Antonia Bird

Fille de Michael Bird, comédien, et de son épouse, Rosemary, régisseuse de théâtre, Antonia Bird est née dans le quartier londonien de Kensington, le 27 mai 1951. À dix-sept ans, elle commence sa carrière artistique comme assistante-régisseuse et joue un peu la comédie, mais son trac naturel l’oriente très vite vers la mise en scène. Elle rejoint la troupe de Michael Bogdanov au Théâtre Phoenix de Leicester où elle ne tarde pas à faire ses propres mises en scène, dont la pièce de Joe Orton «The butler saw».

En 1978, Antonia Bird intègre la compagnie du Royal Court Theatre de Londres, où elle se distingue avec la création de pièces contemporaines ou d’avant-garde de Hanif Kureishi, Trevor Griffiths et Jim Cartwright. Elle assiste également Richard Eyre pour «Guys and dolls», une comédie musicale mise en musique par Frank Loesser sur un livret de Jo Swerling et Abe Burrows. Elle va elle-même monter et présenter cette pièce dans le West End entre 1985 et 1986.

En 1985, Antonia Bird est choisie par la BBC télévision pour réaliser plusieurs épisodes du célèbre feuilleton «EastEnders» avec Steve McFadden et Adam Woodyatt. Elle ne reviendra plus au théâtre et se consacrera désormais exclusivement au petit et au grand écran. Jusqu’en 1992, elle va travailler sur des séries, parmi lesquelles: «Casualty» (1986), «South of the border» (1988), «The bill» (1989), «TECX» (1990), «The men’s room» (1991) ou «Inspecteur Morse» (1992).

Après la réalisation remarquée, en 1993, de «Safe» un volet de la série «Sreenplay» sur des jeunes sans-abris, Antonia Bird se lance dans la direction de son premier long-métrage de cinéma, «Prêtre» (1994), sur les tourments d’un jeune ecclésiastique partagé entre son homosexualité et les problèmes des gens de sa paroisse, notamment l’abus d’un père sur sa fille qu’il va essayer d’aider. Un drame magistralement interprété par Linus Roache, Tom Wilkinson et Robert Carlyle, son acteur fétiche. Un film qui va remporter plusieurs récompenses dont un prix au Festival de Berlin. À la suite du succès de cette production, Antonia Bird part tourner à Hollywood, pour la Touchstone Pictures, «De l’amour à la folie», un mélodrame avec Chris O’Donnell et Drew Barrymore. Mais, le pouvoir des studios freinant sa créativité, elle décide de revenir en Angleterre pour y réaliser «Face» (1996) un film de gangsters avec Robert Carlyle, Ray Winstone et Steve Sweeney, qui va remporter le grand prix au festival du film policier de Cognac en France. Antonia Bird réalise encore deux longs-métrages, «Vorace» (1998), un film d’horreur avec Guy Pearce et Robert Carlyle, et «Cross my mind» (2013) avec Peter Mullan et Olivia Williams, qui ne sortira qu’après sa disparition. Entre-temps, elle participe à la production du film de l’irakien Mohamed Al Daradji, «Le fils de Babylone» (2008) et poursuit son travail à la télévision en dirigeant encore plusieurs épisodes de séries, des documentaires ou des téléfilms dont «Craker» un thriller policier avec Robbie Coltrane et Anthony Flanagan.

Souffrant d’une forme rare de cancer de la thyroïde depuis plusieurs mois, Antonia Bird meurt prématurément à Londres, le 24 octobre 2013. Elle laisse veuf son mari, Ian Ilett, monteur pour la télévision. Le couple n’avait pas d’enfant.

© Pascal DONALD – Source the Guardian