![]() 1935 La damigella di Bard – de Mario Mattoli avec Luigi Cimara, Mirella Pardi, Amelia Chellini & Luigi Pavese | ![]() 1940 Sa vieille maman (mamma) de Guido Brignone avec Beniamino Gigli, Carola Höhn & Carlo Campanini | ![]() 1950 Miracle à Milan (miracolo a Milano) de Vittorio De Sica avec Franco Golisano, Paolo Stoppa & Guglielmo Barnabò | ![]() 1956 Nos plus belles années (i giorni più belli) de Mario Mattoli avec Antonella Lualdi & Franco Interlenghi | ||
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Née le 25 octobre 1874, Emma Gramatica est l’une des plus grandes actrices de théâtre italiennes. Tout l’y prédestinait d’ailleurs, et d’abord son milieu familial, son père étant souffleur et sa mère couturière de scène. Du reste, ses sœurs, et notamment Irma Gramatica, suivront son exemple. Ne devant rien à un physique discret, mais tout à la maîtrise d’un jeu puissant et intériorisé, cette petite femme frêle s’impose comme l’une des comédiennes les plus accomplies de sa génération.
Il faut dire qu’elle a de qui tenir. En effet, elle ne tient pas sa vocation théâtrale de ses seuls parents, mais de la grande Eleonora Duse, la Duse comme l’appelle son public admiratif. Emma Gramatica débute avec cette Sarah Bernhardt italienne, en 1891, dans une pièce de Gabriele d’Annunzio, dont la Duse est l’égérie et la maîtresse. L’actrice joue ensuite en vedette dans les troupes les plus prestigieuses de la péninsule, avant de fonder, dans les années 1910, sa propre compagnie, qui deviendra une véritable pépinière d’acteurs renommés. En plus des pièces de d’Annunzio, le répertoire de la comédienne s’étend à Rostand, Pirandello ou encore Ibsen. Jouant de la fragilité de son physique, Emma Gramatica se fait remarquer par un jeu plus moderne et moins démonstratif que celui des grandes tragédiennes de l’époque, dont la Duse demeure le modèle incontesté.
Hormis un film muet, Emma Gramatica n’aborde le cinéma qu’à l’orée de la soixantaine, au début des années 30. Ce n’est plus la pâle jeune fille, à l’opulente chevelure, que verront les spectateurs des salles obscures, mais une femme mûre et, bientôt, une vieille dame, chapeau noir ou fichu de paysanne sur ses cheveux blancs. Très aimée du public, elle devient, au fil des ans, un personnage familier du cinéma italien, jusqu’au début des années 60. L’un de ses rôles les plus connus est sans doute celui de la vieille Lolotta dans l’un des chefs-d’œuvre de Vittorio De Sica, «Miracle à Milan» (1950). Il faut la voir, toute guillerette, retrousser ses jupes et sautiller parmi les figurines qu’elle a disposées sur le sol pour l’amusement de l’enfant qu’elle a trouvé, tout bébé, parmi ses choux. Au début de sa carrière au cinéma, l’actrice a souvent des rôles principaux. Dans «La vecchia signora» (1931), de Amleto Palermi, qui raconte une histoire similaire à celle du film de Frank Capra, «Grande dame pour un jour» (1932), elle campe une aristocrate qui, ayant connu des revers de fortune, en est réduite à vendre des châtaignes grillées. Elle joue une autre aristocrate ruinée, et exploitée par un homme d’affaires malhonnête, dans «La damigella di Bard» (1935), de Mario Mattoli, Dans le film de Mario Bonnard, «Jeanne Doré» (1938), d’après une pièce de Tristan Bernard, elle incarne une mère qui reste dévouée à son fils malgré le crime qu’il commet.
Avec les années, les spectateurs italiens finissent par la considèrent un peu comme une sorte de grand-mère nationale. Quant aux Français, ils la découvrent (elle a alors 86 ans) dans le rôle de cette vieille femme éperdue qui, dans «Don Camillo Monseigneur» (1961), de Carmine Gallone, vient prier chaque jour devant un oratoire promis à la démolition par le maire communiste Peppone. Très active à la radio, Emma Gramatica ne dédaigne pas non plus la télévision. Elle paraît ainsi, en 1956, dans une adaptation de la pièce de Georges Bernanos, «Le dialogue des carmélites» et, deux ans plus tard, dans «Mamouret», d’après la pièce de Jean Sarment. Emma Gramatica décède le 8 novembre 1965, à Ostie.
© Jean-Pascal LHARDY

1916 | Quando il canto si spegne – de Emilio Graziani-Walter avec Luigi Serventi |
1931 | La vecchia signora – de Amleto Palermi avec Memo Benassi |
1933 | La fortuna di zanze – de Amleto Palermi avec Osvaldo Valenti |
1935 | La damigella di Bard / Il destino – de Mario Mattoli avec Luigi Cimara |
1937 | Marcella – de Guido Brignone
avec Paolo Stoppa
Napoli d’altri tempi – de Amleto Palermi avec Vittorio De Sica |
1938 | Le roman d’une mère ( Jeanne Doré ) de Mario Bonnard avec Lamberto Picasso |
1939 | La vedova – de Goffredo Alessandrini
avec Leonardo Cortese
Piccolo hotel – de Piero Ballerini avec Andrea Checchi |
1940 | Sa vieille maman ( mamma / mutter ) de Guido Brignone avec Beniamino Gigli |
1941 | Tragédie d’un amour ( vertigine / tragödie einer liebe ) de Guido Brignone
avec Herbert Wilk
Oui Madame ( Sissignora ) de Ferdinando Maria Poggioli avec María Denis |
1942 | L’angelo bianco / I figli di nessuno – de Giulio Antamoro & Federico Sinibaldi
avec Filippo Scelzo
L’homme à femmes ( le sorelle Materassi ) de Ferdinando Maria Poggioli avec Massimo Serato |
1943 | L’angelo del miracolo – de Piero Ballerini avec Renato Malavasi |
1946 | Je n’aime que toi ( voglio bene soltanto a te ) de Giuseppe Fatigati avec Luigi Almirante |
1947 | Pobre, mi madre querida – de Homero Manzi & Ralph Pappier avec Hugo del Carril |
1949 | Mi vida por la tuya – de Roberto Gavaldón avec Guillermo Battaglia |
1950 | Miracle à Milan ( miracolo a Milano ) de Vittorio De Sica
avec Franco Golisano
Trésor maudit / La fille des hautes collines ( incantesimo tragico / hechizo trágico / Oliva ) de Mario Sequi avec Rossano Brazzi |
1953 | C’era una volta Angelo Mosco – de Giorgio Walter Chili avec Rossano Brazzi |
1954 | Peppino e la nobile dama / Peppino e la vecchia signora – de Piero Ballerini
avec Peppino De Filippo
+ scénario Le secret de sœur Angèle – de Léo Joannon avec Raf Vallone |
1956 | Nos plus belles années ( i giorni più belli ) de Mario Mattoli avec Franco Interlenghi |
1961 | Don Camillo… Monseigneur ! ( Don Camillo monsignore… ma non troppo ) de Carmine Gallone avec Fernandel |
1962 | La religieuse de Monza ( la monaca di Monza ) de Carmine Gallone
avec Giovanna Ralli
Il mio amico Benito – de Giorgio Bianchi avec Franco Franchi |