![]() 1959 Meurtre en quarante-cinq tours – de Etienne Périer avec Danielle Darrieux, Michel Auclair & Jean Servais | ![]() 1963 Hardi, Pardaillan! – de Bernard Borderie avec Gérard Barray, Philippe Lemaire & Valérie Lagrange | ![]() 1973 Moi y’en a vouloir des sous – de Jean Yanne avec Michel Serrault, Jean Yanne & Bernard Blier | ![]() 2005 Les ambitieux – de Catherine Corsini avec Eric Caravaca, Karin Viard, Jacques Weber & Gilles Cohen | ||
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Jacqueline Danno, née le 27 novembre 1931, est d’abord une chanteuse de talent. Par la délicate musicalité de sa voix et sa diction parfaite, elle fait un peu penser à Cora Vaucaire. De fait, elle s’inscrit dans la tradition de la chanson française de qualité, où des interprètes au service de leur art, comme Patachou, Jacqueline François ou Juliette Gréco, font de chaque titre une histoire en soi. Débutant dans le petit conservatoire de la chanson, de Mireille, où tant de talents sont nés, elle franchit rapidement les étapes et se produit dans plusieurs salles parisiennes et dans de nombreux pays. Elle chante des chansons de Charles Aznavour, comme «L’amour et la guerre», Boris Vian, comme «Qu’est-ce que ça peut faire?» ou Gilbert Bécaud, comme «Marie-Marie». Elle récite aussi, accompagnée à l’orgue, des poèmes de Frederico Garcia Lorca et participe à de nombreux disques pour la jeunesse.
Cette exigence, on la retrouve sur les planches, que l’actrice a toujours préférées au cinéma. Les comédies faciles et le théâtre de Boulevard n’ont pas ses faveurs. Jacqueline Danno commence et termine sa carrière en jouant de grands classiques de Molière, «Les femmes savantes» en 1952, sous la direction de Jean Dasté, et «Le Tartuffe», en 2012. Dans l’intervalle, elle sert, avec un sens infaillible du tempo dramatique, des textes de Beaumarchais («Le mariage de Figaro», en 1952), de Victor Hugo («Lucrèce Borgia», en 1964, où elle interprète le rôle-titre), Jean-Paul Sartre («Huis clos», en 1967, dans une mise en scène de Michel Vitold). L’intensité de son jeu permet même à Jacqueline Danno d’aborder le registre périlleux de la tragédie, dont elle interprète certains rôles emblématiques, comme Andromaque.
Le cinéma, où Jacqueline Danno paraît dans une vingtaine de films, rend moins justice à son talent. Comme beaucoup de chanteuses abordant le grand écran, on l’y confine d’ailleurs parfois dans des rôles d’interprètes. C’est le cas dans «Meurtres en 45 tours» (1959), de Etienne Périer, où elle force la porte d’un éditeur de musique connu, Henri Guisol, pour lui demander de l’entendre chanter, ou «L’étrangleur» (1972), de Paul Vecchiali, où elle incarne une chanteuse de cabaret. Elle a encore le même emploi, mais en vedette, dans le film méconnu de Marco de Gastyne, «Trique gamin de Paris» (1961), qui dépeint le quotidien bohême, à Montmartre, d’artistes sans le sou. L’actrice décroche le rôle d’une journaliste en visite à Marseille dans une comédie de Georges Combret, «Les fortiches» (1960), avec Jean Richard. Elle participe à deux films de Jean Yanne, ce qui lui permet de confirmer un tempérament comique. Dans «Tout le monde il est beau il est gentil» (1971), elle veut, armée d’un couteau, «lacérer» son mari, Jacques François. Et c’est une énergique syndicaliste qu’elle campe, l’année suivante, dans «Moi y’en a vouloir des sous» (1973). Après avoir arrêté sa carrière au milieu des années 70, elle la reprend vingt ans plus tard, pour faire quelques apparitions dans une poignée de films souvent confidentiels.
Sur le petit écran, on la voit dans des séries aussi populaires que «Les cinq dernières minutes», «Les enquêtes du commissaire Maigret» ou «Navarro». Jacqueline Danno donne aussi la réplique à Anne Deleuze dans un téléfilm de Roger Dallier, «Le crime des innocents» (1979), avec les Petits chanteurs à la croix de bois et Georges Chelon, qui fait là ses débuts de comédien. Jacqueline Danno, qui avait fêté ses 90 ans la veille, nous a quittés le 28 novembre 2021.
© Jean-Pascal LHARDY

1951 | Casque d’or – de Jacques Becker avec Simone Signoret |
1955 | La madone des sleepings – de Henri Diamant-Berger avec Erich von Stroheim |
1957 | La garçonne – de Jacqueline Audry avec Andrée Debar |
1959 | Meurtre en quarante-cinq tours – de Etienne Périer
avec Danielle Darrieux
+ chansons |
1960 | Les fortiches – de Georges Combret
avec Jean Richard
Ce soir ou jamais – de Michel Deville avec Claude Rich Lola – de Jacques Demy avec Anouk Aimée Seulement chansons |
1961 | Trique, gamin de Paris / Les fugitifs – de Marco de Gastyne avec Gil Vidal |
1963 | Hardi, Pardaillan ! – de Bernard Borderie avec Gérard Barray |
1967 | L’inconnu de Shandigor – de Jean-Louis Roy avec Howard Vernon |
1970 | L’étrangleur – de Paul Vecchiali avec Jacques Perrin |
1971 | Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil – de Jean Yanne avec Bernard Blier |
1973 | Moi y’en a vouloir des sous – de Jean Yanne
avec Michel Serrault
Le mariage à la mode – de Michel Mardore avec Geraldine Chaplin |
1996 | Les démons de Jésus – de Bernie Bonvoisin avec Victor Lanoux |
1999 | Nag la bombe – de Jean-Louis Milesi avec Vincent Elbaz |
2004 | À vot’ bon cœur – de Paul Vecchiali avec Françoise Lebrun |
2005 | Les ambitieux – de Catherine Corsini avec Eric Caravaca |
2009 | CM Le mirage – de Fabien Pruvot avec Dominique Besnehard |
2013 | Macadam Baby / Macadam Baby… les emmerdes avec un grand E – de Patrick Bossard
avec Arthur Jugnot
Elle l’adore – de Jeanne Herry avec Laurent Lafitte Remerciements à Jean-Pascal Constantin pour ses recherches d’état-civil |