![]() 1943 Feu Nicolas – de Jacques Houssin avec Rellys, Suzanne Dehelly, Raymond Cordy & Félicien Tramel | ![]() 1951 Les deux gamines – de Maurice de Canonge avec Suzy Prim, Jean-Jacques Delbo & Jean Toulout | ![]() 1951 Les deux gamines – de Maurice de Canonge avec Suzy Prim, Jean-Jacques Delbo & Jean Toulout | ![]() 1956 Eléna et les hommes – de Jean Renoir avec Ingrid Bergman, Jean Marais, Jean Richard & Mel Ferrer | ||
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Durant l’Occupation, une chanson remporte un immense succès. «Seule ce soir» parle de tous les absents, prisonniers et déportés, qui sont loin de leurs foyers. La voix chaude et profonde de son interprète, Léo Marjane, a dû faire verser bien des larmes. C’est la plus grande réussite de cette artiste talentueuse, un peu oubliée aujourd’hui. Née le 26 août 1912 à Boulogne-sur-Mer, Léo Marjane, de son vrai nom Thérèse Gendebien, est d’abord attirée par les chevaux et le droit. Elle se verrait bien écuyère ou avocate. Mais elle a aussi le sens de la musique et une belle voix grave. Elle débute à Marseille dès la fin des années 20 et, sous le nom de Rita Caroly, forme un duo fantaisiste avec un autre chanteur.
Puis elle change de registre au début de la décennie suivante et sa carrière décolle. Léo Marjane se produit sur des scènes réputées, comme l’ABC ou Bobino, et enregistre ses premiers disques. Parmi ses plus grands succès, on peut citer «En septembre sous la pluie» (1937), «C’est la barque du rêve» (1938) ou encore «C’était une histoire d’amour» (1943), une chanson créée par Edith Piaf. Bien avant nos chanteurs contemporains, Léo Marjane interprète des titres étrangers, en version française ou non. Elle a ainsi contribué à mieux faire connaître en France de grands succès de Cole Porter, comme «Begin the beguine», d’Harold Arlen, comme la célèbre chanson de Judy Garland, «Over the rainbow». Elle inscrit aussi à son répertoire l’une des plus populaires chansons de marche, «It’s a long way to Tipperary» et «Bei mir bist du shein», standard de jazz, chanté en anglais et popularisé par les Andrews Sisters.
Contrairement à d’autres chanteurs, le cinéma n’intéresse pas vraiment Léo Marjane. Elle n’a qu’un rôle notable, dans «Les deux gamines» (1951), de Maurice de Canonge. Elle y incarne, comme il se doit, une célèbre chanteuse. Elle est en tête d’affiche et, pourtant, elle n’apparait qu’au début et à la fin du film. En effet, elle est victime d’un accident d’avion alors qu’elle entame une tournée à travers le monde. Mais, coup de théâtre, elle n’a pas péri dans le crash et elle resurgit à point nommé pour tirer sa petite fille des griffes d’une gouvernante sadique, Suzy Prim. Huit ans plus tôt, elle a débuté, aux côtés de Rellys, dans un film de Jacques Houssin, «Feu Nicolas» (1943). Le temps de fredonner quelques chansons, dont un titre un peu swing, «J’ai vendu mon âme au diable», concocté par Loulou Gasté. On la voit ensuite, ou plutôt on l’entend, dans «Elena et les hommes» (1956), de Jean Renoir, où elle incarne une chanteuse des rues, dont la goualante est interrompue par un début d’émeute. Enfin, Léo Marjane double une chanteuse de cabaret dans «Ariane» (1957), la version française du film de Billy Wilder.
Chantant sur les ondes de Radio Paris, contrôlée par les Allemands, Léo Marjane a quelques ennuis au moment de la Libération. Dans les années 50, elle connaît encore quelque succès avec des chansons comme «Mademoiselle Hortensia», créée par Yvette Giraud. Charles Aznavour et Jean Constantin écrivent aussi pour elle. Elle fait des tournées à l’étranger, notamment aux Etats-Unis, où elle s’est déjà rendue avant la guerre. Rien n’y fait, les chanteuses à voix ne sont plus à la mode. Elle se retire au débuts des années 60. Devenue baronne de Ladoucette, elle s’installe en province et se consacre à sa passion de toujours, les chevaux, aidée par son second mari, écuyer au Cadre noir de Saumur. La chanteuse coule là une vieillesse paisible et s’éteint à Barbizon, dans sa 105e année, le 18 décembre 2016.
© Jean-Pascal LHARDY

1943 | Feu Nicolas – de Jacques Houssin
avec Rellys
+ chansons |
1951 | Les deux gamines – de Maurice de Canonge
avec Suzy Prim
+ chansons |
1956 | Eléna et les hommes – de Jean Renoir
avec Ingrid Bergman
+ chansons |
1957 | Ariane ( love in the afternoon ) de Billy Wilder
avec Gary Cooper
Seulement chansons dans la version française |
2002 | Un américain bien tranquille ( the quiet american / the spy ) de Phillip Noyce
avec Michael Caine
Seulement chansons |