![]() 1939 Campement treize – de Jacques Constant avec Alice Field, Paul Azaïs, Gabriel Gabrio & Sylvia Bataille | ![]() 1942 Le capitaine Fracasse – de Abel Gance avec Assia Noris, Fernand Gravey, Mona Goya & Maurice Escande | ![]() 1947 Rocambole – de Jacques de Baroncelli avec Sophie Desmarets, Pierre Brasseur & Robert Arnoux | ![]() 1958 Police judiciaire – de Maurice de Canonge avec Anne Vernon, Henri Vilbert & Robert Manuel | ||
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Visage de marbre et regard sévère, Lucien Nat ressemble à un pasteur luthérien mâtiné de Grand d’Espagne. Ce burgrave, né le 11 janvier 1895 à Paris, est avant tout un homme de théâtre. C’est sous l’égide de Jacques Copeau qu’il débute sur la scène, jouant «La dauphine», de François Porché, en 1921, ou «La princesse Turandot» d’après Carlo Gozzi, l’année suivante. Puis il quitte le Vieux-Colombier pour le théâtre Montparnasse, où il rejoint Gaston Baty, qui le dirige dans «L’opéra de quat’sous» de Brecht, en 1930, ou «Crime et châtiment» (1933) de Dostoïevski. Puis Lucien Nat poursuit, durant quatre décennies encore, sa riche carrière scénique: il incarne le libertin Octave des «Caprices de Marianne» (1940) de Musset, le riche docteur Rank, amoureux de Nora, dans la «Maison de poupée» d’Ibsen, montée en 1952 par Jean Mercure, ou encore Metternich dans «L’aiglon» d’Edmond Rostand, en 1963.
Au cinéma, où il débute au début des années 30, Lucien Nat, qui considère le grand écran avec la condescendance des grands baladins, doit se contenter de rôles effacés. Il conspire contre Raspoutine dans «La tragédie impériale» (1937) de Marcel L’Herbier, puis assassine ses camarades dans «Le dernier des six» (1941) de Georges Lacombe, une aventure de M. Wens, le personnage créé par Stanislas-André Steeman, filmée par Georges Lacombe, et se fait délateur dans «Pontcarral, colonel d’Empire» (1942) de Jean Delannoy. L’âge venant, Lucien Nat se raidit dans une morgue espagnole et imprime à sa bouche un pli sarcastique qui exprime son dédain du monde. Plein de hauteur dédaigneuse, il incarne ainsi, dans «Le bossu» (1943) de Jean Delannoy, l’infâme Peyrolles, ou encore le hautain duc d’Albe, le gouverneur espagnol des Pays-Bas en révolte, dont, dans «Patrie» (1945) de Louis Daquin, il fait un portrait à charge. Dans sa fresque sur l’histoire d’une famille française de 1871 à 1939, «Untel père et fils» (1940), Julien Duvivier a confié à Lucien Nat le rôle essentiel de Bernard Froment qui, à travers les années, symbolise le Français moyen. Mais ce film n’ajoute rien à sa renommée car, œuvre de propagande anti-nazie, il ne sort qu’après la Libération. L’acteur dessine aussi de sa distinction un peu guindée des personnages comme Napoléon III dans «La valse de Paris» (1949) de Marcel Achard, ou Montesquieu, pour les deux épopées historiques de Sacha Guitry, «Si Versailles m’était conté» (1953) et «Si Paris m’était conté» (1955). Sa prestance austère lui vaut encore des rôles d’aristocrates, comme ce M. de Cellamare de «Cartouche, roi de Paris» (1948) de Guillaume Radot, ou de notables, tels l’avocat général de «Nous sommes tous des assassins» (1952) de André Cayatte ou le procureur du «Petit Jacques» (1953) de Robert Bibal. Lucien Nat affectionne les adaptations littéraires, celle du roman d’André Maurois, «Climats», dans le film du même nom de Stellio Lorenzi, en 1961, ou celle de l’œuvre de Mauriac, «Thérèse Desqueyroux» (1962), filmée par Georges Franju, où, cette fois il campe le père de Emmanuelle Riva.
À la télévision, il participe à des séries populaires, comme «La caméra explore le temps», où il incarne, en 1959, François 1er d’Autriche, le grand-père de l’Aiglon, «Le tribunal de l’impossible» (1965/67) ou encore «Les enquêtes du commissaire Maigret» (1971). Il personnifie encore Dom Luis, le père de Don Juan, dans le mémorable «Don Juan ou le festin de Pierre» (1965) de Marcel Bluwal, ou encore M. Gillenormand, le grand-père de Marius, dans la version des «Misérables» (1972), toujours de Bluwal. Lucien Nat s’éteint à Clichy-la-Garenne, dans les Hauts-de-Seine, le 25 juillet 1972.
© Jean-Pascal LHARDY

1931 | CM Deux bons copains – de Abel Jacquin avec Mireille |
1932 | Les gaietés de l’escadron – de Maurice Tourneur avec Jean Gabin |
1933 | Les misérables – de Raymond Bernard
avec Harry Baur
Film en 3 parties 1 : Tempête sous un crâne 2 : Les Thénardier 3 : Liberté, liberté chérie |
1936 | La tendre ennemie – de Max Ophüls avec Simone Berriau |
1937 | Boissière – de Fernand Rivers
avec Pauline Carton
Forfaiture – de Marcel L’Herbier avec Sessue Hayakawa La tragédie impériale – de Marcel L’Herbier avec Jean Worms |
1939 | Campement treize – de Jacques Constant
avec Alice Field
Le corsaire – de Marc Allégret avec Louis Jourdan Inachevé |
1940 | Untel père et fils – de Julien Duvivier avec Raimu |
1941 | Le dernier des six – de Georges Lacombe avec Michèle Alfa |
1942 | Les affaires sont les affaires – de Jean Dréville
avec Renée Devillers
Pontcarral, colonel d’Empire – de Jean Delannoy avec Pierre Blanchar Le capitaine Fracasse – de Abel Gance avec Assia Noris Des jeunes filles dans la nuit – de René Le Hénaff avec Gaby Morlay |
1943 | Mermoz – de Louis Cuny
avec Héléna Manson
Le bossu – de Jean Delannoy avec Paul Bernard CM La main de l’homme / Prodige de la main – de Jean Tedesco & François Ardouin avec Jean-Louis Allibert |
1944 | Lunegarde – de Marc Allégret avec Jean Tissier |
1945 | Patrie – de Louis Daquin avec Jean Desailly |
1946 | Martin Roumagnac – de Georges Lacombe
avec Marlene Dietrich
Le chanteur inconnu – de André Cayatte avec Maria Mauban |
1947 | Fort de la solitude / Ras el Gua, le fort de la solitude – de Robert Vernay
avec Claudine Dupuis
Rocambole – de Jacques de Baroncelli avec Sophie Desmarets La revanche de Baccarat – de Jacques de Baroncelli avec Pierre Brasseur Neuf garçons, un cœur – de Georges Freeland avec Edith Piaf |
1948 | Le mystère de la chambre jaune – de Henri Aisner
avec Pierre Renoir
Cartouche, roi de Paris – de Guillaume Radot avec Roger Pigaut |
1949 | La valse de Paris – de Marcel Achard
avec Yvonne Printemps
Retour à la vie – de Henri-Georges Clouzot, André Cayatte, Jean Dréville & Georges Lampin avec Bernard Blier Segment « Le retour de Tante Emma » de André Cayatte Le parfum de la dame en noir – de Louis Daquin avec Serge Reggiani |
1950 | Le bagnard – de Willy Rozier avec Milly Mathis |
1952 | Violettes impériales ( violetas imperiales ) de Richard Pottier
avec Carmen Sevilla
Nous sommes tous des assassins – de André Cayatte avec Raymond Pellegrin Le dernier Robin des Bois – de André Berthomieu avec Nicole Maurey |
1953 | Si Versailles m’était conté – de Sacha Guitry
avec Micheline Presle
Le petit Jacques – de Robert Bibal avec Micheline Francey |
1954 | Le dossier noir – de André Cayatte
avec Bernard Blier
Le pain vivant – de Jean Mousselle avec Jean-François Calvé |
1955 | Si Paris nous était conté – de Sacha Guitry avec Jean Marais |
1956 | Reproduction interdite – de Gilles Grangier avec Annie Girardot |
1958 | Police judiciaire – de Maurice de Canonge avec Robert Manuel |
1959 | Sans tambour ni trompette ( die gans von Sedan ) de Helmut Käutner avec Dany Carrel |
1961 | Le petit garçon de l’ascenseur – de Pierre Granier-Deferre
avec Louis Seigner
Climats – de Stellio Lorenzi avec Marina Vlady Les amours célèbres – de Michel Boisrond avec Simone Signoret Segment « Jenny de Lacour » |
1962 | Thérèse Desqueyroux / Thérèse – de Georges Franju avec Emmanuelle Riva |
1964 | Les amitiés particulières – de Jean Delannoy
avec Michel Bouquet
Passeport diplomatique agent K 8 / Passeport diplomatique – de Robert Vernay avec Roger Hanin |