Shelley Duvall

Fille de Robert Richardson Duvall, vendeur de bétail qui deviendra plus tard avocat, et de son épouse Bobbie Ruth née Massengale, coutière en immobilier, Shelley Duvall vient au monde le 7 juillet 1949, à Fort Worth au Texas. Ses trois frères, Scott, Shane et Stewart viendront compléter la famille. Elle passe les premières années de sa vie ballotée dans divers endroits du Texas en fonction des activités de son père, avant que la famille ne s’installe à Houston alors qu’elle a cinq ans. Très jeune elle aspire à devenir scientifique. Après avoir obtenu son diplôme au lycée Waltrip en 1967, elle vend des cosmétiques chez Foley’s et fréquente le South Texas Junior College où elle se spécialise en nutrition et en diététique.

Shelley Duvall a tout juste vingt ans quand Robert Altman la remarque lors d’une soirée et lui confie un rôle dans «Brewster McCloud» (1969). D’abord réticente, celle qui n’a jamais voyagé en dehors du Texas accepte de passer un test à Los Angeles, avant d’intégrer le casting du film. C’est le début d’une belle collaboration entre le réalisateur et l’actrice au physique atypique. Loin des canons de beauté d’Hollywood, mais naturelle à l’écran et talentueuse, elle tourne à nouveau sous la direction du cinéaste dans six autres films. En 1970 dans «John McCabe», en 1973 dans «Nous sommes tous des voleurs» en 1975 dans «Nashville», en 1976 «Buffalo Bill est les indiens», en 1980 dans «Popeye», où elle incarne une Olive Oyl très convaincante aux côtés de Robin Williams dans le rôle-titre. Mais c’est grâce à «Trois femmes» (1977), qu’elle remporte le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes et plusieurs autres récompenses et nominations. En 1976, elle joue un second rôle auprès de Diane Keaton dans «Annie Hall», film aux quatre Oscars que réalise Woody Allen.

Mais Shelley Duvall marque l’histoire du cinéma d’horreur avec son rôle de Wendy Torrance, aux côtés de Jack Nicholson, dans le terrifiant «Shining» (1980) de Stanley Kubrick, d’après le roman de Stephen King. Après l’avoir maltraitée, Stanley Kubrick dira d’elle: «Shelley a contribué à faire de Shining un chef-d’œuvre absolu en donnant le meilleur d’elle-même et en jouant d’une manière qui met en valeur la peur et l’horreur d’une mère isolée». Elle ajoute à sa filmographie plusieurs œuvres marquantes dont «Bandits, bandits» de Terry Gilliam (1981) ou encore «À fleur de peau» (1994) de Steven Soderbergh. On la voit encore dans «Roxanne» (1987), adaptation de Cyrano de Bergerac par Fred Schepisi et sous la direction de Jane Campion dans «Portrait de femme» (1995). Le théâtre, la télévision et la chanson, font aussi partie de la carrière de Shelley Duvall. Entre 1986 et 1994, elle se consacre essentiellement à la production de programmes télévisés pour enfants.

Après les films «Big monster on campus» (1999) de Mitch Marcus et «Manna from heaven» (2001) de Gabrielle et Maria Burton, Shelley Duvall s’éloigne des plateaux de cinéma. En 2016, elle revient pour une interview dans le talk-show «Dr. Phil.», qui suscite la polémique, car l’animateur la présente à tort comme souffrant de troubles paranoïaques. En 2022, elle sort de sa retraite pour apparaître dans «The forest hills» un thriller horrifique de Scott Goldberg avec Edward Furlong, point final à sa carrière. L’actrice est morte de complications du diabète, le jeudi 11 juillet 2024 dans son sommeil à son domicile de Blanco, au Texas, à l’âge de 75 ans.

© Philippe PELLETIER – Remerciements à Samuel MANTSOUAKA