Johnny Sekka

Johnny Sekka est né Lamine Sekka à Dakar, le 21 juillet 1934. Il est le plus jeune de cinq frères et sœurs. Son père gambien décède peu de temps après sa naissance. Alors qu’il est encore jeune, sa mère sénégalaise l’envoie vivre chez une tante à Georgetown (aujourd’hui Janjanbureh) en Gambie, mais il s’enfuit pour vivre dans les rues de Banjul, ville alors connue sous le nom de Bathurst. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il trouve un emploi comme interprète sur une base aérienne américaine à Dakar et travaille aussi comme docker. À l’âge de 20 ans, il embarque sur un bateau à destination de Marseille, et part vivre trois ans à Paris. En 1952, il s’installe à Londres et sert pendant deux ans dans la Royal Air Force. À cette époque, il rencontre le comédien Earl Cameron qui le persuade de devenir acteur. Il fréquente alors la Royal Academy of Dramatic Art (RADA) et devient machiniste au Royal Court Theatre. Il se produit sur scène dans diverses pièces de théâtre à partir de 1958.

En 1956, Johnny Sekka est figurant dans la superproduction «Le tour du monde en 80 jours» de Michael Anderson, auprès de David Niven et de l’acteur mexicain Cantinflas. En 1958, il joue un petit rôle dans la version cinématographique de «Les corps sauvages», réalisé par Tony Richardson qui l’avait vu sur scène. Dans ce film, il incarne le petit ami jamaïcain de la fille blanche, jouée par Sylvia Syms, d’un syndicaliste libéral de la classe ouvrière, interprété par John Mills. Il vit ensuite un certain temps à Paris, où il rencontre sa future épouse, Cecilia Enger. Il continue dans les films britanniques au cours des années 60, incarnant des rôles stéréotypés, comme celui d’un domestique dans le film «La femme de paille» (1963) de Basil Dearden, et dans d’autres productions, comme «À l’est du Soudan» (1964) de Nathan Juran où il est Kimrasi le fils du roi Gondoko, «Khartoum» (1966), auprès de Laurence Olivier et Charlton Heston, où il finit poignardé à mort par les membres d’une tribu musulmane lors de la bataille finale dans la ville, et «Le dernier safari» (1967) de Henry Hathaway. En 1968, il joue le rôle principal dans une production théâtrale du West End, «Bakke’s night of fame», une pièce de John McGrath. C’est la première fois qu’un acteur noir incarne un rôle écrit pour un homme blanc dans le théâtre anglais.

Puis, Johnny Sekka s’installe au Etats-Unis et participe à plusieurs films américains, dont trois réalisés par Sidney Poitier, le dernier étant «La folie aux trousses» (1981), aux côtés de Gene Wilder et Gilda Radner. Citons aussi la coproduction sur l’origine de l’Islam «Le Message» (1975) de Moustapha Akkad, dans lequel il incarne Bilal al-Habashi le compagnon éthiopien de Mahomet, face à Anthony Quinn et Irene Papas, et «Ashanti» (1979) de Richard Fleischer (1979), auprès de son ami Michael Caine. Il apparaît dans de nombreux programmes télévisés, notamment dans des épisodes de séries comme «ITV Television Playhouse» (1959/67), «Studio 4» (1961), «The human jungle» (1964), «Chapeau melon et bottes de cuir» (1968), «Racines 2» (1979) ou «Babylone 5» (1993).

Considéré comme l’équivalent britannique de Sidney Poitier, Johnny Sekka connait des problèmes de santé récurrents, au milieu des années 90, qui le contraignent à refuser plusieurs rôles. Il se retire alors dans son ranch d’Agua Dulce, en Californie, où il meurt le 14 septembre 2006, emporté par un cancer du poumon. Il laisse dans le deuil sa femme Cecilia et son fils Lamine.

© Philippe PELLETIER – Remerciements à Venicy MOUNDAYA