![]() 1945 Naïs – de Raymond Leboursier avec Fernandel, Raymond Pellegrin, Henri Poupon & Charles Blavette | ![]() 1948 La belle meunière – de Marcel Pagnol avec Tino Rossi, Lilia Vetti, Raoul Marco & Suzanne Desprès | ![]() 1952 Manon des sources – de Marcel Pagnol avec Charles Blavette, Rellys, Robert Vattier & Henri Vilbert | ![]() 1953 Carnaval – de Henri Verneuil avec Fernandel, Pauline Carton, Antonin Berval & Mireille Perrey | ||
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Si Jacqueline Pagnol s’est illustrée par un rôle, dans sa courte carrière, c’est bien par celui de Manon dans le film de son époux, «Manon des sources» (1952), peut-être le chef-d’œuvre de Marcel Pagnol. Dans ce drame à l’antique, où les forces de la nature s’affrontent aux passions humaines, on sent souffler le mistral et on respire toutes les senteurs de la Provence. Cette Parisienne sait prendre, sans se ridiculiser, l’accent provençal et, faisant oublier ses 30 ans, nous fait croire à la pureté et aux émois de cette jeune sauvageonne. Quand elle évoque son enfance, et toute sa famille obligée d’aller très loin chercher de l’eau, faute d’avoir été avertie par les villageois de l’existence d’une source, Jacqueline Pagnol est très émouvante.
C’est Marcel Pagnol, épousé en 1945, qui, en dehors de «Manon des sources, offre ses plus beaux rôles à sa femme, celui de «Naïs», dans le film du même nom (1945) réalisé par Raymond Leboursier, où, courtisée par Fernandel, elle s’éprend de Raymond Pellegrin, au grand dam de son père, remarquable Henri Poupon, un fermier taciturne et rancunier, qui considère sa fille comme sa bonne ou «Topaze» (1950), d’après la célèbre pièce du même nom, qui voit à nouveau Fernandel, professeur à la pension Muche, faire les yeux doux à la fille du patron, interprétée avec finesse par Jacqueline Pagnol. Quant à «La belle meunière» (1948), le film est un échec, ce qui s’explique en partie par le choix improbable de Tino Rossi en Schubert (revu et corrigé, il est vrai, pour les besoins du film). Quant à l’histoire, qui fait de Jacqueline Pagnol une gardienne de chèvres (moins inspirée que sa Manon des sources) surprise au bain par le musicien émoustillé, elle est bien faible.
D’autres réalisateurs ont donné sa chance à Jacqueline Pagnol, connue alors sous son nom de jeune fille, Jacqueline Bouvier, le même que celui de la séduisante épouse du président Kennedy. Dans «La maison des sept jeunes filles» (1941), d’Albert Valentin, qui marque ses débuts au cinéma, elle incarne l’une des filles de André Brunot, qui finit par épouser le peintre, Jean Pâqui, courtisé par ses sœurs. «Service de nuit» (1943) lui apporte un joli rôle, celui de cette standardiste qui finit par connaître les petits secrets des habitants d’un village. Après avoir pris soin de ses chèvres dans deux précédents films, ce sont des moutons que garde l’actrice dans «Le rosier de Madame Husson» (1949), de Jean Boyer; elle y empêche un Bourvil éméché de se jeter à l’eau. Signalons encore «Carnaval» (1953), de Henri Verneuil, où elle prévient son mari, Fernandel, qu’il est cocu, une situation qu’il retourne à son avantage, et son dernier film, «La terreur des dames» (1956), de Jean Boyer, d’après une nouvelle de Maupassant, où elle console Noël-Noël, un candidat aux municipales victime des manigances de ses adversaires.
Jacqueline Pagnol abandonne tôt le cinéma et, après la mort de son mari, en 1974, s’attache à la diffusion et à la promotion de son œuvre. Elle est notamment à l’origine, en 2000, du Prix littéraire Marcel Pagnol, décerné au Fouquet’s, qui récompense des récits centrés sur les souvenirs d’enfance. Décédée à Neuilly-sur-Seine, le 22 août 2016, Jacqueline Pagnol a rejoint son mari dans le petit cimetière du village de La Treille, près de Marseille, où se placent certains des épisodes contés, avec tant de tendre drôlerie, dans «Le château de ma mère».
© Jean-Pascal LHARDY

1941 | La maison des sept jeunes filles – de Albert Valentin avec Jean Tissier |
1942 | Les ailes blanches – de Robert Péguy avec Gaby Morlay |
1943 | Adieu Léonard / La bourse ou la vie – de Pierre Prévert
avec Charles Trénet
Service de nuit – de Jean Faurez avec Jacques Dumesnil |
1945 | Naïs – de Raymond Leboursier avec Fernandel |
1948 | La belle meunière – de Marcel Pagnol avec Tino Rossi |
1949 | Le rosier de madame Husson – de Jean Boyer
avec Bourvil
CM Vedettes en liberté – de Jacques Guillon avec Jean Marais Seulement apparition |
1950 | Topaze – de Marcel Pagnol avec Fernandel |
1951 | Adhémar ou le jouet de la fatalité / Adhémar – de Fernandel avec Andrex |
1952 | Manon des sources – de Marcel Pagnol
avec Charles Blavette
Film en 2 parties 1 : Manon des sources 2 : Ugolin |
1953 | Carnaval – de Henri Verneuil avec Fernandel |
1956 | La terreur de dames / Ce cochon de Morin – de Jean Boyer avec Noël-Noël |