![]() 1943 Jane Eyre – de Robert Stevenson avec Orson Welles, Joan Fontaine, Margaret O’Brien & Sara Allgood | ![]() 1945 Junior Miss – de George Seaton avec Stephen Dunne, Allyn Joslyn, Mona Freeman & Barbara Whiting | ![]() 1947 Tonnerre dans la vallée (thunder in the valley) de Louis King avec Edmund Gwenn & Lon McCallister | ![]() 1948 Bomba, enfant de la jungle (Bomba, the jungle boy) de Ford Beebe avec Johnny Sheffield & Onslow Stevens | ||
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Avec ses anglaises, sa frimousse potelée et ses minauderies, Shirley Temple était la reine incontestée des enfants stars. Des cheveux plats, sans apprêts, et un beau visage mélancolique, Peggy Ann Garner est tout à l’opposé de la «petite fée d’Hollywood». Quant à son jeu, il est plus naturel que celui de la petite fille prodige, à qui, il est vrai, on demandait de faire le numéro de chien savant qu’attendaient les spectateurs. Comme la mère de Shirley Temple, celle de Peggy Ann Garner, née le 3 février 1932 dans l’Ohio, la pousse sous les feux de la rampe. Elle l’inscrit dans la fameuse agence créée en 1930 par Walter Thornton, qui en fait déjà un modèle réputé. À partir de 1936, la fillette pose pour des photos publicitaires qui ont du succès et attirent l’œil des producteurs.
Deux ans plus tard, elle figure dans son premier film, «Little miss Thoroughbred», de John Farrow. La gloire n’est pas pour tout de suite. Elle joue d’abord des petites filles anonymes ou les héroïnes dans leur prime jeunesse. Elle incarne ainsi, dans le film homonyme de Robert Stevenson (1943), la jeune Jane Eyre, avant que sa tante, la cruelle Mrs Reed, Agnes Moorehead, ne l’expédie dans un pensionnat. La jeune actrice exprime avec beaucoup de vérité la révolte qui la soulève alors contre la marâtre. Dans «Les clés du Royaume» (1944), de John M. Stahl, elle est aussi la jeune Nora qui, en grandissant, tombera amoureuse d’un séminariste, Gregory Peck, destiné à évangéliser la Chine. Puis c’est la consécration, avec l’un des chefs-d’œuvre de Elia Kazan, «Le lys de Brooklyn» (1945). Dans ce beau film aux accents humanistes, qui dépeint le quotidien difficile d’une famille modeste de Brooklyn, Peggy Ann Garner dessine le portrait d’une sage adolescente, mûrie par les épreuves, qui veut sortir de sa condition grâce au savoir. La présence palpable et le jeu intériorisé de la jeune actrice font merveille et lui doivent un «Juvenile Award» aux Oscars, récompense également attribuée à Shirley Temple ou Judy Garland.
Désormais, la carrière de Peggy Ann Garner est vraiment lancée. Dans son film suivant, «La grande dame et le mauvais garçon» (1945), de Henry Hathaway, on la voit, au début de l’histoire, vêtue comme une petite lady, avec son canotier et son grand châle bleu couvrant sa robe. Elle y fait la conquête d’un homme de spectacle, incarné par George Raft, qui tient un cabaret à San Francisco. Les premiers rôles se succèdent: dans «Junior miss» (1945), de George Seaton, Peggy Ann Garner incarne une adolescente qui, avec sa sœur, observe avec curiosité le monde des adultes, puis elle devient détective amateur dans «Maman déteste la police» (1946), de Lloyd Bacon, avant d’aider son jeune voisin, incarné par Lon McCallister, à remporter le concours du meilleur chien de berger. Dans tous ces films, la jeune actrice confirme à la fois l’étendue de son registre et le caractère naturel d’un jeu qui ne cède jamais aux tics et à la facilité.
Mais la gloire n’a qu’un temps, surtout pour les enfants acteurs. Comme la plupart d’entre eux, Peggy Ann Garner ne parvient pas à franchir l’étape de l’âge adulte. À partir du début des années 50, sa carrière s’essouffle, même si la télévision lui offre encore des rôles, dans des séries comme «Perry Mason», «Batman» ou «The big valley». Elle se reconvertit alors dans l’immobilier et la location de véhicules professionnels, avant de mourir d’un cancer, le 16 octobre 1984.
© Jean-Pascal LHARDY

1938 | Little Miss Thoroughbred – de John Farrow avec Ann Sheridan |
1939 | L’autre ( in name only ) de John Cromwell
avec Cary Grant
Blondie brings up baby – de Frank R. Strayer avec Penny Singleton Abraham Lincoln ( Abe Lincoln in Illinois / spirit of the people ) de John Cromwell avec Raymond Massey |
1942 | L’escadrille des aigles ( eagle squadron ) de Arthur Lubin
avec Robert Stack
Enfants en exile ( the pied piper ) de Irving Pichel avec Roddy McDowall |
1943 | Jane Eyre – de Robert Stevenson avec Orson Welles |
1944 | Les clefs du royaume ( the keys of the kingdom ) de John M. Stahl
avec Gregory Peck
Le lys de Brooklyn ( a tree grows in Brooklyn ) de Elia Kazan avec Dorothy McGuire |
1945 | La grande dame et le mauvais garçon / Le baiser volé ( Nob Hill ) de Henry Hathaway
avec George Raft
Junior Miss – de George Seaton avec Stephen Dunne |
1946 | Maman déteste la police / Terreur à l’Ouest ( home, sweet, homicide ) de Lloyd Bacon avec Randolph Scott |
1947 | Tonnerre dans la vallée ( thunder in the valley / Bob, son of battle ) de Louis King
avec Edmund Gwenn
Femme ou maîtresse ( Daisy Kenyon ) de Otto Preminger avec Joan Crawford Le signe du bélier ( the sign of the ram ) de John Sturges avec Alexander Knox |
1948 | Bomba, enfant de la jungle / Bomba, le fils de la jungle ( Bomba, the jungle boy ) de Ford Beebe
avec Johnny Sheffield
Le chat sauvage ( the big cat ) de Phil Karlson avec Preston Foster |
1949 | Le faiseur / Mercadet le faiseur ( the lovable cheat ) de Richard Oswald avec Charles Ruggles |
1950 | Teresa – de Fred Zinnemann avec John Ericson |
1954 | La veuve noire ( black widow ) de Nunnally Johnson avec Ginger Rogers |
1966 | The cat – de Ellis Kadison avec Roger Perry |
1978 | Un mariage ( a wedding ) de Robert Altman avec Vittorio Gassman |
AUTRES PRIX : | |
Oscar de la Jeunesse aux Academy Awards, USA ( 1946 ) Femme de l’année par le Hasty Pudding Theatricals, USA (1956 ) |