1931 Pas sur la bouche – de Nicolas Evreinoff & Nicolas Rimsky avec Nicolas Rimsky, Lucien Gallas & Alice Tissot | 1938 Une java – de Claude Orval avec Antonin Berval, Raymond Aimos, Fréhel, Mila Parély & France Marion | 1950 Meurtres – de Richard Pottier avec Fernandel, Jeanne Moreau, Jacques Varennes & Philippe Nicaud | 1955 Tant qu’il y aura des femmes – de Edmond T. Gréville avec Pierre Destailles & Raymond Bussières | ||
Un beau visage régulier, un peu figé, des manières élégantes et une diction précieuse, Mireille Perrey a l’allure d’une bourgeoise du grand monde. On l’imagine en robe d’après-midi, deux rangs de perles au cou, évoluant d’un cocktail à un raout et présidant avec la même bénignité ses mondanités comme ses œuvres. Née Camille Perret le 3 février 1904 à Bordeaux, elle fait d’abord des études musicales puis remporte, en 1926, un premier prix de comédie au Conservatoire de Paris. Dotée d’une voix ravissante, elle participe à des opérettes un peu oubliées aujourd’hui, comme «Arthur» (1929) de Henri Christiné, avec Fernand Gravey, ou «Rosy» (1930) de Raoul Moretti, l’auteur du Comte Obligado, où elle a le rôle titre. Mireille Perrey se souvenait sûrement de ses débuts dans l’opérette en interprétant, dans «Les parapluies de Cherbourg» (1963), de Jacques Demy, le rôle de tante Elise. Au milieu des années 1930, Mireille Perrey décide de se consacrer au théâtre et, de 1942 à 1947, elle devient pensionnaire du Français. Elle y joue de grands textes classiques: à ses débuts dans la Maison de Molière, elle est une dame d’honneur dans «La Reine morte» (1942) de Montherlant, dans une mise en scène de Pierre Dux, puis Nicole dans «Le bourgeois gentilhomme» monté par Pierre Bertin, avec Raimu. Et puis c’est la truculente Toinette du «Malade imaginaire» (1944), qu’on ne s’attendait guère à la voir interpréter. Elle est encore Madame Perrichon dans «Le voyage de M. Perrichon» (1946) de Labiche, dans une mise en scène de Jean Meyer, ou Françoise dans «Toâ» (1949) de Sacha Guitry, dans laquelle elle donne la réplique au Maître.
Au cinéma, Mireille Perrey décroche des rôles notables dans des œuvrettes un peu faciles, qui illustrent, à quelques exceptions près, un cinéma de distraction sans aucune ambition artistique. Dans «Je serai seule après minuit» (1931) de Jacques de Baroncelli, elle accroche la phrase du titre sur des ballons, dans l’espoir de se venger d’un mari infidèle. Dans l’amusant film de René Guissart, «L’école des contribuables» (1934), d’après une pièce de Georges Berr et Louis Verneuil, elle permet à son mari, le savoureux Armand Bernard, de fonder, grâce à l’argent qu’elle reçoit, une école destinée à apprendre des astuces propres à tromper le fisc. Fernandel, qui est le nègre de son écrivain de mari, écrit à Mireille Perrey des lettres anonymes enflammées dans «Jim la Houlette» (1935) de André Berthomieu. Elle devient plus tard sa femme légitime dans «L’homme à l’imperméable» (1956) de Julien Duvivier.
Mireille Perrey a de la classe et une distinction naturelle qui lui permettent de s’intégrer avec aisance dans la haute société et de prêter vie à des aristocrates comme la baronne de La Carbonnière dans «Mon député et sa femme» (1937), Jacquemine d’Argout, la femme du docteur Laënnec, dans le film du même nom de Maurice Cloche (1948) ou encore la comtesse de Blonville dans «Le rosier de Madame Husson» (1950), avec Bourvil. Avec le temps, les rôles se font plus épisodiques et Mireille Perrey, vieillie, devient à l’écran la mère que, dans la vie, elle n’a jamais été. Ses enfants de cinéma sont nombreux: Michèle Mercier dans «Donnez-moi ma chance» (1957), de Léonide Moguy, Jacques Duby, dans «Prisons de femmes» (1958), de Maurice Cloche, Françoise Béguin dans «Certains l’aiment froide» (1958) de Jean Bastia ou encore Bourvil dans «La jument verte» (1959) de Claude Autant-Lara. À la télévision elle est Armande Béjart dans «Mademoiselle Molière» (1964) ou Mme de La Ferté dans l’adaptation du roman de Pierre Benoit «Mlle de La ferté» (1965). Elle s’éteint à Fontainebleau le 8 mai 1991.
© Jean-Pascal LHARDY
1931 | Je serai seule après minuit – de Jacques de Baroncelli
avec Pierre Bertin
Pas sur la bouche – de Nicolas Evreinoff & Nicolas Rimsky avec Lucien Gallas |
1932 | Le chasseur de chez Maxim’s – de Karl Anton avec Félicien Tramel |
1934 | L’école des contribuables – de René Guissart
avec Armand Bernard
Dédé – de René Guissart avec Albert Préjean |
1935 | Jim la houlette – de André Berthomieu
avec Fernandel
Juanita – de Pierre Caron avec Raymond Cordy Les petites alliées – de Jean Dréville avec Constant Rémy L’amant de madame Vidal – de André Berthomieu avec Victor Boucher |
1936 | La souris bleue – de Pierre-Jean Ducis avec Henri Garat |
1937 | Mon député et sa femme – de Maurice Cammage
avec Paul Pauley
La fessée – de Pierre Caron avec Claude Dauphin CM Aventure hawaïenne – de Raymond Leboursier avec Charles Lemontier |
1938 | Éducation de prince – de Alexander Esway
avec Louis Jouvet
Une java – de Claude Orval avec Antonin Berval |
1939 | Nadia la femme traquée / L’ombre du deuxième bureau – de Claude Orval avec Pierre Renoir |
1943 | Jeannou – de Léon Poirier avec Saturnin Fabre |
1945 | Patrie – de Louis Daquin avec Jean Desailly |
1946 | Cœur de coq – de Maurice Cloche avec Fernandel |
1948 | Docteur Laënnec – de Maurice Cloche avec Pierre Blanchar |
1949 | Toâ – de Sacha Guitry
avec Robert Seller
Miquette et sa mère / Miquette – de Henri-Georges Clouzot avec Danièle Delorme |
1950 | Le rosier de madame Husson – de Jean Boyer
avec Bourvil
Meurtres – de Richard Pottier avec Jeanne Moreau Les maîtres nageurs – de Henri Lepage avec Jules Berry Knock / Dr. Knock – de Guy Lefranc avec Louis Jouvet |
1951 | Hotel Sahara – de Ken Annakin
avec Peter Ustinov
L’amour, Madame – de Gilles Grangier avec François Périer |
1953 | Carnaval – de Henri Verneuil
avec Fernandel
Madame de… – de Max Ophüls avec Vittorio De Sica Adam est… Eve – de René Gaveau avec Jean Carmet |
1955 | Tant qu’il y aura des femmes – de Edmond T. Gréville
avec Raymond Bussières
Villa Sans Souci / Mes petites amies et moi – de Maurice Labro avec Lucien Baroux |
1956 | L’homme à l’imperméable – de Julien Duvivier avec Bernard Blier |
1957 | Donnez-moi ma chance / Piège à filles – de Léonide Moguy avec Ivan Desny |
1958 | Prisons de femmes – de Maurice Cloche
avec Jacques Duby
Certains l’aiment froide / Les râleurs font leur beurre… – de Jean Bastia avec Louis de Funès |
1959 | La jument verte – de Claude Autant-Lara avec Francis Blanche |
1960 | Les mains d’Orlac ( the hands of Orlac / hands of a strangler / hands of the strangler ) de Edmond T. Greville avec Mel Ferrer |
1961 | Le tracassin / Les plaisirs de la ville – de Alex Joffé avec Bourvil |
1963 | Les parapluies de Cherbourg – de Jacques Demy avec Catherine Deneuve |
1970 | Un peu de soleil dans l’eau froide – de Jacques Deray avec Marc Porel |