1942 Casablanca – de Michael Curtiz avec Ingrid Bergman, Humphrey Bogart, Claude Rains & Paul Henreid | 1944 Le masque de Dimitrios (the mask of Dimitrios) de Jean Negulesco avec Zachary Scott & Faye Emerson | 1945 La mort n’était pas au rendez-vous ( conflict ) de Curtis Bernhardt avec Alexis Smith & Humphrey Bogart | 1949 Boulevard des passions (Flamingo Road) de Michael Curtiz avec Joan Crawford, David Brian & Zachary Scott | ||
Sydney Hughes Greenstreet est né à Sandwich, dans le Kent, le 27 décembre 1879. Il est ce qu’on appelle une rondeur. Regard voilé sous la paupière tombante, rictus inquiétant, Sydney Greenstreet promène, sur l’écran, sa silhouette rebondie avec cette grâce paradoxale qu’ont certains obèses. Planteur de thé à Ceylan, dans sa jeunesse, brasseur à ses moments perdus, il suit aussi des cours de comédie. Pendant quarante ans, il est surtout un acteur de théâtre. De 1902, l’année de ses débuts sur scène, aux années 40, il brille, sur les scènes anglaises et américaines, comme un grand acteur shakespearien, notamment avec la célèbre compagnie de Ben Greet. Durant la Première Guerre Mondiale, il a l’honneur de partager les scènes new-yorkaises avec la grande tragédienne Margaret Anglin et il se produit aussi, au Théâtre Guilde, aux côtés du couple mythique de Broadway, Alfred Lunt et Lynn Fontanne.
Ce n’est qu’à 62 ans, en 1941, que Sydney Greenstreet apparaît au cinéma. Mais pour quel film! Rien de moins que le chef-d’œuvre et premier film de John Huston, «Le faucon maltais». L’inquiétante silhouette du massif Kasper Gutman, qui convoite une petite statuette représentant un faucon noir, est dans toutes les mémoires. La voix bien timbrée, mais au débit rapide, filtre de ses lèvres closes, donnant à l’imposant acteur l’allure trouble d’un ventriloque. Et de son œil soudain arrondi, qui cache des secrets bien gardés, sourd une angoisse tout de suite palpable. Dès ce premier film, Sydney Greenstreet est apparié à Peter Lorre. Du contraste entre l’encore fluet Peter Lorre et le ventripotent Sydney Greenstreet naît un duo à la Laurel et Hardy qui fit le bonheur des producteurs. Outre «Le faucon maltais», ils tournent ensemble pas moins de neuf films: le mythique «Casablanca» (1942) de Michael Curtiz, «Intrigues en Orient » (1943), un petit film d’espionnage assez embrouillé de Raoul Walsh, avec George Raft, «Cap sur Marseille» (1944) de Curtiz à nouveau, une copie conforme de «Casablanca», avec Humphrey Bogart et Michèle Morgan, «Le masque de Dimitrios» (1944), un grand film noir de Jean Negulesco, à l’atmosphère envoûtante, «Les conspirateurs» (1944), du même réalisateur, etc.
Dans la plupart de ces films, Sydney Greenstreet campe des personnages inquiétants, au passé trouble et mystérieux, qui deviendront un peu sa marque de fabrique. Mais on lui offre aussi des rôles plus nuancés: le psychologue de «La mort n’est pas au rendez-vous» (1945) de Curtis Bernhardt, aux côtés de Bogart et de la grande Alexis Smith; l’éditeur de la célibataire Barbara Stanwyck, qui veut faire croire à ses lecteurs qu’elle gère, avec son mari, une ferme au Connecticut dans «Indiscrétion» (1945) de Peter Godfrey ou encore le grand écrivain anglais Thackeray, qui rencontre Charlotte Brontë au début des années 1850 dans «La vie passionnée des sœurs Brontë» (1946). Cet immense acteur, qui est souvent en tête d’affiche, joue sous la direction de grands réalisateurs: John Huston, qui le fait tourner dans trois films, comme Michael Curtiz, Raoul Walsh qui, comme Jean Negulesco, fait appel à lui par deux fois.
La carrière de Sydney Greenstreet au cinéma fut courte, huit années seulement (de 1941 à 1949), mais riche, puisqu’il tourne 25 films dans ce bref laps de temps. Accablé par le diabète et des problèmes rénaux, il décède le 18 janvier 1954 à Hollywood. Il est enterré au Forest Lawn Memorial Park de Glendale, en Californie.
© Jean-Pascal LHARDY
1941 | Le faucon Maltais ( the maltese falcon ) de John Huston
avec Humphrey Bogart
La charge fantastique ( they died with their boots on ) de Raoul Walsh avec Errol Flynn |
1942 | Griffes jaunes ( across the Pacific ) de John Huston
avec Mary Astor
Casablanca – de Michael Curtiz avec Ingrid Bergman |
1943 | Intrigues en Orient ( background to danger ) de Raoul Walsh
avec George Raft
Cap sur Marseille / Passage pour Marseille / Passage à Marseille ( passage to Marseille ) de Michael Curtiz avec Michèle Morgan |
1944 | Entre deux mondes ( between two worlds ) de Delmer Daves
avec John Garfield
Le masque de Dimitrios ( the mask of Dimitrios ) de Jean Negulesco avec Zachary Scott Hollywood canteen – de Delmer Daves avec Bette Davis Seulement apparition Les conspirateurs ( the conspirators ) de Jean Negulesco avec Hedy Lamarr |
1945 | La mort n’était pas au rendez-vous ( conflict ) de Curtis Bernhardt
avec Alexis Smith
Pillow to post – de Vincent Sherman avec Ida Lupino Indiscrétion ( Christmas in Connecticut / indiscretion ) de Peter Godfrey avec Barbara Stanwyck Trois étrangers ( three strangers ) de Jean Negulesco avec Geraldine Fitzgerald |
1946 | Le verdict / La sentence ( the verdict ) de Don Siegel
avec Peter Lorre
La vie passionnée des sœurs Brontë ( devotion ) de Curtis Bernhardt avec Olivia de Havilland |
1947 | Marchands d’illusions ( the hucksters ) de Jack Conway
avec Clark Gable
Gosse de riche ( that way with women ) de Frederick De Cordova avec Martha Vickers |
1948 | La femme en blanc ( the woman in white ) de Peter Godfrey
avec Eleanor Parker
Quand le rideau tombe ( the velvet touch ) de John Gage avec Rosalind Russell L’impitoyable / Sans scrupules ( ruthless ) de Edgar G. Ulmer avec Diana Lynn |
1949 | Les travailleurs du chapeau ( it’s a great feeling ) de David Butler
avec Doris Day
Seulement apparition Boulevard des passions ( Flamingo Road ) de Michael Curtiz avec Joan Crawford Malaya ( Malaya / alien orders / east of the rising sun ) de Richard Thorpe avec Spencer Tracy |