![]() 1962 Les mystères de Paris – de André Hunebelle avec Jean Marais, Dany Robin, Jill Haworth & Pierre Mondy | ![]() 1969 La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil (lady in a car) de Anatole Litvak avec Samantha Eggar & Oliver Reed | ![]() 1974 La soupe froide – de Robert Pouret avec Julian Negulesco, Jean-Jacques Moreau & Raymond Bussières | ![]() 1990 Les amusements de la vie privée (i divertimenti della vita privata) de Cristina Comencini avec Vittorio Gassman | ||
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Maria Meriko, c’est d’abord cette voix caverneuse, ces pommettes saillantes et ce regard clair de charmeuse de serpents. Avec son visage raviné de vieille devineresse, on a toujours l’impression qu’elle va entrer en transe et vous jeter un sort. Née en Géorgie, le 24 mars 1920, Maria Meriko, de son vrai nom Maria Alikhanichvili, s’intéresse d’abord à la sculpture et suit les leçons de l’Ecole des Beaux-Arts. Mais, en 1946, une amie la fait assister au cours d’art dramatique de Fernand Bellan, un acteur aperçu dans «Thierry la Fronde» ou dans des films comme «Assassins et voleurs». Peu après, elle débute sur les planches, où elle aura une carrière fournie. On la voit ainsi dans «La dame de l’aube» (1948) d’Alejandro Casona où, aux côtés de Andrée Tainsy, elle tient le rôle de la Mère.
Mais bientôt sa voix de bronze et sa contenance funèbre l’orientent vers un genre qui finit par lui peser un peu, la tragédie. À cet égard, son personnage favori est celui d’Oenone, la nourrice et confidente de la «Phèdre» de Racine, qu’elle interprète à plusieurs reprises, dans des mises en scènes de Gaston Baty (1952), Jean Darnel (1966) ou encore Marcelle Tassencourt (1977). Mais, portée par la puissance dramatique d’un jeu pourtant contenu, elle est aussi Agrippine dans le «Britannicus» monté par Marcelle Tassencourt, en 1964, mais aussi la nourrice Gora dans «Médée» (1972) dirigée encore par le même metteur en scène, avec Annie Ducaux dans le rôle titre. Elle incarne encore Volumnie dans le «Coriolan» de Shakespeare, en 1964, la mère Croce dans «Liola» (1965) de Pirandello, au Vieux Colombier, ou, seule en scène, la femme éperdue de la «Voix humaine» (1977) de Jean Cocteau.
Le cinéma a peu de rôles à proposer à cette tragédienne. Elle y débute, à la fin des années 1950, dans des rôles de domestiques, dans «Assassins et voleurs» (1956) de Sacha Guitry, son premier film, ou dans «L’affaire Nina B.» (1961) de Robert Siodmak. On la voit aussi dans un univers qui lui convient comme un gant, celui des «Mystères de Paris» (1962) de André Hunebelle, ou dans «La soupe froide» (1974) de Robert Pouret, où elle fait partie de la population haineuse d’un petit village, qui s’en prend à un fils d’immigré italien et incendie sa ferme. Incarnation saisissante de la mort dans «Les fruits de la passion» (1980), de Shuji Terayama, elle personnifie encore une Gitane auprès de Jean-Paul Belmondo dans «L’incorrigible» (1975) de Philippe de Broca.
Mais c’est sans aucun doute la télévision qui, dans les années 1960 et 70, l’a révélée au grand public, en lui offrant des rôles parfois mémorables. Comment oublier la reine Atossa des «Perse » (1962) d’Eschylle, que Jean Prat, à une époque où le service public n’était pas un vain mot, n’hésite pas à présenter à une heure de grande écoute? Comment oublier l’impressionnante Catherine de Médicis, tout de noir vêtue et le masque dur, dans «La dame de Monsoreau» (1971) de Yannick Andréi? Mais il y a aussi La Voisin, dans un épisode de «La caméra explore le temps» (1960) de Stellio Lorenzi, Julienne, la femme (sur l’écran et dans la vie), de Judas le comédien, incarné par Fernand Bellan, dans le célèbre «Thierry la Fronde» (1965) de Robert Guez, et puis encore la duègne de «D’Artagnan amoureux» (1977), avec Nicolas Silberg ou même Marie Curie, dans «Irène et Fred» (1984) de Roger Kahane, avec Marcel Cuvelier. Maria Meriko s’éteint le 29 juillet 1994 à Villejuif.
© Jean-Pascal LHARDY

1956 | Assassins et voleurs – de Sacha Guitry avec Michel Serrault |
1958 | Une simple histoire – de Marcel Hanoun avec Raymond Jourdan |
1961 | L’affaire Nina B. ( affäre Nina B. / the Nina B. affair ) de Robert Siodmak avec Pierre Brasseur |
1962 | Les mystères de Paris – de André Hunebelle
avec Jean Marais
CM Fumée, histoire et fantaisie – de Edouard Berne & François Villiers avec Michel Piccoli |
1969 | La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil ( lady in a car / the lady in the car with glasses and a gun ) de Anatole Litvak avec Oliver Reed |
1972 | Le rendez-vous en forêt – de Alain Fleischer
avec Heinz Bennent
Le Bar de la Fourche – de Alain Levent avec Jacques Brel |
1974 | La soupe froide – de Robert Pouret avec Julian Negulesco |
1975 | L’incorrigible – de Philippe de Broca avec Jean-Paul Belmondo |
1980 | Les fruits de la passion ( Shanghai ijin shôkan – China Doll / shina ningyo / the story of O continued / fruits of passion ) de Shuji Terayama avec Klaus Kinski |
1987 | La maison assassinée – de Georges Lautner avec Patrick Bruel |
1989 | Suivez cet avion ! – de Patrice Ambard
avec Lambert Wilson
La veillée / La passion Van Gogh – de Samy Pavel avec Philippe Volter |
1990 | Les amusements de la vie privée ( i divertimenti della vita privata ) de Cristina Comencini avec Vittorio Gassman |
1993 | Priez pour nous – de Jean-Pierre Vergne avec Thomas Rochefort |