Stan Winston

Abandonnant ces ambitions d’apparaitre en personne devant les caméras, ce sont ces créations qui le feront pour lui. Rapidement, Stan Winston crée son propre atelier de maquillage qui ne cessera de croitre au fil des années devenant une véritable entreprise. Il débute à la télévision, sachant jongler avec les budgets ridicules qu’allouent les producteurs à ce genre de réalisation. En 1972, il obtient son premier Emmy pour le téléfilm «Gargoyles». C’est en 1973 que le cinéma fait appel à son art lorsque Arthur Hiller adapte la pièce de Robert Shaw «The man in the glass booth», avec Maximilian Shell et Lois Nettelton. L’année suivante, il réalise les maquillages de «The bat people», une série B réalisée par Jerry Jameson, avec Michael Pataki. Il revient vers le petit écran ou il crée les transformations perpétuelles de Simon MacCorkindale pour la série «Manimal». Pour le septième art, il est considéré comme l’égal de Rick Baker («Le loup-garou de Londres») ou encore Rob Bottin («Total Recall»), avec qui il collabore en 1981 pour «The thing» de John Carpenter, remake du film éponyme réalisé quelques années plus tôt par Howard Hawks. À propos de cette collaboration, Stan Winston insiste pour que son nom n’apparaisse pas en aussi gros caractère que celui de son compère, ne voulant pas l’éclipser alors que ce dernier, trop surmené, ne pouvait venir à bout de ce projet.

Stan Winston n’hésite pas, comme le fait Jim Henson, pour employer des moyens très artisanaux afin de dissimuler la morphologie humaine avec un réalisme proche du génie. Le chien de «The thing» n’est autre qu’une marionnette à main, les extra-terrestre de «L’invasion venue de Mars» (1986), réalisé par Tobe Hopper sont des nains juchés à l’envers sur des figurants dépassant les deux mètres de hauteur. À l’époque ou le numérique détrône l’artisanal, le réalisme des créatures crées par Stan Winston tient du fait qu’elles sont interprétées par des êtres humains. Cette même année, il collabore avec James Cameron lorsque qu’il dirige la seconde partie de la saga d’Alien, «Aliens, le retour», ce qui lui vaut l’Oscar des effets spéciaux ainsi que d’autres récompenses à travers divers festivals européens.

Stan Winston est également derrière la caméra en qualité de second-assistant-réalisateur, tout comme il l’était sur le tournage de «Terminator» (1984) également réalisé par James Cameron. En 1988, il se lance dans la réalisation pour «Le démon d’Halloween», avec Lance Henriksen, un «teen movie» qui malgré trois suites n’auront pas l’envergure ni la créativité du premier opus. Il réitère cette expérience quelques années plus tard, en 1990 en réalisant «A gnome named Gnorm», sortie en France sous le titre très improbable de «Galacticop, les flics de l’espace», avec Jerry Orbach, puis en 1997 pour un court métrage intitulé «Ghosts», inspiré par la chanson «Bad» de Michael Jackson.

Entre temps, Stan Winston ne chôme pas. Il crée les dinosaures de «Jurassic Park» (1992) pour Steven Spielberg, dessine le visage du pierrot lunaire interprété par Johnny Deep, ainsi que ses mains, pour «Edward aux mains d’argent» (1990) de Tim Burton, cinéaste qu’il retrouve en 1991 pour le deuxième opus de la saga Batman, «Batman, le défi». En 2001, il crée «Stan-Winston-Creatures», une société spécialisée dans la création de jouets et de bandes dessinées. Il décède le 15 juin 2008, vaincu par le cancer. Il reste, pour tout le monde, le fondateur d’une nouvelle génération s’effets spéciaux.

© Christophe LAWNICZAK