Jon Hall

Avec Jon Hall, souffle sur l’écran un grand vent des mers du Sud. De fait, cet acteur au physique agréable, mais sans charisme particulier, né le 26 février 1915, délaisse le costume trois pièces au profit du pagne de l’indigène ou du turban oriental dans une suite de films exotiques. Dans «Hurricane (1937), de John Ford, qui lance vraiment sa carrière, il incarne un naturel d’une petite île du Pacifique, qui tombe amoureux d’une compatriote interprétée par Dorothy Lamour. Elle aussi arbore souvent au cinéma le sarong et la guirlande de fleurs tahitienne. Dans «Pago Pago, île enchantée» (1940), de Alfred E. Green, l’acteur, qui prend du galon, joue le rôle du fils du chef indigène.

Quittant les bras de Dorothy Lamour, qu’il retrouve encore dans «Aloma princesse des îles» (1941), de Alfred Santell, Jon Hall tombe dans ceux de la pulpeuse Maria Montez, avec laquelle les studios trouvent ingénieux de l’associer. Suit une série de films dont les titres seuls sont déjà tout un programme. Ambiance kitsch, décors de carton-pâte et méchants perfides sont au rendez-vous de ces albums d’images peinturlurés, qui sont au cinéma ce que les «comics» sont aux bandes dessinées. En calife Haroun al-Rashid de fantaisie, Jon Hall côtoie, dans «Les mille et une nuits» (1942), de John Rawlins, sa Shéhérazade - Maria Montez, et un troisième larron, Sabu qui, dans ce film et dans d’autres, vient compléter ce trio «dépaysant». Puis viennent «La sauvagesse blanche» (1943), de Arthur Lubin, qui voit Maria régner sur une île tropicale, «Ali Baba et les 40 voleurs» (1943), de Arthur Lubin, «Le signe du cobra» (1944), de Robert Siodmak, où une cruelle grande prêtresse menace de précipiter une malheureuse indigène dans le cratère d’un volcan, ou encore «La fière Tzigane» (1944), de Roy William Neil, où lassée de piquer une fleur exotique dans sa chevelure d’ébène, Maria Montez coiffe le foulard gitan.

Ce goût pour les décors «exotiques» poursuit Jon Hall jusque sur les plateaux de télévision. Coiffé du casque colonial, il interprète, dans la série «Ramar of the jungle» (1953/54), un docteur paternaliste, que les natifs considèrent comme un habile «medicine man». L’acteur quitte parfois son île pour céder à l’appel du large. Le voilà marin, et éleveur de coqs de combat, dans «Tamara de Tahiti» (1941), de Charles Vidor, second décidé à laver l’honneur de son chef dans «Les mutinés» (1949), de Jean Yarbrough ou un capitaine redresseur de torts dans «Hell ship mutiny» (1957), de Lee Sholem. Toujours à la recherche d’horizons lointains, Jon Hall troque parfois les rivages du Pacifique contre les vastes plaines du Far West. Il incarne ainsi le fameux trappeur Kit Carson, un des pionniers de la conquête de l’Ouest américain, dans «Les aventures de Kit Carson» (1940), de George B. Seitz. Il participe à d’autres westerns, comme «Michigan Kid» (1946), de Ray Taylor, ou «Le retour des vigilants» (1947), du même réalisateur, où il campe un shérif décidé à rétablir l’ordre dans une ville du Montana.

Comme Hedy Lamarr, Jon Hall a aussi des talents d’inventeur. Il dépose ainsi plusieurs brevets, dont celui d’une caméra sous-marine. Directeur d’une usine fabriquant des lentilles pour caméras, dans les années 70, il supervise, sans être crédité, les effets spéciaux de certains films, comme «The navy vs the night monsters» (1966), de Michael A. Hoey. Atteint d’un cancer incurable de la vessie, Jon Hall se donne la mort le 13 décembre 1979.

© Jean-Pascal LHARDY