1953 Alerte au sud – de Jean Devaivre avec Jean-Claude Pascal, Gianna Maria Canale & Erich von Stroheim | 1955 Les grandes manœuvres – de René Clair avec Michèle Morgan, Pierre Dux, Gérard Philipe & Brigitte Bardot | 1957 La fille de Hambourg – de Yves Allégret avec Hildegard Knef, Daniel Gélin, Almuth Bock & Jean Lefebvre | 1961 Les trois mousquetaires – de Bernard Borderie avec Gérard Barray, Mylène Demongeot & Guy Tréjan | ||
Celui que la postérité se plait à appeler «Sorano de Bergerac» est sans doute le plus illustre interprète du héros de Rostand. Dans le célèbre téléfilm que Claude Barma consacre à la pièce, en 1960, Daniel Sorano déploie tout son art de comédien: une voix profonde et bien posée, du panache à revendre, la science subtile des transitions, et, surtout, cette faculté de conférer aux vers du dramaturge tout leur poids d’humanité. Transformant le plomb en or, Sorano infuse dans les alexandrins habiles d’Edmond Rostand une douceur fragile qui les rend bouleversants. Ce talent singulier, Daniel Sorano, né le 14 décembre 1920 à Toulouse, le tient de toutes ses expériences de la scène. Après le Conservatoire de sa ville natale, il rejoint le Grenier de Toulouse, dirigé par Maurice Sarrazin, où il côtoie des comédiens comme Pierre Mirat ou Jacques Duby. En 1952, c’est la rencontre, déterminante, avec Jean Vilar, qui l’amène à connaître la grande époque du TNP et l’émotion de jouer, chaque année, dans la cour d’honneur du Palais des papes. Dans ce cadre prestigieux, ou au théâtre de Chaillot, il aborde le répertoire classique, et personnifie La Flèche, dans «L’avare» (1952), mis en scène par Jean Vilar, Giomo dans le «Lorenzaccio» monté par Gérard Philipe, Sganarelle dans «Dom Juan» (1953), Figaro dans «Le mariage de Figaro» (1956) ou encore Argan dans «Le malade imaginaire» qu’il met en scène en 1957. Il monte aussi sur la scène du Grand Théâtre de la Cité, à Carcassonne, pour interpréter le Roi dans la version d’«Hamlet» traduite par Marcel Pagnol, ou sur celle de l’Odéon , où il joue Shylock dans «Le Marchand de Venise» (1961) mis en scène par Marguerite Jamois.
Au cinéma, le moins qu’on puisse dire est que Daniel Sorano ne trouve pas chaussure à son pied. Son physique un peu chevalin, ses yeux lourds et son nez fort qui, au théâtre, peuvent se prêter à la tragédie, le cantonnent au cinéma dans la farce, sinon la gaudriole. Et le voilà commis boucher, prenant l’identité du fils de sa patronne dans «Ce coquin d’Anatole» (1952) de l’inénarrable Emile Couzinet, qui lui confie la même année le personnage de Dudule dans un film dont le titre, «Trois vieilles filles en folie», avec Maximilienne, dit toute l’ambition artistique… Quitter Molière et le festival d’Avignon pour retrouver les studios bordelais de Emile Couzinet, il y faut un talent éclectique ou le besoin urgent de payer ses impôts! Sorano lui est fidèle, en tous cas, puisqu’il tourne encore pour lui «Quand te tues-tu?» (1953). Des réalisateurs plus talentueux s’intéressent pourtant à lui et lui confient des rôles plus notables. Ainsi, dans «Alerte au Sud» (1953) de Jean Devaivre, il incarne un officier de la Légion qui trouve la mort au cours de son enquête sur de mystérieuses armes antiaériennes. Deux ans plus tard, René Clair lui donne, dans «Les grandes manœuvres», l’occasion de montrer la maîtrise de la rapière qu’il déploiera dans le fameux duel où Cyrano, défaisant le vicomte, lancera le fameux «à la fin de l’envoi je touche»! Dans «La fille de Hambourg» (1957) de Yves Allégret, il campe l’ami de Daniel Gélin.
À la télévision, il donne vie, en dehors de Cyrano, à d’autres personnages célèbres, tirés de la littérature, comme Macbeth ou Porthos, dans deux téléfilms de Claude Barma, tournés en 1959, ou bien de l’histoire, comme le machiavélique Richelieu qu’il portraiture pour «Les trois mousquetaires» (1961) de Bernard Borderie. Après sa mort prématurée à Amsterdam, le 17 mai 1962, Daniel Sorano est inhumé dans le costume du mousquetaire gascon qui fit sa gloire.
© Jean-Pascal LHARDY
1949 | Vendetta en Camargue – de Jean Devaivre avec Brigitte Auber |
1951 | Trois vieilles filles en folie – de Emile Couzinet
avec Armand Bernard
Buridan, héros de la tour de Nesle – de Emile Couzinet avec George Rollin |
1952 | Ce coquin d’Anatole – de Emile Couzinet avec Milly Mathis |
1953 | Alerte au sud – de Jean Devaivre
avec Erich von Stroheim
Quand te tues-tu ? – de Emile Couzinet avec Jean Tissier |
1954 | Après vous, Duchesse – de Robert de Nesle avec Jacqueline Pierreux |
1955 | Les grandes manœuvres – de René Clair avec Michèle Morgan |
1956 | Les truands – de Carlo Rim
avec Eddie Constantine
CM Le Théâtre National Populaire – de Georges Franju avec Jean Vilar |
1957 | La fille de Hambourg – de Yves Allégret avec Hildegard Knef |
1958 | Le vent se lève – de Yves Ciampi avec Curd Jürgens |
1959 | Marche ou crève – de Georges Lautner avec Bernard Blier |
1960 | Arrêtez les tambours – de Georges Lautner
avec Lucile Saint-Simon
Les magiciennes – de Serge Friedman avec Ginette Leclerc CM On vous parle – de Jean Cayrol & Claude Durand Seulement narration |
1961 | Les trois mousquetaires – de Bernard Borderie
avec Gérard Barray
Film en 2 parties 1 : Les ferrets de la reine 2 : La vengeance de Milady Le scorpion – de Serge Hanin avec Elga Andersen |