Orlando Martins

Le 8 décembre 1899, Orlando Martins naît à Lagos au Nigéria, sous le nom d’Emmanuel Alhandu Martins. Son père, Emmanuel Akinola Martins est fonctionnaire, descendant d’affranchis ayant quittés le Brésil pour s’installer au Nigéria. Sa mère, Paula Idowu Soares est d’origine nigériane. Son grand-père paternel était un esclave libéré, qui vendait du bois et mourut centenaire. Formé au lycée Eko Boys de Lagos, il interrompt sa scolarité en 1916, pour travailler comme comptable dans une entreprise française. Pendant la Première Guerre mondiale, en raison des maltraitances que sa grand-mère a subi de la part des troupes Allemandes implantées au Cameroun, le jeune homme abandonne son emploi pour se rendre à Londres, en 1917, dans le but de rejoindre la marine britannique pour se battre contre les allemands. Trop jeune pour rejoindre la marine militaire, il sert dans la marine marchande jusqu’à la fin de la guerre. Il décide ensuite de s’installer à Londres en 1919.

À la même époque, le Lyceum Theatre recherche des «extras» au tarif de trois shillings par jour. Orlando Martins rejoint la troupe. Dès lors, il occupe divers emplois au sein du théâtre et pratique plusieurs petits métiers pour survivre. Sous le nom de Black Butcher Johnson, il se produit également comme lutteur. Dès le début des années 20, il est figurant dans la compagnie de ballet de Serge de Diaghilev et part en tournée avec la compagnie «Show Boat» en tant que chanteur. En 1923, le cirque Sanger l’engage pour présenter un numéro avec des pythons. Il apparaît furtivement dans une poignée de films muets dont «If youth but knew» (1926) de George A. Cooper. Dans les années 1930, Orlando Martins se lance dans une carrière théâtrale. En 1936, il interprète Dutty Boukman dans la pièce de C. L. R. James, sur la vie de «Toussaint Louverture» dans laquelle le chanteur et acteur noir américain Paul Robeson tient le rôle principal, acteur avec qui Orlando avait joué dans le film «Bozambo» réalisé par Zoltan Korda en 1935. Dans ce film, il incarne K’Lova aux côtés de Jomo Kenyatta, qui deviendra Premier ministre et président du Kenya. Après la guerre, Orlando Martins tourne dans «L’homme du Maroc» (1945), «Le sorcier noir» (1946), auprès de Robert Adams, et dans une quinzaines d’autres productions. L’un de ses rôles les plus mémorables est Blossom, le guerrier Basuto, dans «The hasty heart», qu’il interprète sur scène à Londres, en 1945, puis dans la version cinématographique en 1949 avec Ronald Reagan. Il fait plusieurs apparitions à la télévision et sur scène à Londres dans les années 1950 jusqu’à son retour au Nigéria en 1959. Il n’accepte de faire des apparitions que dans deux films locaux: «Kongi Harvest» (1970) tiré de la pièce de Wole Soyinka et réalisé par Ossie Davis, et «Things fall apart» (1971) adapté du roman de Chinua Achebe et dirigé par Hans Jürgen Pohland.

En 1970, la British Actors’ Equity Association (le syndicat des industries des arts du spectacle et du divertissement anglais) lui décerne un prix de membre honoraire à vie en reconnaissance de sa longue carrière dans les films britanniques. En 1982, Orlando Martins est nommé membre de l’Ordre du Nigéria (MON) par le président de la République Shehu Shagari. En 1983, il reçoit le Prix national des arts du théâtre décerné par la Société des artistes de théâtre nigérians lors d’une cérémonie à l’Université de Calabar. Après un parcours artistique de 60 ans, l’artiste décède à l’âge de 86 ans, le 25 septembre 1985. Il est enterré au cimetière d’Ikoyi au sud de Lagos.

© Philippe PELLETIER – Remerciements à Venicy MOUNDAYA