si son physique un peu banal la sert pour ce rôle, il fallait beaucoup de talent pour rendre avec cette justesse de ton le quotidien de cette femme humble, mais décidée.
Ces femmes discrètes, qui cachent, sous un dévouement sincère mais souvent subi, des failles et des désirs secrets, semblent les personnages de prédilection de Celia Johnson. C’est le cas de cette épouse meurtrie qui, dans «Egarements» (1949), de Terence Fisher et Antony Darnborough, s’inquiète des infidélités d’un mari soudain volage (interprété par Noel Coward, qui écrit à nouveau le scénario) ou de cette Jenny Gregory qui, dans «The holly and the ivy» (1949), de George More O’Ferrall, n’ose pas délaisser son révérend de père (admirable Ralph Richardson), dont elle s’occupe, pour rejoindre l’homme qu’elle aime. Elle est encore la femme sage et pondérée de Alec Guinness dans «Capitaine paradis» (1953), de Anthony Kimmins ou la mère de famille de «L’enfant et la licorne» (1954), un conte de fées moderne dirigé par Carol Reed. Pour son dernier film, «Les belles années de Miss Brodie» (1969), de Ronald Neame, elle campe la directrice de pensionnat stricte et conventionnelle, qui déplore l’éducation trop libre donnée à ses élèves par l’une des enseignantes de l’école (sans doute dans le meilleur de Maggie Smith.
A partir des années 60, Celia Johnson se tourne vers la télévision. Elle y participe à des pièces montées par la BBC, à des séries populaires outre-Manche, comme «Matilda’s England» (1979) ou «Nanny» (1982), avec Wendy Craig. On la voit aussi dans des téléfilms, notamment «The Dame of Sark» (1976), où elle incarne l’énergique dirigeante de cette petite île anglo-normande, encore régie par le régime féodal, ou une adaptation des «Misérables» (1978), avec Anthony Perkins. Anoblie par la Reine, un an avant sa mort, Dame Celia Johnson décède des suites d’une attaque le 26 avril 1982.
© Jean-Pascal LHARDY

1941 | CM A letter from home – de Carol Reed avec Joyce Grenfell |
1942 | Ceux qui servent la mer ( in which we serve ) de Noel Coward & David Lean
avec Noel Coward
Dear Octopus / The Randolph family – de Harold French avec Roland Culver CM We serve – de Carol Reed avec Penelope Dudley-Ward |
1944 | Heureux mortels ( this happy breed ) de David Lean
avec John Mills
Prix NBR de la meilleure actrice par la National Board of Review, USA |
1945 | Brève rencontre ( brief encounter ) de David Lean
avec Trevor Howard
Prix NYFCC de la meilleure actrice par le cercle des critiques de cinéma de New York, USA |
1949 | Egarements ( the astonished heart ) de Anthony Darnborough & Terence Fisher
avec Margaret Leighton
The Holly and the Ivy – de George More O’Ferrall avec Ralph Richardson |
1951 | I believe in you – de Basil Dearden avec Laurence Harvey |
1953 | Capitaine Paradis / Le paradis du capitaine ( the captain’s Paradise / the captain’s progress / paradise ) de Anthony Kimmins avec Alec Guinness |
1954 | L’enfant et la licorne ( a kid for two farthings ) de Carol Reed avec Diana Dors |
1956 | The good companions – de Jack Lee Thompson avec Hugh Griffith |
1969 | Les belles années de Miss Brodie ( the prime of Miss Jean Brodie ) de Ronald Neame
avec Maggie Smith
BAFTA du meilleur second rôle féminin aux British Academy Awards, Grande-Bretagne |
1979 | La tour Eiffel en otage / La tour en otage ( the hostage tower ) de Claudio Guzman avec Douglas Fairbanks Jr. |