![]() 1934 Le fantôme du couvent (el fantasma del convento) de Fernando de Fuentes avec Carlos Villatoro & Marta Roel | ![]() 1936 Une femme en danger (una mujer en peligro) de José Santugini avec Antoñita Colomé & Alberto Romea | ![]() 1939 L’hôte du Sévillan (el huesped del Sevillano) de Enrique del Campo avec Luis Sagi Vela & Marta Roel | ![]() 1941 Le croiseur Baléares (el crucero Baleares) de Enrique del Campo avec Roberto Rey & Antonio Riquelme | ||
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Enrique del Campo, né de parents espagnols, passe les premières années de sa vie au Mexique. D’abord militaire, son nom apparaît en 1927 au générique du film muet «Conspiración» de Manuel R. Ojeda avec Ramón Pereda. En 1934, il joue Alfonso aux côtés de Marta Ruel dans «Le fantôme au couvent» de Fernando de Fuentes, et se retrouve dans un couvent en ruine où abondent les phénomènes surnaturels. Les images qui rappellent l’expressionnisme allemand sont d’une réelle qualité. La même année l’acteur joue dans le mélodrame «Le scandale» de Chano Urueta avec Víctor Urruchúa.
En 1935 Enrique del Campo traverse l’Atlantique et tourne en Espagne, sous la direction de José Santugini, «Une femme en danger», nouvelle comédie fantastique avec table tournante et spiritisme, Antoñíta Colomé et Alberto Romea lui donnent la réplique. Le film est à peine sorti que des militaires lancent les 17 et 18 juillet 1936 un «pronunciamiento» contre la Seconde République, instaurée le 14 avril 1931, au départ en exil du Roi d’Espagne Alphonse XIII. Le pays partagé en deux camps opposés connaît trois ans d’une guerre civile atroce qui prend fin le 1er avril 1939 avec la victoire du Général Franco.
Enrique del Campo se bat avec les troupes rebelles puis il retrouve le monde du cinéma comme réalisateur dans une coproduction hispano-mexicaine «L’hôte du Sévillan» (1939) avec Marta Ruel et Luis Sagi-Vela. Il se voit ensuite confier la réalisation d’un film «Le croiseur Baléares» avec Tony d’Algy et Manuel Morán. Des accords financiers sont passés avec la compagnie nord-américaine RKO qui s’engage à financer des films en Espagne avec en contrepartie la possibilité de diffuser ses productions hollywoodiennes. Toutes les facilités sont données au réalisateur par la Marine. La vedette féminine du film Marta Ruel fait la une du magazine de cinéma «Primer Plano» qui annonce la sortie du film pour le 12 avril 1941. La veille, une avant-première est réservée au ministre de la Marine et à son état-major. L’ordre est alors donné de détruire les bobines. Le film ne sort pas. En janvier 1942, «Primer Plano» annonce qu’un nouveau scénario a été approuvé. Mais le projet est finalement abandonné. À l’époque on parle de la médiocrité du scénario, sans autre précision. Certains ont évoqué plus tard l’idée que l’Espagne aurait craint de mécontenter les Etats-Unis. Mais en 1941, ces derniers sont encore très isolationnistes et ne sont pas rentrés en guerre. Et si l’Amirauté n’avait pas voulu que le film soit l’occasion d’évoquer les circonstances de la perte du «Baléares»? En effet ce navire de guerre tout neuf, transite, peut-être trop sûr de lui, vers les îles Baléares. À l’aube du 6 mars 1938, l’escadre républicaine le rencontre, semble-t-il par hasard, et lance une torpille. Le navire coule presque immédiatement. Près de huit cents hommes périssent. Un drame sans équivalent depuis Trafalgar. En hommage, dans les années quarante, le nom du navire est donné à une rue madrilène.
On n’entend alors plus parler du réalisateur. Le dictionnaire du cinéma espagnol de Fernando Vizcaíno Casas, paru à Madrid en 1966, donne l’année de son décès: 1947. Médiocre acteur et médiocre réalisateur, Enrique del Campo aurait sans doute était oublié depuis longtemps s’il n’avait été le réalisateur du «Croiseur Baléares» qu’aucun spectateur n’a jamais vu. Un film mythique faute d’un cinéaste de légende….
© Caroline HANOTTE

1927 | Conspiración – de Manuel R.Ojeda
avec Luis Márquez
Seulement interprétation |
1934 | Le fantôme du couvent ( el fantasma del convento ) de Fernando de Fuentes
avec Carlos Villatoro
Seulement interprétation Le scandale ( el escándalo ) de Chano Urueta avec Julián Soler Seulement interprétation |
1936 | Une femme en danger ( una mujer en peligro ) de José Santugini
avec Antoñita Colomé
Seulement interprétation |
1939 | L’hôte du Sévillan ( el huesped del Sevillano ) de Enrique del Campo
avec Charito Leonis
+ scénario |
1941 | Le croiseur Baléares ( el crucero Baleares ) de Enrique del Campo avec Roberto Rey |