Ana María Rodríguez Arroyo naît à Madrid, dans une famille aisée, le 31 juillet 1923 (certaines sources citent 1921). Elle fréquente le réputé «Instituto de Bachillerato Cervantés». Elle n’a pas vingt ans lorsque son nom apparaît à côté de celui de Alfredo Mayo sur l’affiche de «la Florista de la Reina» (1940). Puis elle joue dans «El último húsar» en compagnie de son frère Luis Arroyo, qui la dirigera en 1947, dans «Dulcinea», un très joli film reprenant le mythe de Don Quichotte.
Entre 1940 et 1950, Ana Mariscal tourne une vingtaine de productions, surtout des films en costume ou des drames contemporains, parmi eux «Race» (1941) (scénario de Jaime de Andrade, pseudonyme du général Francisco Franco) qui raconte l’histoire de la famille Churruca, dont le père meurt en défendant Cuba contre les Nord-Américains, en 1898, et dont les fils (José Nieto, Alfredo Mayo et Luis Arroyo) se déchirent en choisissant des camps opposés pendant la Guerre Civile (1936-1939). Durant la même période, elle écrit un roman «Hombres» (paru en 1992), monte sa première compagnie théâtrale et rencontre son futur mari, le photographe de cinéma Valentín Javier.
Par la suite, Ana Mariscal travaille en Argentine et en Italie. Elle joue notamment avec Raf Vallone dans «La violetera» (1958), François Périer dans «Nous sommes tous coupables» (1959) et Annie Girardot dans «L’autre femme» (1963). Elle veut aussi devenir réalisatrice et fonde avec son mari la «Bosco Films». Elle signe une dizaine d’œuvres, de facture néoréaliste comme «Segundo López» (1953) ou plus typiquement espagnoles comme «Los duendes de Andalucía» (1966). En 1968, elle réalise son dernier film «El paseíllo» (le défilé) où elle raconte les débuts de deux amis toreros dans l’Espagne contemporaine. L’un se sert des femmes pour réussir: une tenancière de bistrot (Ana Mariscal), la petite amie d’un riche éleveur (Alfredo Mayo). L’autre, mortellement blessé, épouse une jeune étudiante à l’infirmerie de l’arène. Ana filme avec lucidité mais humanisme. Elle montre un monde assez désespéré où tous les moyens sont bons pour survivre. Mais elle laisse entrevoir qu’un peu de tendresse ou un soupçon de remords peut amener une possible rédemption. Elle obtient de bonnes critiques mais pas de véritables succès commerciaux dans une Espagne qui veut saisir à pleines mains la société de consommation.
Elle quitte alors Madrid et sillonne l’Amérique hispanophone avec «La Compañia de Comedias Ana Mariscal». Elle fait quelques apparitions télévisées et tourne dans un dernier film en 1987, «El polizón de Ulises» (le passager clandestin d’Ulysse). Elle rentre définitivement en Espagne en 1992, se consacre à l’écriture et donne des cours à l’université de Valladolid et à l’école du cinéma. Elle est décorée de la médaille d’or des arts quelques mois avant de s’éteindre dans sa ville natale, le 28 mars 1995.
Parce quelle a interprété dans «Race» (1941), la «petite fiancée de l’Espagne franquiste», Ana Mariscal a souvent été considérée comme la cinéaste officielle du général Franco. Il est temps de redécouvrir cette femme intelligente, sensible, aux multiples talents artistiques. Á la fois actrice, scénariste, productrice et première réalisatrice espagnole au sens le plus complet du terme, Ana Mariscal est vraiment une très grande Dame du Cinéma.
© Caroline HANOTTE
1940 | La florista de la Reina – de Eusebio Fernández Ardavín
avec Alfredo Mayo
El último húsar – de Luis Marquina avec Conchita Montenegro |
1941 | Race ( raza / espíritu de una raza ) de José Luis Sáenz de Heredia avec Alfredo Mayo |
1942 | Vidas cruzadas – de Luis Marquina
avec Enrique Guitart
¡ Qué contenta estoy ! – de Julio de Fleischner avec Tony d’Algy Cuarenta y ocho horas – de José María Castellví avec Mary Delgado Siempre mujeres – de Carlos Arévalo avec Enrique Guitart |
1944 | Una sombra en la ventana – de Ignacio F. Iquino
avec Adriano Rimoldi
Prix CEC de la meilleure actrice par le cercle des écrivains de cinéma, Espagne Cabeza de hierro – de Ignacio F. Iquino avec José Nieto |
1945 | Viento de siglos – de Enrique Gómez
avec Rafael Calvo
El obstáculo – de Ignacio F. Iquino avec Luis Arroyo ¡ Culpable ! – de Ignacio F. Iquino avec Adriano Rimoldi |
1946 | La próxima vez que vivamos – de Enrique Gómez avec Luis Arroyo |
1947 | Amanhã como hoje / Mañana como hoy – de Mariano Pombo
avec Alfredo Mayo
Noche sin cielo – de Ignacio F. Iquino avec Fernando Fernán Gómez Dulcinea – de Luis Arroyo avec Carlos Múñoz La princesa de los Ursinos – de Luis Lucia avec Fernando Rey |
1948 | La vida encadenada – de Antonio Román
avec Antonio Vilar
El tambor de Bruch – de Ignacio F. Iquino avec José Nieto |
1949 | Aquellas palabras – de Luis Arroyo
avec Isabel de Pomés
Pacto de silencio – de Antonio Román avec Conrado San Martín Doce horas de vida – de Francisco Rovira Beleta avec Adriano Rimoldi Un hombre va por el camino – De Manul Mur Oti avec Fernando Nogueras Prix CEC de la meilleure actrice par le cercle des écrivains de cinéma, Espagne La mujer de nadie – de Gonzalo Delgrás avec José Suárez |
1950 | La fuente enterrada – de Antonio Román
avec Tomás Blanco
Sang andalou ( vertigo ) de Eusebio Fernández Ardavín avec Félix Fernández Deux mères ( de mujer a mujer ) de Luis Lucía avec Eduardo Fajardo Prix CEC de la meilleure actrice par le cercle des écrivains de cinéma, Espagne |
1951 | El gran galeoto – de Rafael Gil avec Rafael Durán |
1952 | Segúndo López ( Segúndo López, aventurero urbano ) de Ana Mariscal
avec Tony Blanc
+ scénario & production Jeromín – de Luis Lucía avec Rafael Durán |
1953 | En carne viva – de Enrique Cahen Salaberry avec Alberto Closas |
1954 | Un día perdido – de José María Forqué
avec José Isbert
Morena Clara – de Luis Lucia avec Fernando Fernán Gómez DO Misa en Compostela – de Ana Mariscal avec Alfonso Blanco Seulement réalisation, sujet, scénario, voix & production |
1955 | De noche también se duerme – de Enrique Carreras
avec Georges Rivière
Bacarra ( Bacará ) de Kurt Land avec Georges Rivière |
1956 | Los maridos de mamá – de Edgardo Rogni
avec Georges Rigaud
Enigma de mujer – de Enrique Cahen Salaberry avec Rafael Durán |
1957 | Carlotta – de Enrique Cahen Salaberry
avec Georges Rigaud
Dites 33 ( Totò, Vittorio e la dottoressa ) de Camillo Mastrocinque avec Vittorio De Sica Seulement collaboration ( non définie ) |
1958 | La Violetera ( la bella fioraia di Madrid ) de Luis César Amadori
avec Raf Vallone
Hay que bañar al nene / Si mi mujer supiera – de Edgardo Togni avec Juan José Míguez Patio andaluz – de Jorge Griñán avec Rafael Albaicin Con la vida hicieron fuego – de Ana Mariscal avec Rafael Bardem + dialogues, scénario & production |
1959 | Nous sommes tous coupables ( il magistrato ) de Luigi Zampa
avec François Périer
Juego de niños – de Enrique Cahen Salaberry avec Georges Rigaud + production La quiniela – de Ana Mariscal avec Manuel Monroy + scénario |
1961 | ¡ Hola, muchacho ! – de Ana Mariscal
avec Carlos Casaravilla
+ scénario |
1962 | Occidente y sabotaje – de Ana Mariscal
avec Manuel Zarzo
L’espionne de Madrid ( la reina de Chantecler ) de Rafael Gil avec Sara Montiel La Feria en Sevilla – de Ana Mariscal avec Pedrito Rico |
1963 | Le chemin ( el camino ) de Ana Mariscal
avec Mary Delgado
Seulement réalisation, scénario & production L’autre femme – de François Villiers avec Annie Girardot |
1965 | Los duendes de Andalucía – de Ana Mariscal
avec Álvaro de la Isla
Seulement réalisation, sujet, scénario & production |
1966 | Vestida de novia / Ojos verdes- de Ana Mariscal avec Tony Blanc |
1968 | El paseíllo – de Ana Mariscal
avec Alfredo Mayo
+ scénario DO Flash 12 – de Félix Martialay avec María Kosti Seulement apparition |
1979 | DO Cinematógrafo 1900 – de Juan Gabriel Tharrats
avec Jesús Guzmán
Seulement apparition |
1987 | El polizón de Ulises – de Javier Aguirre avec Amparo Argentina |