Val Kilmer

Issu d’une famille s’origine suédoise, allemande et Cherokee, Val Kilmer voit le jour le 31 décembre 1959, à Los Angeles en Californie. Son père Eugene Kilmer est distributeur d’équipement aérospatial et agent immobilier. Sa mère, Gladys (née Ekstadt) est femme au foyer. Il grandit dans une atmosphère artistique mais instable, marquée par le divorce de ses parents et le décès de son jeune frère Wesley. Ces événements forgent chez lui une sensibilité à fleur de peau, qu’il exprimera plus tard avec passion dans son métier de comédien. Très tôt, il fréquente la prestigieuse «Juilliard School» de New York, devenant l’un des plus jeunes élèves admis dans le programme dramatique. Il y affine sa technique et s’impose comme un comédien sérieux, ambitieux et perfectionniste.

Val Kilmer débute ai théâtre avant de se faire remarquer à Hollywood, au milieu des années 1980, avec «Top secret!» (1984), une parodie d’espionnage où il révèle un talent comique inattendu. Mais c’est en 1986, dans «Top Gun» de Tony Scott, aux côtés de Tom Cruise, qu’il accède à la notoriété mondiale grâce à son interprétation du pilote arrogant «Iceman», personnage devenu culte. Il enchaîne ensuite les rôles marquants, comme celui de Jim Morrison dans «The Doors» (1990) de Oliver Stone, un rôle pour lequel il s’investit corps et âme, allant jusqu’à chanter lui-même les chansons du groupe, puis l’as de la gâchette Doc Holliday, dans le western «Tombstone» (1993) de George Pan Cosmatos, considéré par beaucoup comme son meilleur rôle. En 1994, il revêt le costume du Chevalier Noir dans «Batman forever», succédant à Michael Keaton. Si le film rencontre le succès commercial, l’expérience s’avère éprouvante pour Val Kilmer, qui se heurte aux obligations du réalisateur Joel Schumacher. C’est un moment charnière pour l’acteur, réputé pour son exigence (parfois confondue avec de l’arrogance), il voit alors sa réputation ternie à Hollywood.

Les années 2000 marquent un déclin progressif de sa carrière cinématographique, bien qu’il continue à livrer des performances notamment saluées, comme dans «Kiss Kiss Bang Bang» (2004) aux côtés de Robert Downey Jr.. Mais c’est surtout en 2015 que sa vie bascule lorsqu’on lui diagnostique un cancer de la gorge. Après plusieurs interventions chirurgicales et traitements, Val Kilmer perd en grande partie l’usage de sa voix, rendant la parole difficile et douloureuse. Malgrè cette épreuve, il fait preuve d’une remarquable résilience. En 2020, il publie «I’m your Huckleberry», une autobiographie poignante dans laquelle il évoque sa carrière, ses amours (notamment avec Cindy Crawford, Cher, Daryl Hannah et Angelina Jolie) et son mariage avec Joanna Whalley, la mère de ses deux enfants, mais aussi son combat contre la maladie. L’année suivante, il bouleverse le public dans le documentaire «Val», signé Ting Poo et Leo Scott, où il livre un portrait intimiste et brut de lui-même à travers des vidéos personnelles filmées tout au long de sa vie.

En 2021, il revient symboliquement dans «Top Gun: Maverick», recréant un moment d’émotion rare face à Tom Cruise, avec l’aide de la technologie pour restaurer sa voix. Val Kilmer demeure, au-delà des controverses et des silences imposés par la maladie, une figure inclassable du cinéma américain. Acteur de génie, écorché vif, il décède le 1er avril 2025, emporté par une pneumonie.

© Philippe PELLETIER