Fifi D’Orsay

Fifi D’Orsay, née Marie Rose Angelina Yvonne Lussier, voit le jour le 16 avril 1904 à Montréal, au Canada. Cette fille de facteur devenue dactylo part pour les États-Unis dans les années 20 dans l’espoir de faire carrière au music-hall. Au milieu de la décennie, elle est choisie pour participer à la tournée du spectacle «The Greenwich Village Follies», ce qui lui permet de travailler aux côtés du célèbre duo Ed Gallagher et Al Shean. À l’époque, elle se présente comme Française, bien qu’elle ne mettra jamais les pieds de sa vie dans l’Hexagone. Elle est ensuite, notamment, la partenaire d’Herman Berrens dans un numéro intitulé «Ten dollars a lesson» avant de se lancer en solo.

Sur les recommandations de l’acteur Will Rogers, Fifi D’Orsay signe un contrat en 1929 avec la compagnie cinématographique Fox. Celle-ci continue à exploiter l’image française de l’actrice, plus piquante et glamour que ses véritables origines canadiennes. La nouvelle vedette incarne alors les «Fifi», «Mimi», «Lili», «Charmaine», «Julie» et autres «Fleurette» dans des films comme «Ils voulaient voir Paris» (1929) de Frank Borzage, «Hot for Paris» (1929) de Raoul Walsh, «Le beau contrebandier» (1930) de Alexander Korda, «On the level» (1930) de Irving Cummings, «Those three french girls» (1930) de Harry Beaumont, «Mr. Lemon of Orange» (1930) de John G. Blystone ou encore «Young as you feel» (1931) où elle retrouve Frank Borzage. Parallèlement, elle est la vedette de plusieurs numéros de music-hall à succès au Paramount Theatre, au Capitol ou au Roxy, gagnant plus de 5000 dollars par semaine.

En 1932, Fifi D’Orsay demande à renégocier son contrat à son avantage mais la Fox refuse et la laisse alors partir, ce qui se révèle dommageable pour la suite de son parcours. Elle arrive encore à être la tête d’affiche de «Fifi follette» (1932) de Phil Whiteman pour la firme de seconde catégorie Monogram mais, à partir de 1933, est plutôt employée dans des seconds rôles ou dans des courts-métrages. En 1936, elle devient citoyenne américaine. Deux ans plus tard, sa filmographie s’interrompt pour quelques années. On la voit alors sur scène et elle participe par exemple à des tournées de soutien aux troupes américaines au début des années 40.

De 1942 à 1947, Fifi D’Orsay revient au Septième Art et on la retrouve au générique de plusieurs séries B. Par la suite, elle travaille de temps à autre sur les planches et pour la télévision, notamment dans des épisodes de séries à succès comme «Mr. and Mrs. North» (1953), «Aventures dans les îles» (1960/61), «Bonanza» (1963), «L’extravagante Lucie» (1964) ou «Ma sorcière bien-aimée» (1968). Elle donne aussi, avec humour et entrain, des conférences sur la façon d’accepter son âge. Dans les années 60, elle apparaît également dans des petits rôles au cinéma, notamment celui de la Baronne dans «Madame Croque-Maris» (1963) auprès de Shirley Maclaine, Paul Newman, Dean Martin et Robert Mitchum. Au début des années 70, elle remporte un grand succès sur scène à Broadway en figurant parmi les protagonistes du spectacle musical «Follies», d’avril 1971 à juillet 1972, mis en scène par Harold Prince et Michael Bennett au Winter Garden Theatre. Fifi D’Orsay est décédée d’un cancer le 2 décembre 1983, à l’âge de 79 ans, dans la maison de retraite «Motion Picture & Television Country House and Hospital» de Woodland Hills. Elle est enterrée dans le cimetière de Forest Lawn Memorial Park à Glendale, en Californie.

© Marlène PILAETE